Passion Parfums

S’il est une maison de parfums que j’aime depuis toujours c’est bien Annick Goutal devenue, hélas, il y a quelques années Goutal Parsi et perdant ainsi une partie de son identité au même titre que ses flacons iconiques et historiques. Heureusement, et c’est le plus important, la presque totalité des parfums a su garder une qualité constante malgré des reformulations. J’ai porté pas mal de parfums Goutal et j’en redécouvre vraiment souvent qui me plaisent. J’ai donc décidé, pour les 40 ans de la marque, d’écrire un petit hommage à Annick Goutal, la fondatrice, qui a imaginé des parfums complètement à contre-courant de ce qui se faisait en 1981. Disparue prématurément en 1999, elle aura marqué la parfumerie de son empreinte de femme érudite, élégante et complètement versée dans les arts. Tour à tour mannequin, pianiste ou antiquaire, la géniale touche à tout a appris la parfumerie et a cassé les codes. Elle a également su s’entourer puisqu’elle a travaillé en collaboration avec Isabelle Doyen, maître parfumeur dont le talent n’est plus à démontrer. Aujourd’hui, sa fille Camille, à qui elle avait dédié « Petite Chérie » pour son vingtième anniversaire, dirige artistiquement la maison et, si Isabelle Doyen a cédé la place pour la création de plusieurs parfums, notamment la collection des Oiseaux de Nuit », la maison continue avec son aura de niche un peu à part dans le monde de la parfumerie. Goutal et moi, c’est une belle histoire qui a commencé il y a presque trente ans lorsque mes parents ont découvert, en se baladant à Paris, un parfum, « L’Eau d’Hadrien » qui allait changer nos habitudes olfactives.

"Mandragore Pourpre"

Pour ma part, tout commence quelques années plus tard, c’est avec « Sables » que nait mon attachement pour la marque. Je l’ai essayé dans l’une des boutiques parisiennes. J’ai traversé la place Saint Sulpice et je suis revenu sur mes pas pour l’acheter. Une overdose d’immortelle, du poivre, du clou de girofle et le tour était joué. « Sables », alors en concentration eau de toilette était devenu l’un de mes incontournables. Je l’ai raconté mais je le portait alternativement avec un parfum de designer, « Cristobal pour Homme » de Balenciaga. Il m’a accompagné des années puis, petit à petit, il y a eu d’autres créations. Dans le désordre, j’ai porté « L’Eau du Fier » qui n’existe plus aujourd’hui et qui était un cuir de Russie très goudronné, « Mandragore » puis « Mandragore Pourpre », deux aromatiques très singuliers (je porte encore le second) qui m’ont réconcilié avec avec cette famille olfactive qui m’était un peu étrangère. Je l’ai retrouvé il y a deux ans avec un grand plaisir. Puis, je me suis fait plus audacieux en tentant des parfums estampillés féminins comme « Chèvrefeuille » ou encore « L’Île au Thé » (quoi qu’il existait je crois aussi dans le flacon masculin à sa sortie) mais aussi « L’Heure Exquise », « Un Matin d’Orage » (version eau de toilette) et, bien évidemment « Mon Parfum Chéri » hélas discontinué et qui a été l’un des grands parfums de ma vie et que j’ai retrouvé avec un immense plaisir il y a quelques semaines en édition limitée. J’ai aussi eu un vrai coup de coeur pour « Passion » lorsque je l’ai redécouvert il y a quelques temps et il demeure dans un coin de ma tête.

"Mon Parfum Chéri"

Chaque parfum Goutal que je porte ou que j’ai porté est une aventure, une addiction totale pour une signature qui, plus de vingt ans après la disparition de la fondatrice de la maison, persiste, dure et vient au plus près de moi bien souvent. Je voulais, en quelques ligne, saluer le travail tout à fait « sensible » de Madame Goutal mais aussi d’Isabelle Doyen et de sa fille Camille. En tout cas, je suis complètement fan des parfums que je porte ou que je sens autour de moi (« Ninfeo Mio », « L’Eau d’Hadrien »). Pour moi, Goutal Paris a su garder son identité tout en étant vendue et revendue à des groupes financier. C’est assez rare pour être mentionné. Si vous avez un moment, vous pouvez découvrir ou redécouvrir les parfums de cette si singulière et délicate maison.