Louboutin, rouge et rouge
Une collection de sept parfums dont plusieurs d’entre-vous me parlent depuis quelques mois, ça vous dit quelque chose ? Il s’agit bien évidemment de celle lancée par Christian Louboutin et composée par Marie Salamagne, Christopher Raynaud, Nicolas Beaulieu et (je le découvre en écrivant) Daphné Bugey. Je les ai enfin sentis lors de notre dernier séjour à Paris car ils étaient disponibles à La Samaritaine. J’avoue avoir été quelque peu rebuté par le packaging très ostentatoire quoique luxueux et, si plusieurs de mes lectrices ne m’avaient pas fortement conseillé de les sentir, j’aurais vraisemblablement passé mon chemin et j’aurais eu tort car, vraiment, les jus sont bien faits et réussis.
Le premier que j’ai senti était « Loubirouge ». Il est ainsi décrit par la marque : « Un cabaret des sens Épicé Oriental construit par Marie Salamagne. Des talons hauts, un cabaret et un sillage sensuel de cardamome, iris et vanille. Suivez ses semelles rouges dans un Paris glamour qui a toujours inspiré Christian Louboutin. Un spectacle des sens ! ». Je trouve que tout est dit car, outre un départ très épicé par la cardamome, il est très poudré par un iris vanillé qui nous emporte dès les notes de coeur et qui perdure je pense très longtemps sur le fond. C’est un « parisien », un parfum des nuits d’avant-guerre (la première), délicieusement vintage, un brin sulfureux qui m’évoque les ambassadeurs côtoyant Lautrec ou la Goulue dans un Pigalle bigarré et endiablé ou un Montmartre un peu débridé. Un oriental bohème quand même chic mais un brin sulfureux qui a ravi mes narines.
« Une majesté sauvage Boisé Cuir créée par Daphné Bugey. Ce boisé cuir rugit avec intensité un mélange corsé de daim, bois de cèdre et poivre rose. Une certitude : sur ses pas, la magie chante, danse et laisse un sillage puissant ». C’est avec « Loubiraj » que j’ai continué la découverte et que je suis parti dans une Inde troublée et impériale encore une fois au début du siècle mais je l’ai trouvé plutôt années trente, avec un côté très cuir doux et crayon taillé du cèdre mélangé à nombre d’épices dont un poivre rose en tête qui m’a semblé omniprésent. Je l’ai trouvé très cuir oriental et un peu classique mais c’est un très joli jus, très finement travaillé qui tranche un peu avec le côté complètement bling-bling de son flacon rouge. En tout cas, il m’a plu et pourtant, je n’ai pas reconnu la signature de Daphné Bugey dont j’aime particulièrement le travail.
Délicate rose poudrée et légèrement fruitée tel est ce que je pourrais dire de « Loubidoo ». La marque le décrit ainsi : « Daphné Bugey a construit avec Christian Louboutin un porte bonheur Fruité Floral. Quelle chance, partout où vous passez ce chat porte-bonheur vaporise un sillage joyeux ! Il avance à patte de velours en mêlant l’apparente candeur de la fraise à l’opulence de la rose et du bois de cèdre. Pour vous enivrer avec malice ». Une fois de plus, la parfumeuse arrive à me convaincre car j’ai horreur des floraux fruités « de masse », qu’ils soient issus du sélectif ou de pseudo-maisons de niche mais je n’en dirai pas plus. Or, « Loubidoo » est l’un de mes deux préférés de la collection tant ces pétales de rose sont associés à une note de fraise très légère et à un bois de cèdre plus que discret. Il m’a fait penser un peu à un bouquet séché, romantique dans le salon d’une maison de la campagne anglaise. C’est plutôt dans l’espace que dans le temps que je le situerai d’ailleurs car il est quand même plus contemporain, dans mon esprit, que les deux premiers. Je l’ai beaucoup aimé et il me réconcilie avec la rose que j’ai toujours peur de ne pas pouvoir porter.
