Passion Parfums

En 2009, Isabelle Doyen a créé, pour Annick Goutal, deux parfums voisins et tout à fait atypiques. Il s’agit de « Mandragore » qui a, hélas, été arrêté et « Mandragore Pourpre ». Si le premier est résolument frais, le second est plus profond. À l’origine, ils existaient dans deux flacons différents, l’un pour femme, l’autre pour homme (ce qui était souvent l’originalité de la marque) et leur côté à la fois très typé et complètement androgyne leur assurait une identité très forte. Ces deux jus ne ressemblaient à rien d’autre. Il y a bien longtemps, j’ai porté « Mandragore Pourpre » et je me remets à en avoir envie. Si, à l’époque, mon coeur balançait entre les deux et que je sais que l’on peut trouver le premier encore sur internet parfois, j’ai décidé de leur consacrer un article et de les mettre en parallèle car je trouve qu’ils ont été parmi les très belles créations à la fois de la maison et, évidemment, de la très inventive parfumeuse dont j’ai toujours beaucoup aimé le travail.

Mandragore

 

 

Ultra frais, boisé, aromatique, ce parfum mystérieux démarre avec des notes de poivre noir et de bergamote pour nous emmener sur un coeur d’iris, de menthe, de gingembre, de sauge sclarée et d’une très belle qualité de badiane de Chine qui lui confère une facette très épicée et presque un peu pain d’épices frais. Le fond est un doublé de buis et de ciste. Si la mandragore est connotée comme la plante des sorciers, je trouve que cette création est suffisamment étonnante pour bien porter son nom. J’avais, il y a quelques années, essayé ce parfum qui m’avait énormément plu à la fois par son côté presque pétillant et sa facette poudrée. Je l’ai toujours trouvé excentriquement élégant. Je trouvais, déjà à l’époque, à l’instar de « Un Matin d’Orage », qu’il était l’un des parfums Annick Goutal complètement adaptés à un été chaud. Il avait un côté très rafraîchissant, un peu vert mais pas seulement. Le décrire est un peu un travail d’équilibriste mais je résumerai en disant que j’étais un fan même si j’avais opté pour son presque jumeau. Je trouve qu’il y avait dans « Mandragore » et malgré le fait qu’il ait été créé relativement longtemps après la disparition de Madame Goutal, un esprit maison très net tant au niveau de son originalité qu’à celui de son côté épuré. Je trouve dommage que la marque, qui porte le nom désormais de Goutal Paris, l’ait supprimé du catalogue car c’était vraiment une belle réussite.

Mandragore Pourpre

 

 

 

En 2009, Camille Goutal, qui avait vraiment été séduite par les essais de « Mandragore », décide de proposer une autre création d’Isabelle Doyen, plus épicée, plus complexe mais dans le même esprit et obtient le lancement de « Mandragore Pourpre ». Je trouve qu’il y a, dans ce parfum, tout l’art de la parfumeuse. Lorsqu’on me l’a proposé, je n’avais jamais rien senti de pareil et il a fait partie des rares créations qui m’on fait ce que j’appelle « l’effet wahou » ! L’envolée de bergamote et de menthe est renforcée par la toujours très qualitative badiane de Chine, le coeur de romarin, de lavande, de géranium et de poivre est particulièrement intense et le fond de benjoin, d’encens et de patchouli est délicatement poudré par une fleur d’héliotrope absolument incroyable. Présenté également dans deux version, le masculin et le féminin, « Mandragore Pourpre » est, peut-être avec « Sables », sans doute l’un des parfums les plus originaux non seulement de Goutal Paris mais également de toute la parfumerie. Je l’ai redécouvert il y a quelques semaines et j’ai eu la chance de trouver un flacon vintage (la version masculine) avec le verre translucide mauve et l’étiquette d’époque pour un prix défiant toute concurrence. Je vais pouvoir le porter à nouveau et je remercie la personne qui me l’a cédé car, vraiment, je l’aime énormément. « Mandragore Pourpre » est vraiment, dans le top des parfums que j’aime et je pourrais le racheter car, pour l’instant, la marque continue de le commercialiser.

Je l’ai souvent dit, pionnière qu’elle était de la parfumerie indépendante, Annick Goutal a vraiment créé un univers très personnel et je trouve qu’Isabelle Doyen a très bien su, durant les années qui ont suivi sa disparition, continuer son oeuvre d’une manière à la fois inventive et élégante. J’avoue que je suis moins client des créations de ces dernières années à part, je pense, « L’Île au Thé » qui est vraiment un joli parfum, agréable à porter, et tout à fait dans l’esprit de la maison. Lorsque je fais le compte, je m’aperçois que j’ai porté beaucoup de parfums Goutal. Je pourrais citer évidemment « Heure Exquise » et « Sables » que j’adore mais aussi « Mandragore Pourpre » et, évidemment « L’Eau d’Hadrien ». Je suis attiré par l’univers très étonnant et à la fois un peu épuré de la marque et, malgré le nouveau flaconnage auquel j’ai du mal à m’habituer, j’y reviens régulièrement.