Passion Parfums

Je suis allé plusieurs fois à Saint-Gall en Suisse à l’occasion de manifestations liées à une autre passion et je connais donc les bords, très romantiques, du lac de Constance, alimenté par le Rhin, qui se situe entre Allemagne, Autriche et Suisse. À la fin de l’hiver, je trouvais le paysage très romanesque. C’est comme ça que j’ai eu l’idée de lier cette immense étendue d’eau à un parfum que j’aurais pu porter à l’époque. J’ai adoré les promenade avec mon chien à l’époque donc j’ai opté pour un parfum un peu enveloppant mais vraiment plein de mousse de chêne. Les rives suisse du lac sont très belles et un peu sauvages. De ce fait, j’ai pensé à un un parfum très « mousse de chêne » que j’ai découvert il y a peu de temps et dont je vous ai déjà parlé. Il s’agit de « Mossland 12.09 » créé en 2024 par Bertrand Duchaufour pour la toute récente marque Neydo. Il est inspiré d’un rêve de Roberto, fondateur de la marque : « Le froid me fait frissonner. Je me rends compte que le vent s'engouffre dans mes cheveux. Je suis en train de voler ! Et, à ma grande surprise, je suis complètement nue. J'en ai le souffle coupé, mais je n'ai pas le temps d'être pudique. Je dois me concentrer sur mon atterrissage. Je plonge de nuage en nuage, étourdie par l'adrénaline. Juste avant que tout ne devienne noir, un bruissement de feuilles me ramène sur terre. Leur bruit emplit mes oreilles alors que je traverse la canopée d'une forêt verdoyante. Les battements de mon cœur se calment peu à peu. Je peux enfin observer ce qui m'entoure. Des cèdres blancs et des cyprès. Ma peau se met de nouveau à picoter. Il faut que je trouve de quoi me couvrir ! J'avance, reconnaissante d'être sur la terre ferme. Dans une clairière, je me couvre de mousse veloutée qu'on retrouve sur le sol de la forêt. Mon corps se réchauffe enfin et j'ai hâte d'explorer. Je me tresse une couronne de genévrier et de vétiver, et je respire l'air légèrement sucré qui n'a rien à voir avec le brouillard épais de la ville. Mes pas deviennent plus légers. Je bois le nectar laiteux des fleurs et je grimpe aux arbres les plus hauts. Toute la forêt scintille de la rosée du matin. Je vis ici désormais ».

Il y a quelque chose d’inclassable dans « Mossland 12.09 » et l’envolée de cyprès se pare de baie de genévrier et de poivre rose qui lui donnent un certain pep’s mais aussi beaucoup de singularité qui va se renforcer avec un coeur principalement épicé de clou de girofle et de cèdre. Le fond, très « moussu » et presque salé avec l’ambre gris se fait aussi un peu racinaire en se terminant complètement sur le côté frais et racinaire d’un vétiver très élégant mais aussi travaillé de manière naturaliste. Il m’évoque tout à fait un mois d’avril sur les bords du lac de Constance, plutôt du côté suisse que je connais mieux. Il est tôt, je viens d’arriver après des kilomètres joyeux en voiture avec des amis. Je suis là pour un évènement bien précis mais cela n’empêche rien, je n’ai qu’une envie, aller me promener brièvement avec ma chienne pour qu’elle se dégourdisse un peu les pattes. Le soleil se lève sur le lac, l’eau se fait un peu verte mais aussi légèrement irisée. J’imagine avoir dans la tête une mélodie de Satie ou encore les mots d’un poème de Prévert. Je ne sais pas pourquoi je pense à cela mais, le composite de tout m’évoque ce parfum très élégant et, en même temps, un peu empreint d’une sorte de mélange de couleurs aux contours flous comme un tableau impressionniste. Les arbres sont plein de verdure, un peu de mousse sur leur tronc. Au loin une autre ville commence à allumer ses lumières. Je rêvasse mais il faut y aller, la journée va commencer et le parfum s’atténue. En tout cas, ces sensations que j’ai pu vivre, se mêlent très bien avec l’effluve de « Mossland 12.09 » est bien adaptée à cette rêverie au bord de l’eau.