Passion Parfums

Installée dans une très belle boutique au 6 de la rue Thomassin dans le deuxième arrondissement de Lyon, Maison Laugier est une jeune marque de parfum née de la passion d’une toute jeune fondatrice Élodie Campagne et de son héritage familial. Depuis, et malgré la situation, elle a grandi, s’est développée et elle propose désormais onze très belles références créées par différents parfumeurs. Autour d’Élodie, une équipe jeune, féminine et en pleine cohésion invente tous les aspects de cette maison lyonnaise et passionnante. Elle m’a reçu pour un entretien que je vais m’efforcer de transcrire au mieux et, je l’espère, vous donner envie d’aller plonger votre nez dans les créations de Maison Laugier.

Elodie Campagne, fondatrice de Maison Laugier

Bonjour Élodie, comment est née votre maison et pourquoi à Lyon ?

C’est l’histoire d’une réorientation. Je travaillais aux ressources humaines d’une entreprise et je me rendais compte que je voulais faire autre chose, m’inscrire dans un projet qui me passionnerait. Ma famille a toujours eu un lien avec le parfum. Mon arrière grand-mère, Léontine Laugier a cultivé des orangers sur les hauteurs de Grasse dès le début du XXème siècle et elle revendait sa production aux parfumeurs de la ville. Ce qu’il faut savoir c’est qu’il s’agit de l’une des seules matières premières qui offre autant de possibilité puisqu’on en exploite à la fois la fleur, la feuille et le fruit. Les générations qui ont suivi ont d’ailleurs eu toujours un lien avec le parfum que ce soit du côté de ma mère qui descend de Léontine ou de mon père. Le travail des jus d’un côté, le packaging de l’autre, il était assez logique que je m’intéresse à ce monde. J’ai donc décidé de reprendre des études et j’ai suivi un master d’entreprenariat à E.M. Lyon qui m’a passionné. Par la suite, la difficulté a été de trouver un local et, finalement, après beaucoup de recherches, Maison Laugier s’est installée en 2017 au 6 de la rue Thomassin. Niçoise d’origine, j’ai choisi Lyon parce que j’y vivais et parce que je suis très amoureuse de cette ville où je me sens chez moi tout simplement. Une fois le local trouvé, il ne me restait qu’à constituer une équipe et à me lancer dans l’aventure.

La marque compte à ce jour onze créations. Quel en est le parfum phare ? Le best-seller ?

Si tous les parfums ont leur clientèle, le best, celui qui vraiment remporte le plus de suffrages est « Tueuse de Fleurs » lancé en 2017 et dont le succès a été quasi-immédiat. Il faut dire que c’est une création très atypique. C’est, en effet, une rose cuirée mais pas forcément cachée, avec un départ assez épicé, un coeur duel entre le cuir et la fleur et un fond très oriental. Totalement mixte, il a un succès très important autant auprès des hommes que des femmes. Il reste, malgré sa singularité, facile à porter et je pense que c’est un peu pour cela qu’il plait bien. Il est talonné par « L’Eau de Léontine », créé en hommage à mon arrière grand-mère et qui est une fleur d’oranger assez verte et « Océan Noir », un travail très original autour d’un oud pas du tout animal mais tout en élégance et en singularité.

 

La très belle boutique de la rue Thomassin, en plein coeur du carré d'or de la Presqu'Île de Lyon

Comment se passe la création d’un nouveau parfum ?

Tout démarre avec un brief élaboré par toute l’équipe et dont le postulat de départ est un moment suspendu. Ainsi, il y a une histoire à raconter en lien avec un moment mais aussi parfois, une personne par exemple. Les contraintes sont la qualité du jus, avec l’utilisation de matières premières nobles afin que le rendu soit le plus parfait possible. Nous avons aussi misé sur une concentration très importante pour des eaux de parfums pour pouvoir assurer, si ce n’est un sillage important, après tout dépend des créations, au moins une tenue impeccable de toutes les fragrances. Une fois toutes les conditions réunies, c’est l’équipe qui fait ses suggestions au parfumeur et il va travailler à la formulation pour nous faire des propositions. Nous travaillons avec différents parfumeurs depuis la création de la maison ce qui permet, tout en gardant une ligne directrice qui est l’identité de la marque, d’explorer des univers artistiques très différents et d’avoir une offre diversifiée et, à chaque fois, complètement différente.

Combien de points de vente compte Maison Laugier aujourd’hui ?

