
La fleur d’osmanthus est une matière première intéressante en parfumerie car elle présente des facettes différentes. En effet, elle peut avoir un côté abricoté et fruité ou encore être vraiment fleurie mais ce que je trouve plus étonnant est son côté cuiré qui est très souvent exploité. Souvent utilisée pour compléter une construction complexe, elle peut aussi être utilisée (et c’est de plus en plus le cas dans la parfumerie confidentielle) comme note dominante, voire même soliflore. Je trouve que les notes contrastées qu’elle peut exprimer sont très intéressante et j’ai décidé d’explorer quelques parfums qui la mettent particulièrement en valeur afin de me mieux la connaitre et être capable de l’identifier plus facilement.
Il était logique de commencer cette sélection par « Absolu d’Osmanthe » lancé en 2016 par Perris Monte Carlo en concentration eau de parfum mais aussi extrait. On y retrouve l’absolu d’osmanthus à tous les étages de la pyramide olfactive et, ce qui pourrait apparaitre comme un parfum simple se révèle très complexe. L’envolée l’associe à des baies roses et à de la prune très dense, le coeur est un jasmin de sambac opulent et du baume de tolu et le parfum se pose sur des notes de labdanum, de vanille, de bois précieux et de santal. À la fois doux et dense « Absolu d’Osmanthe » est un parfum très enveloppant et extrêmement particulier. Dans cette composition, la fleur n’a pas tellement d’accent abricot mais je le trouve vraiment très cuiré. Il ne ressemble absolument à rien d’autre et je pense que, soit on l’aime démesurément, soit on accroche pas du tout. Pour ma part, je pense que ce n’est pas un parfum pour moi mais je sais en reconnaitre la qualité à la fois des matières premières et de la création spécialement dans sa concentration extrait que je trouve d’une grande délicatesse. Je l’ai re-senti pour écrire cet article et je me dis qu’il faudra tout de même que je l’essaye autour de moi.
J’ai senti, il y a longtemps déjà « Osmanthus » créé en 2000 par Jean-Claude Ellena pour The Different Compagny et je ne l’ai jamais oublié. Dans cette création, c’est l’aspect floral et presque vert qui est exploité avec, en tête, des notes de bergamote et de mandarine. On retrouve la fleur d’osmanthus au coeur collé à deux versants, le premier est un jasmin peu opulent et très tonique et le second un géranium sec. Le fond de musc blanc et de rose pose une fragrance très atypique. Même si l’on retrouve le petit côté abricoté de la matière première principale, je trouve que les notes fleuries et contrastées se détachent lorsque le parfum a évolué. Sur mon poignet, j’ai souvenir de quelque chose de très « aquarelle », très délicat et élégant sans trop d’extravagance. S’il est considéré comme un parfum mixte, je pense qu’il doit être très différent sur un homme et sur une femme. Je l’imagine très « costume-cravate » pour l’un et plutôt jean et tee shirt pour l’autre. Comme quoi l’olfaction peut créer des choses très surprenantes. « Osmanthus » m’a énormément marqué et je trouve qu’il fait partie des très belles fragrances dans l’immense oeuvre de Jean-Claude Ellena.

Dans « Inlé », créé en 2007 pour Memo par Aliénor Massenet, la note d’osmanthus est résolument abricotée. Je trouve qu’elle amène un côté très fruité à une composition à la fois aromatique et florale. Les notes de tête sont la bergamote, la menthe et l’armoise. Au coeur, construit autour de l’osmanthus, qui perdurera sur le fond, est associé à des notes de bois précieux, de jasmin et contrebalancé par l’amertume du maté. Le parfum se repose sur une note de cèdre discrète, mais surtout de muscs blancs et d’iris qui lui donnent une facette poudrée et qui lui confèrent vraiment son identité. Des compositions que j’ai choisi de développer ici, « Inlé » est, sans nul doute, la plus complexe. Je trouve qu’il a une empreinte très forte. J’aime beaucoup mais je ne le porterai pas. Je le trouve un peu trop fruité pour moi. Ceci dit, il est vraiment délicieusement réussi et je trouve qu’on retrouve bien, lorsqu’on le sent, la signature très originale d’Aliénor Massenet dont j’aime, décidément, beaucoup le travail.
Le parfum que j’ai préféré dans cette sélection est l’excellent « Osmanthus Interdite », créé par Marc-Antoine Corticchiato pour sa marque « Parfum d’Empire ». Il est, pour moi, le plus original et je trouve que chaque matière première utilisée est mise en valeur de manière remarquable. Le départ, abricot, osmanthus et thé noir est particulièrement addictif et se marie merveilleusement avec les notes fruitées, et jasminées autour d’une rose opulente du coeur. Le fond est constitué uniquement de molécules de synthèse telles les muscs blanc et le daim ce qui donne au parfum un côté complètement inédit. Je l’ai essayé plusieurs fois et je l’ai énormément apprécié. Il m’évoque quelque chose comme la cérémonie du thé en extrême-orient, de l’autre côté du globe. Je le trouve indéniablement propice à la rêverie de voyage. Je n’ai pas achegé, pour l’instant, « Osmanthus Interdite » parce que nous ne pouvons pas tout porter mais aussi parce que, sur moi (enfin quand je l’ai essayé), il ne tient pas très longtemps. Il faudra que je le réessaye. Le re-sentir m’a fait envie de remettre mon nez dedans.
Il existe sans doute d’autres créations dans lesquelles cette petite fleur est mise à l’honneur mais il fallait faire un choix. J’avais la chance d’avoir, sous la main, une dose d’essai de chaque (sauf celui de The Different Company ) et j’ai été heureux d’y replonger mon nez pour écrire cet article.