"Lui", une belle trouvaille chez Guerlain
Depuis sa nomination comme « parfumeur maison » chez Guerlain, Thierry Wasser a, évidemment, travaillé à de nombreuses créations. Je ne suis pas très réceptif, en général, à l’univers mainstream des diverses versions de « La Petite Robe Noire » ou encore de « L’Homme Idéal » mais, il y a quelques mois, j’ai vraiment eu un coup de coeur pour un parfum à côté duquel je suis complètement passé à sa sortie et qui n’est sans doute pas l’une des grosses ventes de la marque. Il s’agit d’un petit cuiré qui pourrait sembler sans prétention, voire même sans beaucoup de tenue au premier abord et qui pourtant m’a énormément séduit lorsque je l’ai essayé. Si je vous dit qu’il est considéré comme mixte, qu’il est vendu dans un très joli flacon noir art déco et que c’est un parfum qui oscille entre cuir et épices. Ceux qui l’ont essayé ou même senti le reconnaitront. Il s’agit bien évidemment de « Lui » lancé en 2017, créé avec le concours de Delphine Jelk et dont le nom est tout simplement l’anagramme de « Liu », parfum mythique de la marque.
Sur le site de Guerlain, il est présenté de la manière suivante :
« Féminin. Masculin. Pourquoi choisir ? LUI est un parfum qui aime semer le trouble. Ni totalement féminin, ni véritablement masculin, il est les deux à la fois. Inspiré par une génération qui s’affranchit des normes du genre, Guerlain a l’idée d’un parfum résolument universel. Son sillage équivoque repose sur le benjoin : tour à tour florale, épicée ou boisée, cette résine se déploie dans toute sa complexité au fil de la composition imaginée par la parfumeur Delphine Jelk. Mêlé aux accents poudrés et épicés de l’œillet, ils forment un mariage aussi inattendu qu’harmonieux.
Un élégant carré laqué de noir, aux coins biseautés. Une étiquette longiligne d’où se détachent trois lettres graphiques à la silhouette Art Déco. Le flacon de LUI emprunte son esthétique à une création historique du patrimoine Guerlain : LIU, somptueux floral aldéhydé créé par Jacques Guerlain en 1929 qui enveloppa l’émancipation des femmes d’un sillage de liberté. »
Le départ peut paraitre très anodin même peut-être un peu banal et, chose tout à fait étonnante, « Lui » disparait sur la touche au bout de quelques minutes et on peut vraiment le laisser de côté en se disant qu’il ne tient pas et qu’il est vraiment ordinaire. J’ai mis la touche dans la poche de mon blouson et je l’ai oubliée. Nous sortions de l’hiver et je triturait le petit morceau de carton et mes doigts ont commencé à s’imprégner d’une odeur absolument délicieuse et envoûtante. En fait, j’ai eu envie de le re-sentir immédiatement et je voulais retourner au stand de la marque pour demander si je pouvais l’essayer.
Il était tard, nous étions samedi et il m’a fallu attendre quelques jours afin de pouvoir m’y rendre. La conseillère, assez surprise que je jette mon dévolu sur un jus aussi confidentiel m’a fait l’article et a, très gentiment, proposé de me parfumer avec. Le même scénario s’est reproduit. Au bout de quelques minutes, je ne sentais plus la fragrance ni sur mon pull ni sur mon écharpe puis, au bout d’un moment, mon nez a retrouvé le côté épicé du clou de girofle et l’accord cuir de Russie associé à des notes de résine oliban, de géranium et d’une molécule le rendant légèrement fumé. Avec ce parfum, Thierry Wasser et Delphine Jelk ont remis au goût du jour le cuir de Russie pour une grande marque du sélectif. C’est un parti prix curieux mais pourquoi pas.
« Lui » n’est pas du tout dans l’air du temps tout du moins c’est ce que je me suis dit lorsque je l’ai porté mais finalement, je pense que si. De nombreuses marques plus exclusives ont vogué sur cette famille olfactive avec plus ou moins d’originalité. Je citerai peut-être, si je voulais les regrouper par famille, « Midnight Spirit » de Olibere, ou encore « Bibliothèque » de Byredo et « Tom of Finland » d’État Libre d’Orange. « Lui » est travaillé tout en subtilité et respecte certains codes de la parfumerie en général et de la famille des cuirs en particulier tout en prenant quelques libertés avec les notes de poire et d’épices.
Pour résumer, j’ai beaucoup aimé ce parfum et je pourrais le porter très facilement. La marque ne communique quasiment pas dessus et je trouve que c’est dommage car il est, de l’époque post Jean-Paul Guerlain, sans doute celui que je préfère et de loin. De plus (je sais ça fait superficiel) mais je trouve que le packaging est à l’image du jus, élégant et raffiné. J’aime beaucoup. Moi qui était très guerlinophile, je me suis éloigné de la marque depuis une dizaine d’années pour tout un tas de raisons mais peut-être que « Lui » pourrait nous réconcilier.
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