Passion Parfums

* Article entièrement réécrit

Je me suis rendu compte que j’avais écrit un article très balbutiant lorsqu’a été lancée, en 2021, une collection qui s’appelait alors L’Orient et est devenu Les Merveilles. À ce jour, elle regroupe six parfums, réalisés par Christophe Raynaud. Je dois dire que je ne suis pas, de prime abord, client de ce genre de compositions et que, pour une fois, je me suis mis dans la peau d’un amateur de senteurs vraiment très orientales, ambrées, baignées de cuir, de bois et même d’oud. Le parfumeur a exploré différentes pistes et j’ai maintenant une vision globale de cette collection à laquelle, il faut bien le dire, j’étais un peu réfractaire lors de son lancement. J’ai donc décidé de rester les narines et l’esprit ouvert pour vous en faire une revue complète (s’il vous plait) en essayant de décortiquer mes impressions sur chaque parfum. Je vais être honnête, je ne les ai pas tous mis sur peau et n’en n’ai porté que deux sur les six vraiment complètement mais je crois avoir une petite idée et je me dis que je peux, enfin, maintenant, vous en parler.

Le premier parfum que j’ai voulu sentir et, pour le coup, essayer, est « Bois des Sables », créé par Christophe Raynaud en 2021. La marque et le parfumeur expliquent : « Ce bouquet boisé, qui traduit bien l'obsession du parfumeur, est composé de façon audacieuse. Le parfumeur Christophe Raynaud en explique les nuances : Ce parfum incarne la richesse et la générosité des bois en associant le patchouli, le santal, le cèdre et le gaïac à l'onctuosité de la vanille ». Sur ma peau, les notes principales que sont le ciste labdanum, la vanille et le patchouli se développent d’une manière presque classique m’invitant, c’est vrai, au voyage dans les sables d’un désert qui resterait hospitalier. Sur moi, l’huile essentielle de cypriol et les baumes se développent beaucoup. Je ne peux pas dire que je sois vraiment client mais il est extrêmement facile à porter. « Bois des Sables » a presque un côté un peu futuriste et m’a évoqué, allez savoir pourquoi, la version de David Lynch de « Dune » de Frank Herbert. C’est un parfum intéressant, très abordable pour les nez amateurs d’orientaux ciselés et travaillés. Pour mon goût, il est presque « trop classique » mais il n’en reste pas moins parfaitement réalisé et efficace.

Également composé par Christophe Raynaud en 2021, « Contes du Levant » est une rose poivrée, épicée, très cuirée et associée au patchouli. Le mélange de plusieurs variétés de rose et de trois sortes de poivres (blanc, rose et noir) avec des notes de patchouli très présentes. Je n’ai pas porté ce parfum mais je l’ai posé sur ma peau pour vraiment comprendre son évolution et c’est vrai qu’il est très riche et profond. « Dans une composition simple et claire, le parfumeur a voulu capter la senteur verte et épicée d'une rose de Damas traitée en majesté, délicatement infusée de notes d'encens et de patchouli. Il réussit à mettre en tension la fraîcheur de cette rose turque et la chaleur addictive du trio de poivre et du ciste ». Très honnêtement, j’ai assez aimé ce parfum mais, pour moi, il est loin d’égaler « Arcana Rosa 9 » créé par Daphné Bugey pour La Botanique, une autre collection de L’Artisan Parfumeur. En fait, je n’ai pas vraiment accroché avec « Contes du Levant ». Il ne m’a pas dérangé mais je suis resté hermétique. Ce sont les hasards de la parfumerie. Il est très bien fait, opulent et complexe mais je n’ai pas été vraiment séduit. C’est ainsi.

Du cèdre, du cèdre et encore du cèdre. Comme son nom l’indique, « Légendes du Cèdre », créé comme les deux précédents, par Christophe Raynaud en 2021, est « le » boisé de la collection et j’ai eu du mal à l’aborder. Je ne l’ai senti que sur touche et sur une gaze pour en percevoir les notes de fond. « Avec l’envie de recréer l'odeur du mysticisme, Christophe Raynaud a élaboré un « nectar boisé autour d'un cèdre crémeux et des accents de safran ». Tirée des terres ancestrales du Moyen-Orient, cette fusion du cèdre et des épices brûlantes avec les résines de ciste et de labdanum infuse le parfum de mystère ». Sur le papier, ce parfum a tout pour me déplaire : des notes boisées à outrance avec une overdose de cèdre, du safran et du patchouli que je ne perçois pas. Je dois l’admettre, je n’arrive pas à aimer ce type de création. Je ne porte aucun jugement mais, vraiment, résolument, ce n’est pas un parfum pour moi. Je me dis que je ne suis vraiment pas fait pour les parfums boisés. Ils sont trop éloignés de mes goûts. Il est impeccablement pensé et composé et je comprends son succès mais je passe mon tour. Il n’est absolument pas pour moi.

