Maie Piou, une nouvelle marque "perchée" ?
Jean-Charles Sommerard, entouré de sa complice et un peu muse Szajna Zinenberg, et de la maître parfumeure Clémentine Humeau a voulu une marque un peu différente, sur un axe très original. Le résultat en est cinq parfums qui constituent une première collection appelée Ambrogyne. J’ai eu l’occasion de découvrir un peu avant que la marque arrive en parfumerie, les cinq parfums créés par Jean-Charles Sommerard et Clémentine Humeau pour Maie Piou, cette toute nouvelle marque, née en 2024. Les créations se veulent « perchées » mais qu’en est-il réellement. Je les ai toutes testées sur peau (souvent sur mon bras mais pas trop « autour de moi ») et j’espère pouvoir vous livrer un ressenti particulièrement précis et subjectif car, vous le savez, le parfum, c’est une émotion et, comme toujours, mes avis n’ont absolument pas valeur de critique. Je le dis à chaque fois, que j’aime ou que je n’aime pas car il faut toujours remettre les choses à leur place. Alors, je suis entré dans cet univers assez facilement mais ai-je vraiment adhéré ? Ai-je eu des coups de coeur ? Vous le saurez dans ma conclusion.
Créé par Clémentine Humeau et Jean-Charles Sommerard, « Cherry Harley » est le premier parfum que j’ai essayé. Comme son nom l’indique, est une création qui s’articule autour de la cerise noire et du cuir avec des notes d’ambre, de safran et de rose. Jean-Charles Sommerard en décrit ainsi l’inspiration : « Ce parfum est un rendez-vous d’apparence très sage, qui glisse vers le déraisonnable. Je vous imagine en Harley, cheveux aux vents, filant vers le versant le plus audacieux et fantasque de votre être ». Ce n’est pas le premier parfum mettant en scène cerise et cuir que je découvre. Je pourrais citer évidemment « Cherry Punk » de Room 1015 que je connais bien et dont j’ai déjà abondamment parlé ou encore, plus récent, « Kirsch » de Headspace alors je voulais savoir ce que « Cherry Harley » pouvait apporter de plus ou de différent sur le marché. Très honnêtement, je n’ai pas eu de coup de coeur. Je respecte bien évidemment le travail de Clémentine Humeau et Jean-Charles Sommerard mais j’ai trouvé les matières très synthétiques, voire un peu cheap. En tout cas c’est ce que j’ai ressenti. Je trouve le parfum hyper linéaire, un peu comme un ersatz des deux autres. Il ne m’a pas vraiment plu. Je suis, pour ainsi dire, resté sur ma faim. Si l’on veut parler de tenue, je dirai qu’elle est excellente, le sillage m’a semblé aussi pas mal mais j’aurais souhaité peut-être plus de nuances et de profondeur. Encore une fois, ce n’est que mon ressenti et cela n’a aucune valeur de critique.
« Ce parfum est une force protectrice qui ancre à l’essentiel, une authentique symphonie montant des profondeurs de l’âme pour insuffler confiance et équilibre », tels sont les mots de Jean-Charles Sommerard. Pour expliquer l’esprit de « Wood You » qu’il a également créé avec Clémentine Humeau. Je dois dire qu’il m’a déjà plus surpris car je n’ai pas vraiment compris, hormis un fond de cèdre, pourquoi il était considéré comme un boisé car, à mon sens et sur ma peau, il s’agit plutôt d’un festival d’épices comme le poivre rose et le gingembre associées au maté. Sur ma peau, les notes de maté ressortent beaucoup ainsi que le poivre rose. C’est une création vraiment déroutante et je comprends parfaitement la démarche très artistique de la création d’une fragrance étonnante, presque étrange et qui, je trouve, mérite bien le qualificatif de « perché ». L’évolution est très longue et la tenue particulièrement prolongée sur ma peau. J’ai bien aimé « Wood You ». Je ne saurais pas juger s’il a ou non du sillage mais je pense qu’il sait être présent et particulièrement rémanent. En le portant, je l’ai trouvé intéressant mais je ne suis pas certain que je pourrais vraiment l’apprécier sur ma peau régulièrement. Je trouve étonnant de dire cela mais il est presque trop étrange pour moi.
