Passion Parfums

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Les stars et leurs parfums : Années 60, Barbara et "Vol de Nuit"

 

 

 

Ce n’est pas à Hollywood mais bien en France que nous revenons pour cet épisode qui concerne les années 60. Barbara ne se considérait pas comme une star et peut-être ne l’était-elle pas mais elle a su, durant sa carrière, séduire trois générations par la qualité de son écriture et son incroyable présence scénique. Ce que l’on sait moins c’est que la chanteuse, auteure-compositrice-interprète, aimait les belles choses même si elle était loin d’être matérialiste et offrait beaucoup à son entourage, et qu’elle était une admiratrice du travail de la maison Guerlain. Son parfum, était « Vol de Nuit » et il lui a donné l’idée du titre d’une chanson qu’elle enregistrera durant la dernière décennie de sa magnifique carrière. Elle aimait aussi « Habit Rouge » qu’elle avait offert à l’un des hommes qui a traversé sa vie, le parolier et poète François Wertheimer. C’est donc sur les traces de Barbara, que j’ai eu, l’occasion d’applaudir très souvent sur scène depuis le début de mon adolescence et avec qui j’ai eu le grand privilège d’échanger un peu, que je vous emmène aujourd’hui.

 

Notes biographiques :

 

Monique Serf est née en 1930 dans le 17ème arrondissement de Paris de parents juifs. Son père étant d’origine alsacienne et sa mère, née en Moldavie, venant d’une famille ukrainienne. Après la naissance de ses quatre enfants, la famille se sépare pour fuir l’occupation nazi et se cache dans de nombreuses villes puis se retrouve une première fois à Saint-Marcellin, dans l’Isère, un souvenir qui, bien des années plus tard, inspirera à la chanteuse une chanson très personnelle, « Mon Enfance », puis se sépare à nouveau. C’est à la fin de la guerre que tous se retrouvent en octobre 1945 à Paris. L’adolescence est difficile, entre un père qui s’absente pour des temps de plus en plus longs et une mère un peu fantasque, Monique grandit et, à 16 ans, alors que la famille habite au 50 rue de Vitruve dans le 20ème arrondissement de Paris, elle s’inscrit au cours de chant de Madame Dusséqué, un luxe que ses parents peu aisés, lui offrent. Parallèlement, elle apprend le piano mais un problème à la main la contraint d’arrêter. Elle entre alors au conservatoire de Paris. Le chant classique n’est pas exactement ce que veut faire la jeune fille qui voudrait, malgré tout devenir une « pianiste-chantante ». Après quelques auditions infructueuses à Paris, c’est à Bruxelles qu’elle va tenter sa chance en 1949. Elle apprend son métier et devient tout d’abord Barbara Brodi reprenant en phonétique le nom d’une de ses grand-mères, Varvara Brodsky, mais son choix de chanson n’est pas très judicieux et elle ne remporte pas l’adhésion du public. L’année suivante, elle rencontre Jacques Brel qui l’aidera à choisir un répertoire qui lui convient mieux. C’est une période très difficile et la jeune fille peine à vivre de son métier. Elle se produit à l’arrière d’une friterie avec un pianiste georgienne, Ethery Roudchaze et rencontre Claude Sluys, un étudiant en droit qu’elle finira par accepter d’épouser. Jacques Brel, avec qui elle entretien une amitié intense et qui ne démentira jamais lui conseille repartir tenter sa chance à Paris, très impressionné par ses progrès. Elle revient donc ensemble et va multiplier les auditions dans les cabarets de la Rive Gauche. Après plusieurs mois de refus, elle est engagée, tout d’abord « Chez Moineau » où elle rencontre un certain succès puis à « L’Écluse », sur le quai des Grands Augustin qui est un endroit à la mode dont elle devient rapidement la vedette et est surnommé « La Chanteuse de Minuit ». Elle y restera plusieurs années et commence à intéresser un peu les médias, elle fait quelques passages à la télévision en 1959 puis, petit à petit, elle commence à composer sur les textes des autres et chante « La Belle Amour » dont elle a signé la musique. La mort de son père à Nantes en 1959 lui inspirera l’une de ses plus importantes chansons qu’elle finalisera lors d’un passage au Théâtre des Capucines plusieurs années plus tard. Elle enregistre plusieurs albums en tant qu’interprète, n’osant pas chanter ses propres compositions et obtient le grand prix de l’Académie Charles Cros pour ses interprétations de titres de Georges Brassens qu’elle retrouvera quelques années plus tard, alors qu’elle a enregistré un disque de ses propres chansons, car elle fera sa première partie à Bobino. Le succès est immédiat et elle écrit une chanson pour remercier son public et leur déclare « Ma plus belle histoire d’amour…c’est vous ». Barbara accède alors au statut de vedette et reçoit le soutien de la journaliste vedette de l’ORTF qui lui consacre de nombreux numéros de son émission « Discorama ». Barbara, qui, entre temps, a divorcé, part sur les routes en tournée accompagnée de ses assistantes et de, Pierre Thomasso, son chauffeur. Elle est accompagnée par un accordéoniste, Jos Baselli (qui cédera sa place à Roland Romanelli) et un contrebassiste, Michel Gaudry qui l’accompagnera de nombreuses années. Elle passe à Bobino en vedette en 1964 et enregistre plusieurs disques dont un en allemand après le succès de sa chanson « Göttingen ». En 1969, elle chante pour la première fois en vedette à l’Olympia et songe à d’autres projets comme une pièce musicale qui n’aura pas de succès en 1970 puis un premier rôle au cinéma dans « Franz », le premier film de Jacques Brel. En 1970, elle enregistre « L’Aigle Noir » qui sera son plus grand succès. D’autres albums, d’autres scènes suivront, l’Olympia puis un gigantesque show sous un chapiteau sur l’hippodrome de Pantin en 1981. Elle s’engage à cette époque aux côtés de François Mitterrand récemment élu président de la république. Mais Barbara a abusé de la cortisone et d’autres médicaments et doit s’arrêter de chanter car sa voix s’abîme. En 1986, elle joue au Zénith et en tournée, une tragédie musicale avec son ami Gérard Depardieu mais « Lily Passion » n’est qu’une parenthèse. Après avoir retrouvé une bonne partie de ses capacités vocales en travaillant avec un célèbre phoniatre, elle fait sa rentrée au Châtelet en 1987. Elle n’enregistre plus d’album studio mais reprend la scène à Mogador en 1990 avec de nouvelles chansons. La voix est différente et ses problème respiratoire s’accroissent mais elle décide quand même de refaire le Châtelet et une dernière tournée très difficile à cause de problèmes de santé récurrent. Elle est contrainte d’abandonner la scène. Elle enregistre alors un dernier album en 1996 et commence la rédaction de ses mémoires pour ne pas arrêter « la conversation » avec son public. Barbara meurt subitement d’une infection respiratoire foudroyante le 24 novembre 1997 à l’âge de 67 seulement. Aujourd’hui, elle demeure l’une des auteures-compositrices les plus reprises par les générations suivantes.

