Passion Parfums

Je ne sais pas si l’on peut considérer les séjours en Normandie, sur la Côte Fleurie comme un carnet de voyages mais je vais considérer que c’est le cas. Deauville est un endroit que j’aime et que je connais particulièrement. C’est une station balnéaire très désuète qui a souvent inspirer les écrivains français mais aussi anglais. J’y ai fait plusieurs séjours dans ma vie et je crois que son charme suranné a toujours opéré sur moi. Les maisons de front de mer, la plage avec les cabines des acteurs hollywoodiens de l’âge d’or d’Hollywood autant que les petits restaurants me séduisent. J’ai aimé les promenade avec mes chiens, seul, en rêvassant, tôt le matin autant que l’élégance un peu vieillotte du salon de thé où j’avais mes habitudes. Deauville est une ville de roman, un peu figée au début du XXème siècle et je trouve qu’elle incite à la rêverie. C’est comme si l’on apercevait la beauté tendre des côtes du sud de l’Angleterre qui lui répondrait avec des petites villes comme Brighton ou Bristol. C’est donc dans cette ambiance franco-britannique qui m’est chère que j’ai décidé, un thé à la main, d’écrire cet article. Le choix du parfum qui m’évoquerait cette ville a été compliqué. J’ai pensé pas mal à « Blenheim Bouquet » de Penhaligon’s pour le côté « à l’ancienne » et je crois qu’il aurait pu très bien convenir mais, finalement, j’ai pris un peu le contrepied avec une création de James Heeley pour sa maison éponyme. J’ai nommé « Sel Marin » que j’ai quand même beaucoup porté il y a des années.

« Les premiers reflets de citron et bergamote se retirent pour révéler des notes aquatiques et vertes, tandis que le vétiver et de petits copeaux de cèdre et de bouleau sèchent lentement dans le sable à l’air iodé ». En général, je n’aime pas du tout les parfums marins et surtout quand ils sont blindés de calone mais ce n’est pas le cas de cette composition très intemporelle. L’envolée, très vive, de citron et de bergamote nous conduit sur un coeur très aquatique où le parfumeur a troqué la molécule évidente contre un extrait d’algues qui me rappelle un peu celui utilisé par Marc-Antoine Corticchiato dans « Acqua di Scandola », et il a forcé un peu le côté sel et mousse pour un rendu très léger mais tout de même vraiment persistant. Le fond de cèdre et de muscs blancs assurent à la composition une tenue très longue et un sillage assez important sur ma peau, ce qui était inattendu. Lorsque je le porte, j’ai quand même la sensation de me retrouver sur la plage de Deauville alors que les peintres sortent leur matériel pour croquer la mer. Il fait beau, frais, c’est le matin et la petite ville s’éveille. Mon chien cours sur la plage et tout est là où il faut. Pour moi, c’est un bon moment associé à des effluves confortablement rassurantes.