Les parfums chyprés
« Le chypre ou cypre, est une base de parfum dont l'une des composantes traditionnelles était extraite d'un lichen qui pousse sur le chêne (Evernia prunastri), nommée « mousse de chêne ». En raison de son fort potentiel allergène, la teneur maximale en extrait de mousse de chêne fut limitée par l'UE à 0,01% dans le produit final1. En conséquence, l'extrait de mousse de chêne est aujourd’hui presque entièrement remplacé par les composés chimiques Evernyl et Orcinyl 3, aussi dans les chypres. Cette préparation, appelée aux XVIe et XVIIe siècles « poudre de Chypre »2, servit de base au parfum Chypre créé par Guerlain en 1840 puis au parfum du même nom créé par François Coty en 1917.(…) Le succès de « Chypre » en a fait le chef de file d'une grande famille qui regroupe des parfums basés principalement sur des accords de mousse de chêne, de ciste-labdanum, de patchouli, de bergamote, de rose, etc. Cette famille est subdivisée en chypre fleuri, chypre fleuri aldéhydé, chypre fruité, chypre vert, chypre aromatique, chypre cuir. » Source : internet
Cet hiver, j’ai porté plusieurs parfums chyprés et ainsi renoué avec une famille olfactive que j’avais un peu laissé de côté depuis un an ou deux. Sans vouloir trop développer les diverses fragrances qui contiennent cet accord, j’avais envie de vous emmener avec moi dans une promenade olfactive qui me réjouit toujours. Modernes, classiques « à l’ancienne » je trouve, en effet, la diversité et la complexité des accords qui composent les chypres si étendue que je pense qu’il y en a pour tous les goûts. Il est difficile pour moi d’évoquer ce type de fragrances sans évoquer « Mitsouko » de Guerlain même s’il n’est, à mon sens, aujourd’hui, plus que l’ombre de lui-même. Je l’ai beaucoup aimé, et je trouve qu’il était l’exemple même de l’accord chypré associé à des facettes fleuries et fruitées avec une note de pêche si particulière. Je l’avais découvert dans les années 90 complètement par hasard et, bien qu’il soit estampillé comme un féminin, je l’ai porté durant une courte période avec infiniment de plaisir.
Mais passons aux choses sérieuses. J’ai renoué avec cette famille olfactive il y a déjà sept ou huit ans en découvrant « George Sand », créé par Nicolas de Barry et qui fait la part belle à un patchouli travaillé de manière à la fois classique et subversive comme pouvaient l’être ceux des écrivains du XIXème siècle. Celui-ci nous emmène très facilement dans l’appartement du quai Malaquais, sur la rive gauche de la Seine qu’occupait la romancière avec ses enfants à l’époque où, tels les enfants du siècles, elle entretenait une liaison tumultueuse avec le jeune Alfred de Musset. J’imagine tout à fait, en sentant ce parfum, la passion de deux esprits rivalisant de créativité et débordant de sentiments contrastés. Si la note dominante de « George Sand » est le patchouli, il oscille entre chypré classique et oriental boisé. Sa complexité le rend parfaitement envoutant et je dois dire que j’ai toujours pas mal de compliments lorsque je le porte.
Cette année, j’ai également pas mal porté « Eau Suave » créé par Marc-Antoine Corticchiato pour sa marque Parfum d’Empire. On y retrouve à la base toujours le même accord mais c’est la facette fleurie qui est mise en évidence avec un travail autour de la rose… une rose cachée, exotique, fascinante et d’une élégance presque explosive. J’aime beaucoup ce parfum car il est complètement portable toute l’année et il prend des accents différents selon les peaux et les saisons. S’il est un peu méconnu dans la marque, je trouve qu’il est l’un des plus réussis. Son côté baroque m’a séduit d’emblée et je l’ai énormément porté depuis deux ans. On retrouve aussi ce type de construction dans la marque avec le très réussi « Le Cri de la Lumière » qu’il m’arrive de porter également.
Pour finir, je citerai « The Afternoon of a Faun » créé par Ralf Schweiger pour la très provocatrice marque État Libre d’Orange et qui se présente comme un hommage aux chyprés classiques tout en étant résolument moderne. Si on retrouve l’accord bergamote, patchouli, mousse et rose, il est également et délicatement épicé et se développe vraiment très longtemps sur la peau. Attention, à l’instar de tous les parfums de la marque, il évolue énormément et sa tenue autant que son sillage sont assez impressionnants. Il semble classique lorsque les notes de tête se répandent mais il ne l’est finalement pas du tout. Il faut vraiment l’essayer avant de franchir le cap car il réserve nombre de surprises olfactives. Je suis souvent dérouté par les fragrances d’État Libre d’Orange mais j’avoue qu’il y en a un ou deux qui me plaisent beaucoup. « The Afternoon of a Faun » en fait partie.
Il y a nombre d’autres parfums chyprés que j’aime mais je ne voulais pas être trop exhaustif. Ceci dit, je pense qu’il y en a au moins un ou deux pour chacune et chacun d’entre-nous, le tout est de les dénicher donc la curiosité doit être le maître mot.
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