 

Barbara et le parfum :

 

Après avoir connu la vraie pauvreté, Barbara, lorsqu’elle a commencé à gagner de l’argent, a eu une frénésie de choses de luxe et dépensait sans compter sans vraiment garder beaucoup de choses pour elle-même. Elle offrait beaucoup à ses assistantes, à ses musiciens et techniciens ainsi qu’à son public, j’en ai été témoin. Ceci dit, le parfum a très vite été quelque chose qui lui a plu et elle a jeté son dévolu sur « Vol de Nuit » de Guerlain qu’elle a beaucoup porté durant de très nombreuses années. Je me demande, à la réflexion, si le nom de cette fragrance n’avait pas eu une influence sur son choix car elle le reprendra, en 1990, comme titre d’une chanson qu’elle créera sur la scène du théâtre Mogador. Je trouve que la subtilité de ce parfum, présenté ainsi sur le site de la marque : « En 1933, Jacques Guerlain réussit à nouveau une création exceptionnelle : "Vol de Nuit". Inspiré par le roman de son ami Antoine de Saint-Exupéry, le parfum "Vol de Nuit" est dédié à la femme d'action qui, à l'image de la célèbre aviatrice de l'époque, Hélène Boucher, cultive l'amour du risque et sait s'imposer dans un milieu masculin sans perdre de féminité », convenait tout à fait à l’étrange beauté et à la personnalité contrastée de la chanteuse. Je le trouve vraiment singulier avec un départ de bergamote et de galbanum un peu vert, un coeur floral atypique avec toujours le côté vert de la jonquille mêlé à la violette, au jasmin, à la rose et à l’oeillet qui aboutit à un fond de santal, d’iris poudré et de bois de santal. J’ai redécouvert ce parfum il y a quelques années et je l’ai adoré. Sa tenue est un peu limité y compris dans sa version extrait mais vraiment la beauté de la création est transcendante. J’ai l’occasion de le sentir régulièrement et je l’aime vraiment beaucoup. Barbara aimait beaucoup la maison Guerlain et un autre parfum lui a inspiré, dans les années 70, une autre chanson. En 1973, elle a voulu tenter une nouvelle expérience en confiant l’écriture des textes de son album « La Louve » au jeune poète François Wertheimer. Un idylle naîtra entre eux et l’entourage de la chanteuse révèlera qu’elle lui offrait régulièrement « Habit Rouge », créé par Jean-Paul Guerlain en 1965 et que le parfum était devenue la signature du jeune homme. Comme tout est dit en chanson chez Barbara, elle écrira, après leur rupture, le texte d’une chanson, « L’Homme en Habit Rouge », dont le compositeur Gérard Bourgeois signera la musique. Je ne vais pas revenir sur ce parfum que j’ai beaucoup porté mais dont je ne supporte pas les dernières reformulations mais j’ai trouvé l’histoire à la fois romanesque et poétique. Pour moi, Barbara, dont le physique était complètement à contre-courant des critères de beautés des années 60, révélait une beauté étrange et singulière qui s’harmonisait parfaitement avec l’univers parfumé d’une grande élégance de la maison Guerlain à cette époque-là et, vu qu’elle demeure aujourd’hui, l’une des artistes que j’ai préféré de tous les temps, il était logique que la cite en exemple de la décennie qui a vu le début de son succès.

 

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"Vol de Nuit" en extrait de parfum

 

 

 

 

 

 



08/03/2021
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