Maison Rebatchi, l'histoire d'une passion
*Article enrichi
C’est l’histoire d’une Maison de parfums qui aurait pu commencer comme tant d’autres par
« Il était une fois un parfumeur ou un fils de parfumeur… ».
Il quelques années, j’ai découvert la très belle collection de Maison Rebatchi. Pour chaque fragrance, le fondateur de la marque a donné carte blanche à un parfumeur de talent afin de mettre en exergue une ou des matières premières nobles et rares. Il en résulte sept créations plus belles les unes que les autres. Mohamed Rebatchi a lancé sa maison d’édition de parfums en 2018 et son postulat est de mettre la créativité et la matière première en valeur. Pour ce faire, à l’instar de Frédéric Malle, il a voulu que le nom de chaque parfumeur figure sur le flacon. Il s’est entouré de Karine Chevallier, Alienor Massenet, Bertrand Duchaufour, Karine Dubreuil, Maurice Roucel et Randa Hammami afin de lancer une collection pleine de surprises et d’élégance.
Qui est Mohamed Rebatchi ?
Jeune, franco-algérien, Mohamed Rebatchi est un passionné. Il a grandi dans une ville populaire de banlieue au nord de Paris et il s’est, très tôt, intéressé à la parfumerie d’auteurs. Sa sensibilité et son acuité à apprendre le parfum, à le mettre en corrélation avec ses impression lui donnent toute les qualités d’un formidable directeur artistique. Il s’est entouré de parfumeurs dont il connaissait le talent mais également avec lesquels il avait des affinités humaines. Cette symbiose entre tous est particulièrement évidente lorsque l’on découvre les jus qui sont une parfaite interprétations des rêveries de Mohamed par ceux qui savent les mettre en odeur. Le pari était risqué et il est parfaitement réussi. Je dois dire que je suis tout autant séduit par la démarche artistique que par les créations en elles-même et que j’admire profondément l’audace de Mohamed Rebatchi qui, en dépit de son jeune âge, s’est lancé dans l’aventure artistique avec professionnalisme et inspiration.
Les créations :
Elles sont au nombre de sept (mais je n’en connais que six) et, étant donné que je possède des doses d’essai de chacune de celles que j’ai découvertes, je me suis dit que, même si mon article sera un peu plus long que d’habitude, j’allais essayer de les décortiquer pour vous. C’est au Printemps Haussmann que j’ai découvert cette marque et je remercie vraiment la vendeuse du rayon qui a pris, dans un premier temps, le temps de me présenter chaque parfum.
Créé par Karine Chevallier et lancé en 2018, « Bois d’Enfant » est un travail délicat autour de la rose. Elle le présente de la manière suivante : « L’évocation d’une promenade en Vendée, dans la forêt de Saint Hilaire de Riez, où Mohamed Rebatchi, enfant, passait tous ses étés. À l’ombre de la forêt, la fraîcheur salée épicée de l’essence de baies roses, est soulevée par une touche d’essence de rose qui finit par se confondre avec le sombre absolue de rose de mai. Dans un coup de vent, la clarté revient portée par une note de freesia qui répond à la bergamote en tête. L’iris trace une verticale florale boisée vers la note des pins maritimes, balayés par la brise, gorgés de sève chauffée par le soleil prenant tour à tour des accents d’encens et de fir balsam ». Ce point de départ de la collection est une rose presque iodée, saline qui m’a particulièrement surpris. On y retrouve un départ très frais de poivre rose et de bergamote et, au coeur, la rose et les notes florales sont conjuguées avec les aiguilles de pin, le cèdre et une touche d’encens. Le fond musqué et vanillé est presque nacré et fruité car il est relevé par une note de mûre. CE parfum est une parfaite réminiscence de l’enfance de plusieurs d’entre-nous. J’ai été très surpris et très séduit par son évolution. Il faut vraiment l’essayer car il réserve, après un départ un peu classique, des surprises sur la peau de chacun.

Vous le savez, j’aime beaucoup de travail d’Aliénor Massenet pour Memo et, plus récemment, pour l’Artisan Parfumeur et Penhaligon’s. Il était évident que j’aurais envie de découvrir « Cuir Tassili » qu’elle a créé en 2018 pour Maison Rebatchi et qu’elle présente de la manière suivante : « Pour rendre hommage aux origines de Mohamed Rebatchi je me suis inspirée d’un réveil le matin dans le désert de Tassili, territoire traditionnel des Touaregs Ajjer ou Touaregs de l'Ouest, au sud-est de l’Algérie. Après une nuit passée sous une tente, on décèle l’odeur du thé et celle du cherbet, cette citronnade algérienne, ou encore l’odeur des selles de cuir des dromadaires. Une invitation au voyage ». Le départ de Romarin et de graine de carotte m’a immédiatement séduit et, même si la note d’encens me dérange un peu, le coeur de thé, de sauge sclarée et de violette est absolument magnifique. Le fond cuir de Russie, ambre et patchouli est très classique. Comme très souvent, Aliénor Massenet a su travailler un cuiré aromatique, fleuri et déroutant à la fois sur le papier. Sur ma peau, il se fond, se fait classique, élégant et un peu animal à la fois. Les amateurs des Leathers de Memo, ne vous y trompez pas, c’est un travail tout à fait différent, plus intimiste, plus personnel il me semble. En tout cas, c’est une belle réussite.
