Passion Parfums

Je ne suis pas très amateur de parfums ambrés. Comme beaucoup d’amateurs, j’ai porté un temps « Ambre Sultan » de Serge Lutens mais, aujourd’hui, je le trouve très daté voire même vieillot. Je crois que j’avais envie de me plonger dans un travail de cet accord plus contemporain afin d’être surpris. J’ai construit cet article sur le thème « J’aime pas les parfums ambré mais ça j’aime » comme une série de disques sur la musique classique que j’ai pu apercevoir. J’ai donc choisi cinq créations qui me plaisent malgré tout et je vais essayer de vous expliquer ce qui m’a attiré lorsque je les ai essayées. Entre classicisme et modernité, le travail de la note ambrée a su, parfois, me séduire au point de porter le parfum dans laquelle elle est travaillée en majeur. Allez, je vous emmène dans l’univers de ces senteurs chaudes, hivernales et réconfortantes.

J’en ai parlé bien souvent mais « Ambre Russe » créé par Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire en 2003 est vraiment, toutes catégories, mon parfum préféré de cette catégorie. C’est un booster parfait pour pallier à certaines baisses de forme fréquentes en hiver et je dois dire que, si je l’éloigne parfois, j’y reviens toujours. « Ambre Russe  est l’élixir de la Russie des derniers Tsars, que symbolise l’opulence de l’ambre gris naturel. Un monde baroque et fastueux, constellé de bulles d’or qui capturent la lumière même quand elle a disparu, où rutilent broderies, pelisses et mirifiques tenues militaires. Un univers de la démesure, à l’image des fêtes russes, enivrantes et pétillantes comme le champagne, incontournable de la Russie Impériale, elles peuvent aussi finir avec la brutalité blanche et glacée d’une vodka. Ambre Russe, c’est aussi l’intimité des datchas où toute la journée, le samovar tient prêt le « thé à la russe » relevé de cannelle et de coriandre. Son arôme légèrement fumé se fond dans celui du bouleau et du bois de cade que dégage le mythique cuir de Russie… C’est dans les fumerolles d’encens de l’église orthodoxe que les ors d’Ambre Russe s’assombrissent sur un fond de musc… Et la fête cède à l’ivresse mystique. Fatal comme l’âme slave, Ambre Russe ignore la demi-mesure : un sillage de passionné » tels sont les mots de Marc-Antoine Corticchiato pour présenter sa création. Dès le départ, on est surpris par un accord champagne et vodka qui vient pétiller à notre nez puis, le coeur de cuir, de thé, de bois de cade, de coriandre, de bois de bouleau et de cannelle vient nous réconforter et nous envelopper avec une chaleur et une douceur intense. Pour ma part, je ne sens pas trop le côté cuir de Russie mais plutôt le champagne, les épices et le fond ambré associé à des muscs et à une pointe d’encens. Baroque mais résolument moderne, est un parfum que j’aime depuis longtemps. Je l’ai beaucoup porté. Il porte bien son nom et nous entraîne dans une Russie imaginaire du XIXème siècle. Opulent et luxueux, c’est un parfum singulier, contemporain, unique. J’y reviendrai c’est sûr !

« Ambre » fait partie de la collection des Nombres d’Or de la très regrettée Mona di Orio. Je dois dire que, lorsque j’en ai eu un échantillon entre les mains, j’étais un peu dubitatif. En effet, je ne suis, encore une fois, pas tellement amateur de parfums ambrés mais quelle surprise lorsque je l’ai essayé ! Je suis tombé sous le charme, une fois encore, de la si belle signature de Mona. « Aussi délicieusement sensuelle qu'une soie coupée en biais, Ambre vous entraîne dans son univers avec des boucles d'ambre fumé. Le cèdre vous invite plus loin dans le mystère tandis que la vanille ajoute un coup de pied résineux légèrement sucré qui ne peut que ravir. L'ylang-ylang ajoute un glacis de savonnité innocente aux aspects Film-Noir, mais ne les obscurcit jamais complètement; qui voudrait ? Aussi simple qu'à la maison, dans un bal ou une soirée intimiste, Ambre réussit à être à la fois évocatrice d'autrefois mais aussi fraîche que demain, et toujours très, très française ». Par la suite, je l’ai porté et je me suis vraiment fait plaisir car ce n’est pas un parfum ambré comme les autres. Il est tellement original et tellement élégant que je n’ai pu que l’aimer. Il est extrêmement facile à porter et la note d’ambre est parée de bois de cèdre de l’Atlas, d’ylang-ylang des Commores qui est très présent, de benjoin, de baume de tolu et d’un absolu de vanille de Madagascar absolument pas gourmand mais presque épicé. Le développement de ce parfum sur ma peau est un merveille c’est clair. « Ambre », à l’instar de plusieurs parfums de la maison a été, après la disparition de Mona di Orio, reformulé et je dois dire que je ne le retrouve plus vraiment dans sa version récente. Il a un peu perdu son côté très facetté et délicat pour être plus « d’un bloc ». J’ai tendance à le regretter mais c’est ainsi. En tout cas, rien ne dit que je n’apprivoiserai pas cette version.

