Memori Collection, finesse et délicatesse chez Kenzo
Je n’ai jamais ignoré que Kenzo soit avant-gardiste en parfumerie comme en mode et je dois dire que la découverte de la collection Memori a été une nouvelle belle surprise. En exclusivité chez Nocibé, ces sept créations fines et aériennes sont séduisantes, originales et extrêmement bien vues. Thé, fleurs, poudre et élégance sont le maître mot. J’aime beaucoup l’esprit très original du travail des parfumeurs et j’ai décidé de passer en revue la totalité des créations car j’ai bien pris mon temps pour les découvrir. Je suis allé sentir, re-sentir, essayer sur ma peau et je pense que je peux en parler très facilement d’autant que chaque parfum a marqué mon esprit. Allez, je vous emmène sur la légèreté de cette belle collection au prix raisonnable et qui pourrait peut-être vous accompagner au printemps et à l’été.
Le premier dans lequel j’ai mis mon nez est « Cèdre Secret » créé par Nelly Hachem-Ruiz. Je ne suis pas très attiré par la note mise en avant et pourtant, je dois le dire, j’ai bien aimé le découvrir. Au départ, il y a une envolée de fleur d’oranger très pure et pas du tout gourmande puis le parfum évolue vers un coeur de cèdre, ce qui est plus rare, un peu crayeux, très boisé mais tout en légèreté. Puis, au fond, la fève tonka vient amander et arrondir la fragrance d’une manière très délicate. « Cèdre Secret » a quelque chose d’un cocon onirique, abstrait, très influencé par l’idée que l’on se fait d’un « boisé à la japonaise », en délicatesse, en légèreté et en transparence. Les amateurs du « cèdre qui tabasse » vont être déçu car nous sommes très éloignés de l’univers « crayon taillé ». Les notes boisées sont toujours très aériennes. J’ai assez aimé cette réalisation mais ce n’est pas ma préférée.
Créé par Quentin Bisch qui, décidément est très prolifique, « Ciel Magnolia » est celui qui était mis en avant par la parfumerie. Le magnolia, très aquatique constitue une ouverture un peu aquatique mais, je dois le dire, elle demeure assez fugace et nous entraine sur un coeur de muscs blancs très poudrés et particulièrement « propre ». Je dois dire que je trouve sans doute un peu dommage que le côté frais et aqueux des notes de têtes originales s’estompent aussi vites. Le fond de bois de santal confère à a fragrance quelque chose d’un peu lacté qui n’est pas forcément à mon goût. Je dois dire que « Ciel Magnolia » est peut-être celui qui correspond le moins à mes goûts. La prépondérance des notes de bois de santal ne me plait pas tellement mais je reconnais que le côté très « précis » de la composition en fait une fragrance très intéressante et agréable à porter pour les amateurs.
« Coeur Azuki », composé par Delphine Lebeau est le suivant que j’ai peu découvrir. C’est un parfum que j’ai trouvé fruité au départ, sans vraiment en évaluer les notes puis le parfum se fait acidulé avec une note de cassis et s’arrondit, se poudre avec des accents d’une vanille délicate et un accord riz très poudré. Je dois dire que « Coeur Azuki » est le plus déroutant de la collection du moins de mon point de vue. Il est extrêmement linéaire et il me semble à la fois frais, aqueux et cosmétique. Je l’ai trouvé très original, très singulier. Il y a un côté un peu sucré voire gourmand, qui aurait pu me déranger mais il n’en n’est rien. Il est facile à porter, élégant et très agréable. On a envie d’y revenir tout le temps. C’est vraiment l’une des créations les plus surprenantes de la collection. Je la trouve très intéressante.
« Nuit Tatami » est l’ambré vanillé de la collection et il a été composé par Karine Dubreuil-Sereni. Après une envolée poudre de riz, le coeur se fait épicé, tonique, avec le poivre rose puis le coeur d’ambrette et de vanille le rend très rond et renforce le côté poudré. Je n’en connais pas l’inspiration mais je le trouve un peu poussiéreux et ce n’est pas pour me déplaire. « Nuit Tatami » est la création, à mon sens, la plus sophistiquée de la collection. Il y a quelque chose de très doux, de très enveloppant. Je pense également que c’est la construction la plus « épaisse » et que la tenue doit être, je pense, un peu meilleure que les autres. « Nuit Tatami » est un très joli parfum ambré mais « à la Kenzo », c’est à dire tout en finesse avec un côté abstrait et stylisé. J’ai beaucoup aimé cette création et, curieusement, je pense que je pourrais la porter.
Créé par Jean-Christophe Héraut, « Poudre Matcha » est mon préféré dans la collection. Je le trouve vraiment très réaliste dès l’ouverture. La note de thé japonais et de maté torréfié à l’envolée est très agréable et j’ai retrouvé le côté à la fois vert et enveloppant. Le coeur de rose accentue le côté poudré qui se renforce encore avec le fond vanillé et musqué. J’ai adoré l’évolution sur ma peau. Le côté matcha qui apparait pas mal en parfumerie, me plait beaucoup. J’aime beaucoup le boire même si je ne sais pas le préparer comme il faut et, son odeur, transposée à la parfumerie est une très bonne idée. Un seul bémol, toutefois, la tenue sur ma peau est très limitée. Cela me bloquerait peut-être pour le porter. Je ne sais pas… à voir.
Quentin Bisch a créé « Rêve Lotus » que je trouve également très original avec son départ nénuphar, lotus, son coeur poudré de mimosa et de muscs blancs puis son fond d’ambroxan et de bois de santal. À la fois vraiment transparent et ultra poudré, m’a rappelé des anciens parfums aujourd’hui disparus comme « Farnesiana » de Caron ou encore « Mimosa pour Moi » de L’Artisan Parfumeur. Oscillant entre parfum poudré, floral et boisé, j’ai beaucoup aimé l’évolution sur ma peau même si la légèreté extrême peut-être frustrante parfois. C’est un poudré très « libre » par opposition à un parfum « compact ». Je trouve que Quentin Bisch a très bien su interpréter le style avec une modernité très marquée. « Rêve Lotus » est résolument contemporain.
Le septième et dernier parfum a été composé par Jérôme di Marino. Il s’appelle « Soleil Thé », tout un programme ! Le départ en est énergisant et très marqué en thé plutôt vert et blanc, le coeur et le fond d’iris et de musc blanc sont très poudrés. Je dois dire que je suis assez fan également de ce parfum. Il y a quelque chose de réconfortant, de léger et d’enveloppant à la fois. J’ai aimé cette création de bout en bout. Le côté poudré est très léger, très lumineux le rend presque addictif. Honnêtement, je me suis fait très plaisir en le sentant et en le re-sentant. Avec « Poudre Matcha », il est sans doute celui que j’ai préféré car il n’a aucune note ni ambrée, ni vanillée. Il est juste poudré et équilibré. Un peu moins contemporain que le reste de la collection peut-être, mais vraiment réussi.
Pour finir, je dirai que, globalement, j’ai beaucoup aimé cette collection. Je l’ai trouvée inspiré et inspirante. Toutes les créations sont belles et bien réalisées. Le seul bémol, c’est la tenue. Comme souvent chez Kenzo, la transparence est de mise et le côté éphémère est à prendre en considération. Il faut l’accepter. J’aime beaucoup le côté délicat mais il est sans doute poussé un peu à l’extrême. J’ai essayé un peu plus « Poudre Matcha » et la tenue est limitée il faut le dire. Ceci dit, j’ai quand même beaucoup aimé la collection. Je la trouve belle et réussie.
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