Mark Buxton, derrière le dandy, le parfumeur
Derrière son chapeau et ses lunettes de soleil, Mark Buxton est un peu un « parfumeur mystère ». Je l’ai entendu plusieurs fois en interview. Né en Angleterre, il a grandi en Allemagne près de Hambourg mais, au début des années 2000, il est tombé très amoureux de Paris et de la France. Il a créé à peu près 170 à ce jour dont l’iconique « Comme des Garçons » de Comme des Garçons en 1994. Il est passionné de vin, de cuisine, et de l’époque Art Déco. Il est le parfumeur attiré de sa propre marque éponyme que j’avais pu découvrir chez Nose ainsi que de Moth & Rabitt Perfumes dont je vous avais déjà parlé il y a quelques temps. J’ai choisi quatre parfums que je trouve emblématiques de son style et du côté dandy un peu décalé que sa personne dégage. En tout cas, je me suis remis dans les échantillons que j’avais avec plaisir même si les parfums que j’ai redécouvert, m’éloignent un peu de mes goûts habituels.
Le premier parfum est celui qui m’a donné envie d’écrire cet article. Je l’ai re-senti à la boutique Le Labo de Lyon il y a peu et c’est vrai que je n’avais pas remarqué les notes de fond. Il s’agit évidemment de « Vétiver 46 » que Mark Buxton a créé en 2006. « La crème de la crème des vétivers, cultivée en Haïti et retirée à Grasse en accord avec le savoir-faire local, est le pilier de ce parfum qui, sans aucun doute, est l'une des créations les plus profondes et les plus sombres de Le Labo. Parmi les nombreuses essences, le poivre, le gaïac, le labdanum et le cèdre se prêtent à l’humeur changeante de ce parfum... Chacune exprime à sa manière la force de caractère et la note délicate de l’oliban, un encens mystérieux, laisse dans son sillage une dimension spirituelle et intrigante ». Comme toujours, la marque ne communique que très peu sur les notes qui composent la pyramide olfactive et pourtant, comme son nom l’indique, il y en a 46. Le vétiver se pare, il me semble de poivre, de bois de gaïac certes mais aussi de cèdre. C’est une pure spéculation basée sur mon ressenti. Il me semble aussi sentir de la myrrhe plus que d’encens alors que c’est l’oliban qui et listé, sur les notes de fond. « Vétiver 46 », vous l’aurez compris, est un parfum assez atypique, très boisé mais pas forcément évocateur de sa matière première principale. Mark Buxton a joué avec notre nez pour nous proposer un parfum vraiment très étonnant et différent de ce à quoi on pourrait s’attendre. Il me plait mais je le trouve peut-être un peu loin de mes goûts habituels qui sont pourtant devenus éclectiques et amples. Je ne suis pas certain de pouvoir le porter même si je le trouve particulièrement réussi.
« Mon état d'esprit au moment où je me couche... j'ai trop de choses dans la tête. Mon rêve est très nuageux, épais, vient ensuite la profondeur du cuir et la fraîcheur du vetiver ». Tels sont les mots de Mark Buxton pour décrire « Dreaming With Ghosts » qu’il a créé en 2021 pour sa marque éponyme. « Une imagination, un fantasme de notes vertes ». Ce parfum, que j’avais découvert chez Nose à Paris, je me souviens qu’il m’avait impressionné par sa rondeur et son côté musqué. Il revêtait sur ma peau un côté presque gourmand. Je ne l’ai pas redécouvert mais j’ai repris mes notes de l’époque pour me souvenir de mes impressions. C’est une création qui tourne autour de la pivoine mais dont le départ de coing et de tagète s’avère vraiment très rond. Il m’a plu beaucoup au départ d’autant que le coeur de rose et de pivoine prend vraiment beaucoup de place et e pose sur un fond très originale de notes cuirées, musquées et vanillées basées sur des accords assumés, et de vétiver. Pour moi, le côté doux-amer est vraiment très prononcé. À l’époque, je me souviens qu’il avait retenu mon attention car j’avais trouvé les parfums de la marque un peu trop « encens » pour que moi. Ici, c’est une écharpe invisible de douceur qui m’avait enveloppé (je reprends mes mots de l’époque) et je ne sais pas pourquoi je ne vous en avais pas parlé à ce moment-là d’autant que je l’avais bien aimé. Je pourrais le porter assez facilement mais il faudrait que le réessaye.
« Pop Heart » créé par Mark Buxton en 2021 pour Plume Impression s’avère également d’une belle originalité même si, il faut le dire, ce n’est pas le parfum de la marque que j’ai préféré. Le parfumeur le décrit ainsi : « Un parfum qui vous donne envie de danser, plein d'énergie vitale ». C’est une composition résolument moderne qui rompt complètement avec le côté commun des floraux fruités que l’on retrouve partout même dans les marques de la parfumerie de niche. L’envolée d’ananas, de pomme et de fraise est très originale et le parfum se poursuit sur un coeur à la fois aquatique de magnolia et poudré par des traces de rose et de framboise. Cette tendance se poursuit et se fait gourmande avec un fond de vanille, de muscs blancs et de caramel. « Fraises et ananas s'associent à une rose luxueuse et au magnolia pour former un parfum crémeux et sensuel ». Très honnêtement, ce n’est pas le parfum de la marque que j’ai préféré mais je l’ai mis dans cette sélection car j’ai eu l’occasion de le re-sentir récemment et que, s’il ne me plait pas spécialement, il a un côté quand même singulier et original. Je ne suis pas très attiré par les floraux fruités. Très vite, je les trouve too much et assez peu élégants. Il est des exceptions. J’espère qu’un jour, j’en trouverai un que je pourrais porter. Pour l’instant, je dirais que « Pop Heart » n’est pas du tout dénué d’intérêt mais que ce n’est pas mon histoire.
J’avais découvert « Clueless » créé par Mark Buxton pour Moth & Rabbit Perfumes en 2019 dans la scentroom du Printemps Haussmann à Paris et, je ne sais ps trop pourquoi, je me suis retrouvé en possession d’un échantillon. Je le porte donc pendant que j’écris. Il est vraiment très étonnant avec un départ très frais, de zeste de yuzu, de pomme verte, de melon d’eau arrondi par la noisette. Le coeur est très étonnant. Je sens beaucoup les notes de cannelle et de chocolat, moins celles de ros et de jasmin puis le parfum se pose sur un fond très étonnant de cèdre, de vanille, de cuir, d’opoponax et de patchouli avec un côté très animal. Mark Buxton résume ainsi son inspiration : « Je me suis inspiré de la présentation couleur bonbon et brillamment satirique du personnage, faite de légères suggestivité sexuelle et de grossièretés occasionnelles. Clueless, le parfum s'ouvre sur un orchestre de notes vertes, fruitées et comestibles qui capturent l'opulence et l'abondance de la culture de la classe supérieure. Le cœur a une société de bonbons et de fleurs qui se désintègrent dans une touche dramatique et spirituelle de cuir de bois et de résine d'opoponax dans la base ». Il s’agit d’un gourmand clairement assumé et je ne peux pas dire que ce soit ma tasse de thé mais, dans le genre, je le trouve quand même intéressant.
Globalement, je suis plus surpris que vraiment séduit par l’univers olfactif de Mark Buxton mais je ne serais pas étonné qu’il fasse des adeptes parmi vous. En effet, les créations dont j’ai eu envie de parler ne sont nullement dénuées d’intérêt et ne cèdent pas à la facilité. Il s’agit-là d’un parfumeur étonnant, voire même inventif dont le travail est à découvrir absolument.
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