Les "Passion" d'Annick Goutal
Il y a quelques mois, j’ai redécouvert « Passion » d’Annick Goutal et j’ai eu un réel coup de coeur. Je lui avais même consacré un article mais j’avais envie, en réessayant tous les parfums de la marque, de mettre en parallèle ce parfum avec sa déclinaison, « Gardénia Passion » que je n’avais pas vraiment senti depuis longtemps car je crois que, l’un comme l’autre, ont leur intérêt et je dois dire que Goutal Paris les remets en avant régulièrement ce que je trouve vraiment formidable car, s’ils sont radicalement différents, ce sont deux parfums fascinants et particulièrement réussis autant par leur élégance indéniable que par leur qualité. Alors amateurs de fleurs blanches, je vous emmène dans un monde rêvé à l’image de celui voulu par Annick Goutal et qui perdure encore aujourd’hui.
« Amoureuse de la nature, Annick Goutal vouait une fascination particulière aux fleurs blanches. Lys, gardénia, fleur d’oranger, tubéreuse… Celles-ci la ravissaient tant par leurs parfums solaires, joyeux et envoûtants, que par le blanc laiteux de leurs pétales. Dans son atelier de création comme chez elle, Annick Goutal a fait des fleurs blanches un motif récurrent de sa vie. Jour après jour, les fleurs blanches ont parfumé l’univers intime d’Annick Goutal, et teinté les souvenirs de sa fille Camille ». Lorsqu’elle a créé « Passion » en 1983 avec le concours d’Isabelle Doyen, Annick Goutal a voulu d’abord se faire plaisir et s’inventer sa propre fragrance. Elle l’a d’ailleurs porté avec toute l’élégance qui la caractérisait. Je dois dire que je l’aime particulièrement et que je pourrais, même s’il peut être considéré comme un grand féminin, le porter sans le moindre problème. Après un départ très fugace d’agrumes, de pamplemousse entre-autres il me semble, il revêt une construction à mi-chemin entre un floral et un chypre. Le coeur, floral, de jasmin d’Égypte et de tubéreuse arrondi et rendu un peu exotique par l’ylang-ylang, conduit jusqu’à un fond complètement dingue de vanille et de mousse de chêne. Je dois bien dire que, sur ma peau, le parfum change, évolue, devient tour à tour vraiment floral puis presque fruité avant de se terminer comme un chypré complètement dingue et qui casse les codes. La marque le décrit ainsi : « Le premier parfum créé par Annick Goutal pour elle-même est celui d’une amoureuse de la vie. Elle a naturellement choisi de lumineuses fleurs blanches qu’elle affectionnait tant : tubéreuse, ylang-ylang et jasmin sur une trame de mousse de chêne et de vanille. Un parfum sur-mesure qui lui ressemble ». Pour moi, quand on parle de « grands parfums », il faut bien dire que « Passion » en fait partie. Il est, à mon sens toujours, dans la même veine que « Sables » tout en étant radicalement différent car il a une signature unique et passe allègrement d’une famille à l’autre.
En 1989, toujours avec Isabelle Doyen, Annick Goutal décide de décliner « Passion » en le rendant paradoxalement moins opulent et crée « Gardenia Passion ». « Lors d’un voyage a Kyoto, Annick Goutal succombe au charme troublant des gardénias, ces fleurs dites « muettes » dont il n'existe aucune essence. Elle interprète leur odeur à la fois fraîche et lactée, subtile et narcotique et assemble la tubéreuse, le jasmin et la fleur d’oranger sur un fond de myrrhe ». Plus épuré, plus stylisé, ce parfum est une interprétation toute personnelle du gardénia et je dois dire que je ne retrouve pas forcément cette note en majeur. C’est un chypre, pour moi, qui met surtout la tubéreuse, la fleur d’oranger et le jasmin en avant dans une effluve cohérente, aérienne avant de se poser sur un fond de mousse de chêne. Là encore, Annick Goutal et Isabelle Doyen cassent les codes et oscillent entre vrai floral et parfum chypré. Je dois dire que je le trouve vraiment facile à porter, comme son prédécesseur, « très Goutal » mais je sais qu’il rencontre moins de succès que « Passion ». Je le trouve peut-être moins solaire mais j’aime bien le travail de la tubéreuse qui est assez proche de celui qui constituera, bien plus tard, une des facette de « Un Matin d’Orage » en eau de parfum. J’aime bien l’idée du gardénia recréé par un bouquet floral mais je trouve que cette promenade un peu « japonaise » dans un jardin un peu pluvieux est très élégant. En revanche, il me semble qu’il faut vraiment le porter car, sur la touche, il ne s’exprime absolument pas. S’il n’a pas été un coup de coeur à la vaporisation, je dois bien admettre que j’ai adoré son évolution sur ma peau.
Si entre les deux mon coeur balance, j’opterais peut-être plus facilement pour « Passion » que pour « Gardénia Passion » mais j’aime vraiment les deux. Si le premier est terriblement atypique et me plait vraiment profondément, le second, plus fleur d’oranger, est à découvrir. En tout cas, j’ai adoré les comparer, les porter pour écrire mon article. J’aime vraiment les deux et, bien qu’ils soient estampillés féminins et qu’ils en regroupent certains codes, je pourrais les porter et il est bien probable que je le fasse un jour… enfin je choisirai l’un des deux.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 220 autres membres