Mes créations préférées chez L'Artisan Parfumeur
J’ai déjà parlé maintes fois de L’Artisan Parfumeur mais je n’avais jamais fait encore de revue de mes créations préférées. Avec les suppressions, les « retours en stock » et une politique de vente qui n’est pas toujours de mon goût, je dois admettre que je suis un peu perdu parfois avec cette marque et notamment sa collection classique. Ceci dit, je suis vraiment très séduit, et depuis longtemps, par pas mal de parfums de la marque même si, c’est vrai, j’y suis venu sur le tard. Je vais donc essayer de vous faire un petit récapitulatif de mes préférences parmi ceux qui sont actuellement disponibles mais, il faut le dire, depuis le rachat, c’est très fluctuant. J’espère donc ne pas vous faire des envies de découvertes que vous ne pourrez pas faire. En tout cas, je vous emmène avec moi dans un univers que je trouve moderne, voire même intemporel et, de toute manière, indémodable. Je ne reviendrai pas sur « Mûre et Musc » et « Mûre et Musc Extrême » car il faudrait que je leur consacre un article à part entière tant ils sont incontournables. J’ai également évité « Bana Banana » car, s’il est pour l’instant encore disponible, il va être supprimé et je le regrette bien car il faisait partie de ceux dont j’aurais voulu parler. Je me suis concentré sur d’autres créations dont certaines, déjà anciennes, sont devenues des incontournables de la maison.
Je vais commencer, une fois n’est pas coutume par mon coup de coeur absolu. Il s’agit bien évidemment de « Tea For Two » créé en 2000 par Olivia Giacobetti et qui fut mon premier parfum de cette collection. Je l’aime et je ne m’en lasse pas du tout. Il est atypique, enveloppant, très addictif pour moi. « L'évocation d'un thé de Chine dans un sillage chaleureux teinté d'épices et de miel ». C’est un lapsang souchong fumé, épicé et dont les effluves sont particulièrement belles à partager avec un départ de bergamote et badiane, un coeur de cannelle, de muscade et de gingembre et un fond miellé de thé fumé soutenu par la vanille et le bois de gaïac avec une facette tabac. Au départ, quand je l’ai découvert, il m’a dérouté et j’ai quand même eu envie de le tester sur ma peau. Je dois dire que j’ai adoré. Il s’est révélé complètement et il s’est fondu pour donner plus qu’un parfum, une signature. Je l’ai énormément porté mais je dois bien dire que j’étais très désolé lorsque j’ai appris qu’il était supprimé il y a quelques mois aussi quand j’ai été averti qu’il revenait dans le stock, ça m’a fait plaisir. En tout cas, pour moi, « Tea For Two » est un grand parfum de la marque mais également d’Olivia Giacobetti dont j’apprécie vraiment le travail.
Je ne suis pas toujours attiré par le travail de Michel Almairac mais vraiment j’ai un coup de coeur pour « Voleur de Roses » qu’il a créé pour la marque en 1993 et que je trouve particulièrement réussi et élégant. « Une roseraie après l'orage. Des odeurs de terre humide, de branches cassées et de pétales ». Avec son départ de prune confite, presque liquoreuse, son coeur de roses un peu profondes, presque truffées et son fond de patchouli, je le trouve particulièrement original et je comprends pourquoi on m’a si souvent conseillé ce parfum car il entre parfaitement dans mes goûts et aussi parce que la concentration eau de toilette lui convient parfaitement. Faussement capiteux à la vaporisation, il s’assagit sur ma peau tout en gardant sa singularité. Plus facile à porter que ce que je pensais, il m’enveloppe et me mets de très bonne humeur. Je pourrais vraiment le porter sans problème. Je me demande d’ailleurs si je ne vais pas craquer dans un avenir proche car, vraiment, cette balade dans une roseraie humide, je l’emmènerai bien avec moi. Sa construction est presque chyprée et ceci explique peut-être cela.