 

 

Créé par Isabelle Doyen et Camille Goutal pour Annick Goutal Paris en 2007, « Ambre Fétiche » est une petite madeleine pour moi. Je ne l’ai jamais vraiment porté sur une longue période mais il m’est arrivé, lorsque je passais par les Galeries Lafayette, de l’essayer un grand nombre de fois. Poudré, légèrement cuiré, c’est un parfum d’une rare élégance il faut bien le dire. La note d’ambre est ici travaillée avec l’encens, le labdanum, l’iris, la vanille mais aussi le géranium et le patchouli. Il en résulte un parfum profond et vraiment chic que la marque décrit ainsi : « Aller simple pour un Orient fantasmé, Ambre Fétiche est un véritable parfum de matières. Il plonge dans l’atmosphère unique des marchés orientaux où s’entremêlent des notes d’épices, de cuir et d’essences envoûtantes. Un parfum oriental où l'accord ambré de vanille et de benjoin se love dans la chaleur enveloppante des résines sur un fond de bois et de patchouli ». Quand je l’ai porté pour la première fois, il m’a un peu dérouté. Je l’ai trouvé presque trop animal et trop sophistiqué puis, contre toute attente, au bout de quelques minutes, il s’est mis à évoluer sur mon cou. Il s’est fait délicat, facetté, assez original finalement et surtout très chic. Je trouve que, comme souvent Isabelle Doyen, associée à Camille Goutal, a su vraiment garder l’esprit maison et créer un parfum que n’aurait pas renié Madame Goutal. Je le trouve dans l’esprit de « Sables », il n’est jamais too much, il est original juste ce qu’il faut et surtout il demeure facile à porter malgré sa singularité. Pour écrire cet article, je suis allé dans notre boutique lyonnaise et je remercie Catherine de me l’avoir fait redécouvrir car il est le point de départ de cet article. Je l’ai eu sur mon poignet pendant plusieurs heures pour ne pas dire toute la journée et je me suis fait vraiment plaisir.

J’en ai aussi pas mal parlé, je crois que je n’aurais sans doute pas découvert « Marienbad » créé par Daniela Roche Andrier pour la collection des Olfacstories de Prada en 2015 s’il ne m’avait évoqué ni le mythique film d’Alain Resnais avec Delphine Seyrig ni la chanson de Barbara dont le texte, une fois n’était pas coutume, était signé par le poète François Wertheimer. « Élégant et plaisant, Marienbad est un parfum baroque et distingué évoquant la vanille en tête, l'encens et le styrax pour le cœur et l'ambre musqué pour le fond ». Je n’ai pas eu une attirance immodérée pour cette très onéreuse collection mais je dois dire que « Marienbad » est l’exception qui confirme la règle. Il est d’ailleurs, comme le précédent, presque plus cuiré que réellement ambré. Il est sec, poudré, moderne et il ne ressemble à rien d’autre. En revanche, je ne ressens pas vraiment la qualité des matières premières. Il oscille entre la vanille, l’encens, cette note ambrée très présente ainsi que le styrax qui lui donne un côté très cuir poudré. Je crois discerner un peu d’iris. Je suis loin d’avoir la voix de Delphine Seyrig mais, si je me suis ennuyé en regardant le film, sa prestation est géniale. C’est pareil pour le parfum. Dans l’absolu, il aurait pu m’ennuyer mais il faut toujours voir porté et c’est vrai que, sur ma peau, il est se développe vraiment super bien. Je le trouve particulièrement agréable. Je ne l’ai pas porté depuis très longtemps mais l’avoir réessayé m’a fait envie. Un regret toutefois, pour un prix aussi élevé, j’aurais préféré pouvoir discerner des matières premières plus qualitatives. La création est belle, c’est déjà ça et puis on ne peut pas tout avoir.

C’est un coup de foudre plus qu’un coup de coeur ! Merci à l’équipe de Sens Unique à Paris de m’avoir fait découvrir « Ryder » créé par Mohamed Zhuk pour la très belle maison britannique Ex Idolo. C’est un bijou ! Comme les précédents, il est un peu cuiré, tabac, très dense car il faut dire que c’est une concentration extrait. Vraiment, ce parfum est un chef-d’oeuvre. La marque le décrit ainsi : « Ryder est un mélange enivrant de notes premium rares mélangés avec une compétence et une attention exquise aux détails. Sucrée, enfumée et luxueusement riche. Ryder fait usage de l'encens omanais ultra rare pour donner au parfum un véritable sens de l'opulence, évocateur de l'âge d'or des clubs les plus exclusifs des membres privés de Londres ». Dès l’envolée, j’ai été séduit avec ce tabac un peu miellé et ces notes d’alcool fort, le coeur de jasmin, d’ambre et de diverses résines est une merveille et le fond sombre, boisé, encens et vanille pose une fragrance d’exception. Je l’ai essayé et réessayé et je dois dire que je ne m’en lasse absolument pas. J’aime la dualité entre l’ambre, le tabac et les notes liquoreuses. C’est un cocon absolument incroyable. C’est typiquement le parfum en clair obscur le plus réussi que j’ai eu l’occasion d’essayer à ce jour. Je ne connais pas le travail de Mohamed Zhuk et s’il a travaillé pour d’autres marques mais je suis complètement séduit par « Ryder ». C’est un parfum riche, construit, évolutif et, sur ma peau, n’ayons pas peur des mots, c’est un cocon élégant et cuiré.

Et voilà, je vous ai livré mes ambres préférées et j’espère que je vous aurais inspiré. Je dois admettre que les parfums que j’ai sélectionné ont un coût et que certains (particulièrement « Marienbad ») ne sont pas toujours accessibles mais vraiment, je ne me suis pas posé de limite. J’ai seulement eu envie de suivre mes goûts et mes envies. J’ai donc compilé les ambrés que j’aime et j’espère que ça vous inspirera.