En tout, je pense qu’il y en a 8 en France et notamment un stand au Printemps Haussmann qui est une vitrine non négligeable. L’implantation à Paris va d’ailleurs se confirmer avec l’ouverture d’une boutique, je l’espère début décembre, en plein coeur du Marais, rue de Picardie. Le local est actuellement en travaux et la surface est importante ce qui permettra de mettre en valeur nos produits et d’avoir un point de vente très complet dans la capitale. Nous avons aussi, bien évidemment, dans un futur proche, le désir de travailler avec d’autres pays et d’y faire connaitre notre maison. L’idée de l’international est toujours dans nos projets et je pense que les choses devraient se faire dans les prochaines années.

Et dans l’immédiat, quelle est l’actualité de Maison Laugier ?

Nous terminons le développement d’une toute nouvelle collection de solinotes qui sortiront bientôt dans un conditionnement de 50 ml et une concentration extrait de parfum. La concentration devrait être de 23%. Je suis impatiente de pouvoir finaliser ce projet qui va voir le jour vraiment prochainement. Cela permettra de compléter l’offre en s’ajoutant aux onze eaux de parfums très travaillées de la marque. Encore une fois, les belles matières premières sont privilégiées et j’ai hâte de voir la sortie de cette collection. Nous allons également continuer les ateliers personnalisés de créations soit individuels soit autour du bar à parfum que nous avons initié dès la création de la maison. Le succès de ce concept ne s’est jamais démenti et, aujourd’hui, il y a un peu d’attente, notamment pour le bar à parfums. Je trouve que, depuis le début, ces formules remportent une belle adhésion du public et apporte un autre service à nos clients.

Le très élégant packaging

Mes impressions sur « Tueuses de Fleurs », le best-seller que la maison décrit ainsi : « Déjà une légende, cette mauvaise fille au charme électrique éblouit par sa beauté. Une sauge sclarée cinglante et un galbanum blessant avertissent cependant du danger sous-jacent. Sa peau tachetée de cannelle de Ceylan est irrésistiblement épicée et dorée. Assumant pleinement ses notes immorales, autour d’elle, elle fait le mal.Inspirant les passions, cette splendeur psychédélique qu’est la rose de Turquie est complice de ses intentions. Provocante et brûlante, elle est même parfois méchante. Sa crinière incandescente et safranée enivre les esprits et elle le sait. Les autres fleurs se fanent de jalousie sur son passage. Capable du pire, jamais elle n’hésite à porter le coup de oud fatal. Lacérer les coeurs de ses griffes styrax, c’est par plaisir qu’elle le fait. Mais la séductrice maléfique sait bien qu’une deuxième chance ambrée lui sera donnée ». Dès l’ouverture, je ressens des notes épicées emportées par la chaleur de la cannelle et je dois dire que l’envolée est assez surprenante et déstabilisante car je m’attendais à quelque chose de plus agrumes. Pour l’amateur de parfums épicés que je suis, c’est plutôt une bonne nouvelle car cela donne à mon nez l’envie d’aller plus loin et, au bout de quelques minutes, le coeur de rose se fait sentir. La reine des fleurs s’impose tout à fait, elle se fait truffée, veloutée, opulente mais jamais vieillotte car le travail du parfumeur réussit à la rendre moderne voire même extrêmement contemporaine. Elle se mêle à une note de cuir très ciselée, très belle puis arrivent les notes de fond, orientales, rondes, diffusives. De déroutant, le parfum se développe vers quelque chose qui garde une très belle identité mais demeure facile à s’approprier. C’est un parfum pleins de facettes, versatile, différent et je comprends son succès. Le fond très styrax me plait bien, m’attire, me donne envie de rapprocher encore et toujours le parfum de mon nez. « Tueurs de Fleurs » est un peu éloigné de ma zone de confort et il me sera plus facile de m’approprier « Le Temps de l’Élégance » dont j’ai parlé dans ma revue des découvertes faites lors de notre dernier périple parfumé à Paris, mais j’ai adoré le découvrir. C’est une très belle création atypique, artistiquement réalisée et pourtant très facile à s’approprier notamment en cette saison où elle trouvera sa place au creux des écharpes et des pulls. Je suis vraiment ravi d’avoir pris tout mon temps pour la découvrir.

En résumé, je remercie Élodie pour le temps qu’elle a consacré à cet entretien, pour sa passion et sa simplicité qui sont tout à fait communicatives. Maison Laugier apporte quelque chose de vraiment différent à l’offre de parfums sur ce marché où la multitude de marques crée parfois l’émulation mais manque aussi de temps en temps d’identité. Ne croyez pas que ce n’est que par chauvinisme que j’ai eu envie de lui consacrer un article car, vraiment, la qualité des créations, l’enthousiasme de l’équipe et l’élégance de l’univers en entier sont à découvrir.