L.T. Piver, l'une des plus anciennes maisons de parfumerie françaises
Née en 1774, L.T. Piver est l’une des plus anciennes maisons de parfums de France qui existe encore aujourd’hui et dont l’activité ne s’est jamais vraiment arrêtée. Son créateur Louis-Toussaint Piver a lui-même composé plusieurs parfums qui existent encore aujourd’hui. La marque a également été précurseur en ce qui concerne l’utilisation de molécules de synthèse qu’elle a conjugué avec des matières premières naturelles. De nombreux parfumeurs illustres ont travaillé pour L.T. Piver, je citerai par exemple Michel Adam, Pierre Armigeant et même Jacques Guerlain qui a créé « Fleur qui Meurt » pour la maison en 1901. Plusieurs fois rachetée, la maison L.T. Piver et E. Coudray, une de ses filiales ont été plusieurs fois rachetées. De nos jours, la maison compte deux collections, la première est très économique et regroupe « Héliotrope Blanc », « Pompéia », « Rêve d’Or », l’ « Eau de Cologne des Princes », « À la Reine des Fleurs » et l’ « Eau pour Homme ». Plusieurs de ces fragrances existes en eau de toilette et en lotion dans des flacons splash avec de grands conditionnements. La seconde, dite des masculins comporte cinq fragrances : « Cuir de Russie », « Épices », « Musc », « Vétiver » et « Cèdre ». Quasiment la totalité des cosmétiques et toutes les autres références y compris la « Lavande des Princes » ont été supprimée du catalogue grâce à Daëna qui est abonnée sur ce blog, j’ai eu la chance de la découvrir. Je l’en remercie.
J’ai déjà, à plusieurs reprises parlé de plusieurs créations de la marque, je pense à « Héliotrope Blanc » dans mon article sur les amandes et héliotropes, « Cuir de Russie » à plusieurs reprises car c’est un parfum que je porte beaucoup, « Vétiver » ou encore « Cèdre ». J’ai donc décidé de détailler un peu d’autres créations. Je précise que, si tous les parfums ont sans doute été reformulés plusieurs fois au cours des décennies mais que je trouve qu’ils s’en tirent bien qu’ils sont toujours agréables et réussis. De plus, ce sont de petits plaisirs pas très chers et une excellent alternative, vu leur qualité, à des parfums du sélectif. Si en France L.T. Piver est un peu tombé en désuétude, c’est une marque encore très aimée à l’étranger et notamment dans les pays anglo-saxons.
Je ne connaissais pas « À la Reine des Fleurs » mais, lors de l’un de mes derniers séjours à Paris, j’ai eu la chance de découvrir cette eau de toilette hespéridé et aromatique créée en 1774 par le parfumeur Michel Adam. C’est une cologne dans le plus beau sens du terme. Le départ est une envolée de plusieurs agrumes, l’unique note de coeur est la lavande et en fond, on retrouve des plantes aromatiques telles le thym et le romarin délicatement mariées avec une note de clou de girofle et une overdose de bergamote. « À la Reine des Fleurs » est d’un très joli classicisme mais sa tenue est aussi celle d’une faible concentration. Je ne l’ai pas gardée très longtemps sur mon poignet mais je l’ai trouvée fort rafraîchissante et très bien vue. Je pense que ce n’est pas la référence la plus facile à trouver dans la marque mais vraiment, elle gagne à être connue.
Créée par Louis-Toussaint Piver lui-même en 1850, l’ « Eau de Cologne des Princes » est une variante poudrée et plus aromatique encore de la précédente. On retrouve des notes de têtes de différents agrume (bergamote, citron, orange et mandarine), un coeur de néroli et d’estragon qui repose sur des notes de fond de cerise, menthe et muscs blancs. J’ai portée « l'Eau de Cologne des Princes » dans sa version lotion et je dois bien admettre que la tenue était très limitée mais la concentration eau de toilette a beaucoup plus de densité et de sillage. Très économique (je crois que le flacon ne dépasse pas les trente euros), c’est une très jolie création intemporelle et vraiment facile à porter pour un été de canicule. Le côté poudré des muscs blancs lui donnent une certaine originalité. Je l’aime bien et je pense qu’à l’occasion, je m’en reprendrai un flacon.
Lancé en 1889, « Rêve d’Or » est l’archétype des parfums féminins de cette époque. Je trouve qu’il a un côté très « propre », musqué avec une facette presque « savonnette ». C’est un travail autour du géranium, de la rose, du vétiver, de la fleur d’oranger et du bois de santal. Très désuet pour les uns, il est intemporel pour les autres. Je trouve qu’il s’en dégage quelque chose de très agréable, comme une impression de bien être réconfortante. J’aime beaucoup « Rêve d’Or », je lui trouve une certaine élégance et une complexité qui se révèle au fur et à mesure qu’on le porte. Si, pour moi, le parfum n’a pas de genre, je dois bien admettre que je préfère « Rêve d’Or » sur une femme élégante et presque sophistiquée. Il tranche énormément avec les fragrances convenues que l’on peut trouver dans la parfumerie sélective. Ce n’est pas le parfum de tout le monde mais vraiment, l’oser c’est l’adopter, du moins je le pense.
« Pompeïa », né en 1907 du talent de Jacques Rouche et Georges Darzens est un floral assez complexe. Jusqu’à il y a quelques mois, je ne le connaissais qu’en version lotion et c’est vrai que sa concentration eau de toilette a plus de relief et est beaucoup plus intéressante. Les notes de tête sont la bergamote, le géranium et la lavande mais c’est surtout le coeur floral qui ressort avec une rose opulente, un ylang ylang presque nacré, un iris poudré et un jasmin délicat et discret, le tout reposant sur un fond de patchouli. Je trouve que « Pompeïa » a vraiment un côté « seconde peau ». J’aime beaucoup son côté presque animal pour un floral. Sa tenue est modérée mais la création est vraiment très belle et je suis heureux d’avoir découvert et même essayé ce parfum qui a, il faut bien le dire, tout pour me plaire.
Pour terminer, j’ai envie d’évoquer « Musc », l’une des créations récentes lancées en 2011 dans la collection des masculins. Après une envolée d’orange, de bergamote et de poivre, des notes de coeur cèdre, de gaiac et de mousse de chêne sont sublimés par un fond de muscs blancs et de patchouli. C’est un parfum qui, typiquement, « sent le propre » et je dois dire que j’ai adoré l’essayer. Je signale à toutes fins utiles que, hormis « Épices » qui me plait un peu moins, je suis assez client de la collection des « masculins ». Je les trouve tous réussis et tous avec une identité propre. « Musc » est le parfum de printemps par excellence. Il nous emmène dans un univers de bois de rose, de linge propre et d’agrumes. Il est comme une avalanche de fraîcheur et j’ai beaucoup aimé le porter. Il serait idéal pour le temps ensoleillé que nous avons depuis quelques jours. S’il est un peu moins économique que les autres créations que j’ai évoqué dans cet article, son prix ne dépasse pas les soixante euros pour 100 ml et il reste donc très abordable.
Bien sûr, vous pourriez préférer « Héliotrope Blanc », « Cèdre » (qui est en fait un parfum chypré), « Vétiver » ou l’emblématique « Cuir de Russie » et je vous engage à vous promener au fil des pages de ce blog car j’en ai déjà pas mal parlé. Je pense avoir écrit une revue assez complète des créations qui restent disponibles dans la marque et vraiment, il ne faut pas hésiter à les découvrir.
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