Bertrand Duchaufour s’est attelé en 2018 à créer « Feu Patchouli » qui, comme son nom l’indique, est un chypré moderne. Il le présente de la manière suivante : « Un bois puissant mâtiné d’effluves chyprées où le patchouli domine. Une symphonie magnifique tout en vibration dans laquelle les épices girofle, cannelle, poivre noir, baie rose sonnent comme des cuivres éclatants. Le parfum est riche, dense, intense, sombre et aussi mystérieux qu’enivrant ». Complexe, presque étonnant avec un départ d’orange douce du Brésil et de notes aldéhydées construit autour d’une bergamote très présente et d’un absolu de cassis surprenant, le jus évolue vers un coeur de géranium, d’absinthe et d’épices qui apporte au parfum une modernité indéniable. Le fond de patchouli et mousse de chêne est associé au bois flotté et aux muscs blancs avec une note de vanille et de caramel. « Feu Patchouli » est un chypre très élégant mais aussi un peu « ethnique », unique et original. Certes, c’est ma zone de confort mais j’avoue que si je dois choisir un parfum de la collection ce pourrait bien être celui-ci. Sur ma peau, il est absolument sublime.
J’aime beaucoup « Rose Rebatchi » créé par Randa Hammami en 2019 même si je reconnais qu’il me serait difficile de le porter. C’est une rose solinote mais pas que. Elle est épicée dès les notes de tête par des notes de poivre rose et de safran et fruitée par un accent de framboise et de Granny Smith. Le coeur de rose de Damas et de Rose de Turquie est très opulent et poudré par la racine d’iris puis les muscs blancs. Le fond d’ambre gris et de bois lui donne un côté très profond. Randa Hammani le décrit ainsi : « Un bois puissant mâtiné d’effluves chyprées où le patchouli domine. Une symphonie magnifique tout en vibration dans laquelle les épices girofle, cannelle, poivre noir, baie rose sonnent comme des cuivres éclatants. Le parfum est riche, dense, intense, sombre et aussi mystérieux qu’enivrant ». Si cette rose boisée et intense n’est pas pour moi, je reconnais que j’aime beaucoup la sentir. C’est un parfum cocon, très enveloppant, très « confortable » tout en restant suffisamment original pour tenir une bonne place dans cette belle collection.
La rencontre de Mohamed Rebatchi avec Maurice Roucel a été très fructueuse car elle a donné deux parfums pour le moins réussis. Le premier est sorti en 2018 et il s’agit de « Joyeux Osmanthe » que le parfumeur présente de la manière suivante : « Afin de moderniser la tubéreuse et sa facette quelque peu désuète, je l’ai mélangée avec d’autres fleurs qui ont des notes tout aussi crémeuses. J’en ai fait un bouquet avec des fleurs d’osmanthus aux notes gustatives abricotées. Ensemble, elles donnent un floral opulent. Viennent ensuite des notes fraîches de chèvrefeuille et des notes vertes sur un fond ambré boisé musqué pour apporter de la texture en fond du parfum ». Sur le papier, cette création n’a rien pour me plaire. Je n’aime pas forcément la facette abricotée de l’osmanthus et que je suis toujours un peu rebuté par la tubéreuse et pourtant j’ai bien aimé « Joyeux Osmanthe » même s’il n’est pas forcément pour moi. L’envolée à la fois fruitée, épicée par la cannelle et verte lui donne une certaine fraîcheur. Le coeur de fleurs donne finalement un côté rond et presque cuiré à l’osmanthus et le fond, de cashmeran et d’ambre est poudré par les muscs blancs. Je ne dis pas que je le porterai mais vraiment je suis content de l’avoir découvert car il ne ressemble à rien d’autre.
J’avoue ne pas être très attiré par « Musc Ravageur » que Maurice Roucel avait créé pour les éditions de parfum Frédéric Malle que j’ai pourtant porté mais qui ne correspond plus trop à mes goûts. Aussi étais-je un peu « gringrin » pour découvrir « Musc Panache » qu’il a composé pour Maison Rebatchi et dont il parle ainsi : « Loin d’un érotisme assumé, ce parfum est tout de même doté d’une écriture sensuelle. Sous les contours d’une cologne relevée d’épices, j’ai voulu que se dévoile un coeur d’iris délicatement posé sur une overdose de muscs qui lui apportent de la rondeur. En fond, une trame boisée plutôt transparente de vétiver et de cèdre se mêle à une note ambrée de vanille et fève tonka ». Ceci dit, j’ai été un peu surpris par le départ très hespéridé et épicé par la cardamome. Le coeur d’iris et de chèvrefeuille est très délicat et le fond ambré et musqué gagne en profondeur grâce à une très belle qualité de vétiver d’Haïti et de fève tonka. Franchement, c’est une jolie surprise et je pense l’essayer un peu mieux dès que j’en aurai l’occasion.
Je sais que Maison Rebatchi est encore une marque un peu confidentielle mais elle est de plus en plus distribuée, si vous croisez ces flacons à la fois classiques et élégants, n’hésitez pas à la découvrir. C’est une très belle maison toute en créativité et en chic. Je suis séduit et j’avais envie de le partager avec vous.
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