J’ai découvert très récemment « Méchant Loup » à côté duquel j’étais complètement passé alors qu’il a été créé par Bertrand Duchaufour en 1997. Vraiment, il me plait beaucoup et je crois qu’il a beaucoup de succès. « Un portrait abstrait du noisetier, dans un accord qui dessine des senteurs de forêt et s'attendrit d'une note gourmande ». C’est un boisé et, en général, je ne suis pas vraiment un fan de cette famille olfactive or il est l’une des exceptions qui confirme la règle. D’une originalité dingue, il mêle des notes de bois de noisetier, de miel et de réglisse. Je trouve que Bertrand Duchaufour a vraiment effectué un travail tout en originalité et, en même temps, en finesse. Sur la peau, en tout cas sur la mienne, « Méchant Loup » s’intensifie, prend de l’ampleur, se fait beau, élégant voire même addictif tout en gardant une vraie identité. Je trouve qu’il ne ressemble à rien d’autre. Il est comme un petit air au creux de l’oreille qui n’en finit pas de nous faire fredonner. Je crois qu’il se vend plus volontiers aux hommes mais je le suppose vraiment très beau sur une peau féminine. En tout cas, il est, pour moi, typique de ce que voulait Jean Laporte fondateur de la marque, une parfumerie alternative, à contre-courant, qui va vraiment apporter un grand plaisir aux amateurs mais aussi à ceux qui découvrent la parfumerie plus confidentielle.
Créé par Olivia Giacobetti en 2006, « Fou d’Absinthe » n’est pas forcément pour moi mais je dois bien dire que j’ai toujours autant de plaisir à le sentir. C’est un parfum aromatique, très chic et qui a tout pour être un classique. « Une forêt des Pyrénées. Des crissements, des crépitements. L'absinthe givrée s'embrase au contact des épices, des baumes, des aiguilles de pin et du patchouli ». Baumé, résineux, aromatique autant qu’épicé, avec des notes d’aiguilles de pin, de badiane et de patchouli en fond et entre autres, il se pose sur la peau et recrée un peu l’effluve d’une absinthe rêvée et venue du temps révolu où elle tournait la tête de Verlaine et Rimbaud. C’est sur les traces de Paul et d’Arthur que nous entraine la parfumeure avec un parfum dense, un peu vintage, terriblement chic et un peu subversif quand même. En tout cas, je me suis fait plaisir, comme à chaque fois, à y remettre mon nez et ma peau pour écrire mon article. Je le trouve un peu trop opulent pour moi et j’aurais sans doute du mal à le porter mais il n’en demeure pas moins, pour moi, une parfaite réussite.
C’est un de mes amis qui se reconnaitra qui m’a fait découvrir « Dzongkha », créé en 2006 par Bertrand Duchaufour et je dois bien dire que c’est une révélation à plus d’un titre. « Un voyage au Bhoutan, dans les montagnes sacrées de l’Himalaya ». C’est un encens mais frais et chaud à la fois, un clair obscur avec des notes de cuir profondes, d’agrumes fines et fraîches et de bois. Je le trouve vraiment atypique. Après un départ très épicé, l’encens arrive en filigrane comme des alluvions au fond d’un cours d’eau. Il soutient la fragrance mais n’est jamais omniprésent. Sur ma peau, je me dis que le mot que je puisse employer est simplement équilibré. C’est un parfum facetté, tout en finesse, tout en nuances, qui nous emmène certes en voyage mais aussi qui nous rend un peu une âme d’aventurier. Je l’ai beaucoup senti sur une peau masculine et je trouve qu’il en émane une grande sensualité alors que sur une femme, il est surtout d’une parfaite élégance. « Dzongkha » est une fragrance que j’hésite à m’approprier mais vraiment je l’aime beaucoup.
