Passion Parfums

Je trouve que Patricia de Nicolaï a une manière très personnelle de travailler les notes de cuir et de tabac. Entre classicisme et originalité, elle oscille toujours et je dois dire que, si j’ai été très content, il y a quelques temps, de découvrir largement le travail qu’elle effectue pour la marque car il recèle des merveilles, c’est pour deux parfums que j’ai vraiment craqué. J’ai beaucoup de chance car ils m’ont été offerts. Le premier « Baïkal Leather » durant notre dernier séjour à Paris et je viens de recevoir « Cuir Cuba », le second. Je voudrais remercier chaleureusement les deux personnes qui ont pensé que ces créations pourraient me plaire car ils sont tombés juste à chaque fois. J’ai déjà un peu parlé de ces deux fragrances dans mon article sur la marque mais je me suis dit qu’il était judicieux de les faire figurer dans la rubrique de « Mes parfums préférés » car, cet hiver, je les porte pas mal et ils sont devenus récurrents en peu de temps. Tous deux font partie de la collection des intenses aussi il faut que je me parfume avec une certaine parcimonie lorsque je décide de les adopter pour la journée.

« Baïkal Leather Intense » fut mon tout premier coup de coeur dans la marque et je dois dire que, dès que je l’ai senti, j’ai eu envie d’y revenir encore et encore. Créé par Patricia de Nicolaï en 2019, il fait partie des parfums qui devraient devenir un incontournable de la maison. Il est décrit de la manière suivante : « La facette cuir de Baïkal Leather Intense est apportée principalement par le mélange de deux notes boisées sèches : l’essence bois de gaïac et l’essence de pin fumé. Ce duo puissant est révélé par un départ fusant de yuzu, de poivre et de safran tandis que la facette aromatique de menthe crêpue complète la note de tête. Le coeur floral rose-violette enrobe le cuir, adouci par un fond beurre d’iris, fèves tonka et musc blanc ». Pour moi, c’est, en quelque sorte un retour au cuir de Russie à l’ancienne mais avec un twist résolument contemporain. Le départ est à la fois frais et la bergamote est remplacée ici par le yuzu plus acidulé et épicé par des notes de poivre noir et de safran avant d’évoluer sur un coeur de bouleau associé à la violette, à la rose et au beurre d’iris qui donnent au jus une facette légèrement poudrée et très sèche. Le fond est une dualité entre des notes boisées comme le santal et le vétiver et la rondeur d’une fève tonka bien présente. Pour moi, c’est un parfum d’hiver froid et je trouve qu’il porte bien son nom car il pourrait effectivement être porté dans les plaines enneigées d’une Russie rêvée durant une balade en traîneau sous un plaid à la fois chaud et soyeux avec un verre de thé au citron brûlant. Il a un côté très sec et très moderne et pourtant je ne peux m’empêcher des anciens cuirs de Russie qui sont arrivés jusqu’à moi et que j’ai eu la chance de sentir. J’ai beaucoup porté « Baïkal Leather Intense » durant ces dernières semaines et je dois dire que j’ai, à chaque fois que je le choisis, le même plaisir à le sentir autour de moi. C’est un parfum pour soi. S’il a une tenue redoutable, son sillage est extrêmement modéré et, de ce fait, il me convient parfaitement.

 

 

 

J’ai été tout d’abord déstabilisé par « Cuir Cuba Intense », créé en 2014 par Patricia de Nicolaï lorsque je l’ai découvert durant notre visite parisienne de la boutique au mois d’octobre 2020 car, plus qu’un cuir, j’ai trouvé qu’il était un tabac épicé. La marque le décrit ainsi : « Cette interprétation de l’odeur feuille de tabac séchée transporte au coeur d’une boîte à cigare. Avant de dérouler son sillage chaleureux et intense, il surprend par un départ réglissé frais et la délicatesse de pétales de magnolia ». Le départ de bois de réglisse m’a tout de suite interpellé et s’il est associé au citron de Sicile qui a quelque chose de vraiment particulier à la menthe crépue, c’est surtout, sur ma peau, la note d’anis qui se détache et qui est très vite rejointe par un coeur aromatique et délicatement fleuri construit autour de la sauge et de la lavande avec des accents de géranium, d’ylang ylang et de magnolia épicé de coriandre. Le fond est indéniablement tabac et patchouli. Pour moi, « Cuir Cuba » fait partie des créations les plus étonnantes que j’ai pu découvrir parmi celles inventées par Patricia de Nicolaï et je conçois qu’il soit un des bests car il est complètement addictif. À mon retour de Paris, je remettais sans cesse mon nez dans la dose d’essai qui m’avait été offerte et je dois dire que je suis enchanté de pouvoir le porter maintenant. Patricia de Nicolaï parle de l’odeur d’une cave à cigare mais j’avoue que le parfum m’évoque plutôt les clubs de jazz qui fleurissaient dans les caves de Saint-Germain-des-Prés. Je trouve que « Cuir Cuba Intense » n’est pas forcément exotique. Il me fait plutôt voyager dans le temps et dans une certaine culture. Je ne sais pas pourquoi mais je l’imagine porté par les âmes de ce quartier de la Rive Gauche tout de suite après la guerre. Il y a quelque chose de joyeux et de jubilatoire à le sentir et encore plus à le porter. Je suis complètement sous le charme.

 

 

 

Pour résumer mes impressions, je dirai que je suis vraiment très amateur de l’univers de Patricia de Nicolaï et particulièrement de son travail autour du cuir et du tabac. Je ne saurais que trop remercier une fois encore les deux personnes qui ont parfaitement ciblé mes goûts et m’ont offert ces deux fragrances que je rachèterai immanquablement lorsque les flacons seront terminés. Ce sont des pépites de la parfumerie indépendantes et quel plaisir de les avoir découverts !