Passion Parfums

 

 

Deux matières premières aux facettes poudrées, parfois terreuses, parfois plus aériennes qui se réunissent pour donner des parfums pleins de relief, d’élégance et dont le petit côté suranné n’est pas sans me séduire. Sont-ils plutôt iris ? Plutôt violette ? Je ne sais pas mais je les aime bien. J’en ai sélectionné cinq afin d’illustrer mon propos.

Il m’était impossible de parler de ce type de fragrance sans évoquer « Après l’Ondée » de Guerlain que j’ai toujours aimé et que j’ai pas mal porté malgré son manque évident (et frustrant) de tenue. Créé par Jacques Guelain et lancé en 1906, « Après l’Ondée » est l’archétype du poudré qui combine des notes de feuille de violette désuètes avec l’élégance intemporelle de l’iris. Il dégage une certaine fraîcheur avant de s’arrondir et d’envelopper notre peau comme une écharpe en mousseline utilisée par une femme élégante lors d’une belle soirée d’été. Sur ma peau, c’est plutôt le printemps et le début de la floraison qu’il m’évoque. Pour la petite histoire, il m’avait été conseillé par un vendeur de la boutique Guerlain des Champs Elysées il y a bien des années et j’ai beaucoup aimé le porter lorsqu’il m’a parfumé avec. Souvent je suis revenu vers « Après l’Ondée », souvent j’ai eu envie de le porter plus régulièrement mais j’ai fini par abandonner. Son manque de tenue et de sillage (même si je préfère  souvent les parfums légers et discrets) me frustraient trop.

 

 

Dans le même esprit mais avec une toute autre tenue, j’ai découvert, il y a un peu plus d’un an, « Iris de Nuit », lancé par le créateur britannique installé en France James Heeley. Dans ce parfum plus sec, soutenu par du bois de cèdre et de la graine de carotte, l’iris et la feuille de violette se font élégantes, modernes, comme pleins de vie lorsqu’on le porte. « Iris de Nuit » a tout ce que j’aime dans un parfum. Il est particulièrement chic, son sillage est très suffisant et sa tenue est absolument incroyable. Je le sentais encore sur mes vêtements après leur passage dans la machine à laver lorsque je l’ai essayé. De plus, son prix, moyen pour un parfum d’auteur, est relativement abordable. C’est par lui que j’ai découvert la marque et je trouve qu’elle recèle beaucoup de très très belles choses. Mais n’anticipons pas, revenons à « Iris de Nuit » pour dire simplement que si le chic à l’anglaise pouvait rejoindre l’audace à la française, il en serait une parfaite illustration. Je le trouve parfaitement idéal pour le printemps et l’été et il est bien probable que je remettrai mon nez dedans.

 

 

J’ai également découvert, il y a quelques mois à Paris, « Iris Cendré », créé par Julien Rasquinet pour la marque éponyme de Naomi Goodsir. Celui-ci est en rupture totale avec les deux premiers car il est d’une intense originalité. Les épices, l’encens, le tabac viennent « moderniser » les notes poudrées et l’ensemble parait très naturel, presque « terreux », comme une promenade dans un jardin d’automne après la pluie. Vous savez, quand toutes les odeurs des fleurs et de la terre se mêlent pour nous donner une impression de bien être. Je trouve que « Iris Cendré » est un parfum très atypique, pas forcément facile à porter mais qu’il présente une véritable identité et une réelle singularité. Je ne l’ai pas vraiment essayé mais je l’ai senti plusieurs fois lors de notre séjour à Paris en me disant qu’il faudrait que je le fasse. Je dirai que « Iris Cendré » est plutôt intense donc qu’il est plus facile à porter au creux des écharpes lors d’un hiver pas trop froid ou d’un automne un peu ensoleillé. Je l’ai vraiment beaucoup aimé mais je ne sais pas si c’est vraiment un parfum pour moi.

 

 

Le quatrième parfum que je voulais citer est évidemment « Iris Silver Mist » créé (une fois n’est pas coutume) par Maurice Roucel pour Serge Lutens. La combinaison de base est toujours la même mais elle s’allie à des notes d’immortelle et d’épices. Intense, ultra moderne, il est sans doute un des fleurons (du moins à mon avis) de la maison. Malgré le fait qu’il ne soit sorti qu’en flacon de table où en édition limitée, il demeure emblématique des amateurs de cette famille olfactive. Je l’ai essayé plusieurs fois sans vraiment franchir le pas (son prix me fait un peu reculer pour être honnête) et j’ai adoré le porter sur une journée. Sa tenue est incroyable mais, à l’instar des parfums Serge Lutens, il est assez linéaire et évolue très peu sur ma peau. Ça peut être un avantage car il est assez identique porté que senti lors de sa découverte. Je le trouve presque un peu trop intense pour moi. La concentration eau de parfum est vraiment, je pense à son maximum. Je comprends le succès qu’il rencontre auprès des amateurs de cette famille olfactive. Il est vraiment très beau, singulier et agréable à sentir. Il fait tout de même partie des parfums que je préfère dans la marque.

 

 

Pour finir ma sélection, il était évident que j’allais évoquer « Grey Flannel » créé en 1975 par André Fromentin pour le styliste américain Geoffrey Beene qui est, pour moi, un incontournable de la combinaison iris-violette. Un peu tombé en désuétude, cette concentration eau de toilette fait partie tout de même des plus réussie de la parfumerie dite masculine (même si je pense qu’il doit être top porté par une femme) et vraiment je suis content de l’avoir découvert. Je vais être parfaitement honnête, son départ ne me plait pas du tout. Il a presque le côté poussiéreux du tissus (tweed ou flanelle) fraichement coupé et je pense que c’est parfaitement assumé mais très vite l’iris, la violette et le mimosa prennent le dessus pour donner un floral poudré des plus élégants et des plus intemporels. Pour moi, s’il sortait aujourd’hui dans une marque plus confidentielle, il aurait un succès immédiat. Il a même inspiré, il y a quelques années « Arsène Lupin Dandy » à Jean-Paul Guerlain (supprimé de la collection aujourd’hui) et, je pense, quelques autres fragrances. Je ne le porte pas très souvent car je trouve sa tenue un peu limitée mais vraiment je l’aime bien.

Et voilà, iris ? Violette ? Que dire ? En tout cas, cette combinaison a donné naissance à pas mal de beaux parfums et tant mieux pour nos petites cellules olfactives !