Je n’aime pas tellement la vanille mais j’adore « Couleur Vanille » créé en 2020 par Aliénor Massenet et je voudrais dire un grand merci à Noëlle, qui se reconnaitra aussi, de m’avoir bousculé en me poussant à l’essayer sur ma peau. Quand il est sorti, je faisais un peu la gueule car vraiment c’est une note qui ne m’attire pas et pourtant, ce parfum est, pour moi, sans doute l’un des plus beaux de la maison et, je pèse mes mots, du marché. « Une vanille salée, inspirée par la douceur des alizés et créée autour de notre qualité d’extrait de Vanille ». Avec un départ de sel de mer, un coeur de vanille très naturelle et très qualitative de Madagascar et d’immortelle corse ce parfum se pose sur des notes humides et boisées. Si ça ce n’est pas une invitation au voyage ! J’ai fait de la voile quand j’étais très jeune et j’ai toujours aimé la mer. Avec « Couleur Vanille », Aliénor Massenet prouve une fois encore qu’elle est une magicienne. Elle nous entraîne sur le pont d’un bateau qui transporterait la plus délicate, la plus précieuse des vanilles. Je n’aime pas dire ça mais c’est réellement un parfum racé. Je suis littéralement emballé par « Couleur Vanille ». C’est devenu, pour moi, un incontournable.
Je vais finir cet article par un classique de la marque qui a bien failli disparaitre corps et biens il y a quelques mois. Il s’agit bien évidemment de « Bois Farine » créé en 2003 par Jean-Claude Ellena et qui vient de refaire surface dans le stock après avoir été supprimé. Que dire sinon que plus atypique, c’est difficile. Je l’ai essayé un jour avant d’aller au cinéma et j’en ai profité durant tout le film ! « Un accord de bois blancs et d'iris délicatement poudré, inspiré par le parfum d'un arbre de la Réunion aux accents de farine et de pâte à gâteau ». Je pense que c’est l’un parfums les plus singuliers qu’il m’ait été donné de porter et il faut dire qu’il n’est pas forcément facile à aborder car les notes de tête sont quasi-inexistantes et on entre très vite dans le vif du sujet. Un accent de blé, de farine même, est associé à des notes d’iris et de musc. Il me faut bien dire que je le trouve vraiment très addictif et que Jean-Claude Ellena a bâti plus qu’un parfum, un document olfactif. « Bois Farine » est comme un manifeste de ce que l’on peut faire de plus original en parfumerie et qui pourrait bien vous donner un choc olfactif si vous ne le connaissez pas. « Bois Farine » est un parfum pas facile, pas commode à porter mais diaboliquement bien réussi.
Je regrette, bien évidemment plein de parfums de la marque tels, par exemple, « Thé pour un Été », « Traversée du Bosphore », « Poivre Piquant », « Piment Brûlant », « Patchouli Patch », « Nuit de Tubéreuse », « Mimosa pour Moi », « L’Eau de L’Artisan » et bien évidemment, les effluves jasminées de « Bana Banana » qui va disparaitre mais force m’est de constater qu’il reste beaucoup de belles choses à essayer, à porter ou à sentir. Bravo à Bertrand Duchaufour, Anne Flipo, Celine Ellena, Karine Vinchon Spehner, Elisabeth Maier, Jean-Claude Ellena, Dora Baghriche, Jean-Francois Laporte, Alienor Massenet, Olivia Giacobetti, Marie Salamagne, Karine Dubreuil-Sereni, Jacques Fraysse, Christophe Raynaud, Akiko Kamei, Evelyne Boulanger, Stephanie Bakouche, Michel Almairac, Fabrice Pellegrin, Daphné Bugey, Quentin Bisch, Alexandra Carlin, Alberto Morillas et Juliette Karagueuzoglou qui ont continué avec talent l’oeuvre de Jean Laporte et amené la marque où elle est. J’espère qu’à l’avenir, le groupe Puig, détenteur de la marque, aura toujours autant de respect pour le travail des parfumeurs mais aussi que certains gérants de parfumerie qui distribuent la marque seront moins malmenés par la politique commerciale.
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