Celui-ci, je l’ai vraiment porté et j’ai eu raison car il est mon préféré. Il s’agit de « Fables d’Orient », également sorti en 2021 et créé par Christopher Raynaud. « Un lait floral dans l'esprit du parfumeur. Une texture autant qu'une odeur, cette concoction onctueuse rappelle une sensation crémeuse, capturée par l'héliotrope gorgée de soleil, la muscade chaude et poivrée, la vibration magique de l'ambre et le confort cotonneux du musc. Une étreinte florale sensuelle ». Un ambré floral dans cette collection me semblait indispensable et il est vrai que le mariage des notes poudrées de l’iris, de la singularité de la noix de muscade et de l’élégance presque addictive de l’accord ambré font de cette composition sans doute un futur grand classique et peut-être l’un des parfums créés par Christophe Raynaud que je préfère. J’ai beaucoup aimé son évolution sur ma peau. Le départ est franchement poudré puis viennent des notes épicées et un peu amandées avant qu’un fond un peu cuir mais surtout ambré et baumé fasse son apparition. « Fables d’Orient » remporte un beau succès et je comprends pourquoi. Il m’a semblé le plus ciselé de la collection et, même s’il est classique, j’ai trouvé qu’il avait juste ce qu’il faut de twist décalé pour retenir mon attention. La tenue est très bonne et il me semble, même si je n’en suis pas sûr, que le sillage n’est pas mal du tout. En bref, il m’a plu et je pourrais tout à fait le porter.

« Rêvant depuis longtemps d'une liqueur de fruits aux accents floraux, le parfumeur Christophe Raynaud a élaboré une fragrance douce et sucrée. Avec un cœur de miel, le reste est simple : une suggestion animale et cuirée de bois de oud, en parfaite résonance avec le safran et la gousse de vanille ». J’avais toujours pensé que « Ode à L’Oudh » était une réinterprétation de « À L’Oudh » qui existait dans la collection classique de L’Artisan Parfumeur et qui avait été créé en 2009 par Bertrand Duchaufour. En fait, je l’ai trouvé beaucoup moins complexe et très épuré. C’est un oud animal mais sans excès, vanillé et safrané. Si je veux vraiment vous donner le fond de ma pensée, cette création, puisque c’en est une, de Christophe Raynaud, ne m’a pas vraiment convaincu. Je n’aime pas les accords oud en général et encore moins la matière première quand elle est naturelle. Il est bien rare qu’elle soit travaillée en majeur dans des parfums qui me plaisent. Je vais passer rapidement sur « Ode à L’Oudh » car, vraiment, je le trouve convenu. Bien sûr, je ne doute pas que les amateurs de cet accord y trouvent leur compte mais, pour moi, il ne se différencie pas tellement d’autres créations que je connaissais déjà. Je me suis un peu ennuyé. C’est ainsi. Les goûts et les couleurs…

Pour finir, il me faut vous parler de « Cuir Grenat » créé par Christophe Raynaud en 2023 et que je n’avais pas beaucoup aimé à sa sortie. Je me suis quand même astreint à le réessayer car je sais qu’il plait à beaucoup d’entre-vous et je suis un peu revenu sur mon avis. « Le parfumeur Christophe Raynaud évoque un atelier de maroquinerie au Maroc et ses jeux d'ombre et de lumière à travers les contrastes olfactifs de la framboise et du cuir. Ce duo sensoriel, auquel s'ajoute une étincelle d'ambre, se voit presque autant qu'il se sent. Une sensation de texture, harmonieusement douce ». Alors certes, je trouve que cette composition est très synthétique (framboise, ambrofix…) mais, en l’essayant sur peau, je ne l’ai finalement pas trouvé si mal. La note de framboise est très présente et, comme toujours, elle me dérange mais je le trouve finalement très éphémère et elle ne ressort pas trop sur ma peau. Heureusement car sinon elle m’aurait perturbé tout au long de l’évolution. « Cuir Grenat » marche très bien et je le comprends. L’accord cuir est très beau et élégant. Il peut même revêtir quelque chose d’addictif. Je pense qu’il doit beaucoup plaire. En tout cas, je retire de cette expérience beaucoup de plaisir et j’ai, contre toute attente, aimé le sentir sur ma peau.

Je ne suis pas vraiment amateur de parfums orientaux mais j’ai trouvé passionnant de me plonger dans cette collection qui remporte un vif succès. Je dois dire que, à part « Fables d’Orient », je ne pourrais porter aucune des créations de Christophe Raynaud mais force m’est de reconnaitre que chaque fragrance est une réussite d’intemporalité et de qualité. Il est parfois nécessaire de s’éloigner de ses goûts pour faire de nouvelles expériences.