« Loubikiss » est un merveilleux travail autour d’une tubéreuse musquée, jamais entêtante malgré, dès la fin des notes de tête, une facette jasminée très importante. J’ai adoré ce parfum car je trouve que c’est l’éternel féminin… L’éternel masculin… l’éternelle séduction… je ne sais pas trop mais, en tout cas, je pourrais le porter sans aucun problème : « Daphné Bugey signe ici un hommage à l’amour éternel. Cette calavera couronnée de fleurs blanches est un grand bouquet de jasmin, de tubéreuses et de musc. Un baiser envoûtant qui laisse derrière vous un souvenir éternel. Hypnotique ! ». Pour moi qui aime le vrai bouquet de fleurs blanches intemporel, insaisissable, « Loubikiss » ne pouvait que me séduire et séduit, je le suis. Encore une fois, je pense que je ne pourrais peut-être pas trop le porter car il me semble très opulent mais la création est très très belle vraiment.
« Christian Louboutin a confié la création de cet exubérant Rosé Floral à Nicolas Beaulieu. Les célèbres semelles rouges Christian Louboutin coiffent cet ananas qui a résolument l’esprit festif. Tout un carnaval de rose, de cassis et de patchouli qui invite à la danse et célèbre une joie de vivre chère au créateur. Samba ! ». C’est peut-être celui que j’ai le moins aimé même si je lui reconnais une belle créativité. « Loubifunk » est un duo de rose et de patchouli émaillé de bourgeon de cassis et de son côté vert. Je le trouve un peu déroutant. Il ne m’emmène pas forcément au carnaval de Rio mais plutôt dans un jardin qui s’éveille avec encore l’odeur des roses du soir précédent mélangée à celle de l’herbe coupée. Je ne sais pas trop quoi en penser. Il ne me semble pas pour moi du tout et pourtant j’ai aimé le sentir. Si on doit appliquer le « j’aime/je n’aime pas », je ne pourrais pas répondre. Je serai un peu décontenancé.
« Loubicrown » au contraire ne m’a pas surpris. Il m’a fait l’effet d’un parfum un peu déjà senti quoi que très bien fait et très élégant. Quelque part, l’association du patchouli, de la fève tonka et du cèdre me provoque quelque chose de rassurant. La marque en parle ainsi : « Un Oriental Boisé royal imaginé par Christophe Raynaud. Déroulez le tapis rouge ! La noblesse aristocratique du bois de cèdre est ici chahutée par un accord patchouli et fève tonka irrévérencieux. Pour vous couronner d’assurance ». Pour moi, il a tout pour devenir un beau classique voire un grand féminin mais il me laisse un peu sur ma faim car il ne me surprend pas. C’est un peu l’anti-« Loubifunk ». Un beau parfum oriental et boisé très chic, très intemporel et parfaitement facile à porter. Je le trouve très équilibré et j’ai eu beaucoup de plaisir à le découvrir.
« Christian Louboutin a confié à Daphné Bugey la création d’un puissant Oriental Épicé. Ce crocodile est le gardien du secret des pyramides et de cet elixir intense construit autour de la myrrhe, du cypriol et du bois de Santal. Mystère… et séduction ». J’ai peut-être gardé le meilleur pour la fin même si j’ai vraiment un faible pour « Loubidoo », j’ai aussi bien craqué sur « Loubicroc », un épicé un peu doux avec des notes de myrrhe, de bois de santal et cypriol. Je l’ai trouvé assez dingue et je pense qu’il est sans doute le parfum le plus original de la collection. Estampillé féminin, il m’a semblé parfaitement mixte et je le porterai volontiers. J’ai adoré ce côté duel entre les épices et la myrrhe qui n’est pas l’une des matières premières que je préfère mais l’association des deux est tellement étonnante que le résultat pouvait être soit très beau, soit très laid. Pour moi, il est magnifique. J’ai tout de suite adhéré.
Dans l’ensemble, j’ai beaucoup aimé la collection mais je regrette un peu que le packaging soit aussi délirant et sans doute onéreux. Le prix du flacon monte et je ne trouve pas forcément les parfums très accessibles de ce point de vue là alors qu’avec quelque chose de plus simple, voire plus élégant et moins rutilant, ils auraient renvoyé une image plus conforme à la belle qualité des jus. En tout cas, je me suis fait super plaisir en les découvrant car ils sont tous beaux. Merci les filles, vous aviez raison !
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