Toujours créé par Clémentine Humeau et Jean-Charles Sommerard, « Leathery Flesh » est le troisième parfum que j’ai essayé et il me faut admettre que j’ai eu beaucoup de mal à l’apprivoiser alors que sur le papier, il aurait du être mon préféré. Jean-Charles Sommerard explique : « À travers ce parfum j’ai eu envie de réchauffer votre être et aussi, de réveiller la part sensuelle, presque animale, tapie en chacun de nous. Qu’il vous donne la force de tenter l’inavouable ! ». Il parle aussi d’un cuir « envenimé » par la tubéreuse. Sur ma peau, je sens surtout un accord cuir très synthétique et un safran omniprésent qui rend le parfum très « peau », presque comme un musc animal qui confinerait à la sueur. Si le but était de créer un certain érotisme autour d’un parfum très charnel, il se peut que, pour certains, « Leathery Flesh » est atteint son but mais je n’ai pas osé le mettre sur ma peau. Il est clivant au possible. Il y aura celles et ceux qui lui trouveront une sensualité extrême et ceux qu’il va un peu déranger. C’est mon cas. Je ne l’ai pas posé sur ma peau donc je ne vous parlerai ni de la tenue ni du sillage. Peut-être en un peu plus sage, il rejoint dans la série des parfums très « charnels », « Musk Koublaï Khan » de Serge Lutens ou encore plusieurs des créations d’Alessandro Gualtieri pour Nasomatto ou Orto Parisi. Ce sera un parfum d’amateurs. Pour ma part, je passe mon tour.
Jean-Charles Sommerard raconte la création de « Banana Oud » : « Je l’ai pensé comme un Medley frivole remontant de l’enfance au parfum d’insouciance et d’extravagance. Je l’ai voulu charmant, décalé, railleur, gourmand comme une friandise au cœur de midinette ». Un accord de banane et de rhum, des muscs blancs et du oud tel est le postulat de départ de Clémentine Humeau et Jean-Charles Sommerard pour cette composition, c’est vrai, particulièrement originale. Je n’attendais vraiment rien de cette création et pourtant « Banana Oud » est mon préféré dans cette collection et de loin ! Il est original, très segmentant mais à la fois insouciant et éloigné de tous les codes que je connais. La note de banane peut avoir un côté très jasminé mais l’accord utilisé dans ce parfum l’éloigne un peu de quelque chose d’à la fois animal et floral. J’ai bien aimé. Sur ma peau, il y a quand même un côté jasmin mais il reste très discret. Le sillage et la tenue sont bons et je dois dire que, le jour où j’ai essayé cette composition étonnante, j’ai reçu pas mal de compliments. Ensuite vient la grande question : est-ce un réel coup de coeur et pourrais-je le porter ? Je ne peux pas encore répondre à cette question car je le trouve tellement éloigné de mes goûts que je me surprend. Il faudra que je le réessaye.
Il y a beaucoup de parfums dans lequel le néroli est à l’honneur cette année et « Bloody Neroli » ne fait pas exception à la règle. Également créé par Clémentine Humeau et Jean-Charles Sommerard, ce parfum est une subtile association de néroli, de muscs blancs, de notes épicées mais aussi de poire. « Cette fragrance est un geste doux et caressant, un voyage vers soi qui invite à une tendresse câline, taquine. Il réchauffe de l’intérieur et révèle les sentiments ». Bizarrement, sur ma peau, le parfum s’est fait très ambré et j’ai un peu perdu le côté néroli épicé que j’avais bien aimé à la vaporisation. J’ai perçu une certaine fraîcheur, mais aussi un côté à la fois vert et rond, presque sombre. C’est un néroli sophistiqué, peut-être aussi un peu subversif mais je ne peux pas dire que ce soit un coup de coeur. Je le trouve un peu trop synthétique et linéaire sur ma peau. L’idée de cette matière première associée à des facettes épicées me séduit mais je suis un peu resté sur ma faim. La tenue est bonne et le sillage modéré. C’est un peu un parfum « je t’aime, moi non plus » car, à certains moments de l’évolution, il m’accroche et à d’autres, je m’en détache. C’est ainsi…
Pour finir, je vais un peu dévoilé ce que j’ai ressenti. J’aime bien l’idée d’une parfumerie un peu en dehors des axes des familles olfactives traditionnelles mais, pour l’instant, je n’ai pas trouvé « mon » ambrogyne chez Maie Piou. Les réalisations sont très abstraites et, parfois, elles me déroutent complètement. Je les pense segmentantes mais je trouve qu’elles apportent une offre un peu différente au marché. Le flacon est très joli et qualitatif, en revanche, le choix du rouge des boites m’a un peu éloigné de la marque. Cela tient à peu de chose mais une boite rouge vif comme ça ne va jamais m’attirer. C’est un sentiment très personnel. Je suis néanmoins ravi d’avoir découvert la collection Ambrogyne de Maie Piou car je crois que cette maison se démarque avec une certaine originalité et pas mal de prises de risque.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 220 autres membres