Mes parfums préférés : "Coromandel"
« Mademoiselle Chanel savait saisir les styles, les bouleverser avec talent. Ainsi, couvrit-elle les murs de ses appartements parisiens de précieux paravents de Coromandel, ornés de fleurs asiatiques et mystérieuses. Les notes intensément ambrées de Coromandel reflètent cet envoûtement voluptueux ». Il y a les beaux parfums et les grands parfums. « Coromandel », créé par Jacques Polge dans les années 2000 puis reformulé en eau de parfum en 2016 pour la collection des Exclusifs de Chanel fait partie de la seconde catégorie. Son nom est inspiré des paravent chinois si chers à Gabrielle Chanel et il est vrai qu’il y a comme quelque chose d’exotique dans ce parfum. Il me fait penser à plusieurs ambiances mais surtout, il m’évoque irrémédiablement les années trente. Je pense qu’il aurait pu être porter par les héros ou les héroïnes d’Agatha Christie et même de Daphne du Maurier. J’imagine un train, le Trans-Europ-Express ou même l’Orient-Express avec ses parements Lalique dans le wagon restaurant et un homme tiré à quatre épingles buvant un whisky en fumant une cigarette américaine. Il aurait aussi pu aussi être porté par une femme, pourquoi pas Shanghaï Lily interprétée par Marlene Dietrich dans une délicieuse chinoiserie des années trente réalisée par Josef von Sternberg. Lorsque je le sens, les images affluent. S’il était un tableau, ce serait, pour moi, un Tamara de Lempicka avec un côté à la fois faussement réaliste et vraiment stylisé. C’est un travail oriental autour du patchouli comme je n’en n’avais jamais senti. Excentrique, baroque, intemporel, il n’est jamais too much et je trouve qu’il a quelque chose de totalement contemporain tout en restant un hommage à une époque glamour, entre dandys et femmes en robes de Patou, fume-cigarettes et smokings. Androgyne en diable, « Coromandel » est sans doute l’un des parfums, avec « Cuir de Russie » de la collection des Exclusifs de Chanel que je préfère et pourtant, je les aime presque tous.
Et si on parlait de sa pyramide olfactive. Jacques Polge l’a assez peu développée sur les écrits que j’ai pu trouver mais je sens quand même, à l’envolée, une note d’encens fugace mais qui permet de rendre la fragrance très singulière. Le patchouli arrive dès les notes de coeur avec un côté à la fois rond et boisé sur ma peau. Là, il est travaillé un peu en légèreté curieusement et ne va jamais être terreux ou racinaire. Il est presque comme un bois qui n’existe pas en réalité. Le fond est très ambre gris avec sans doute des notes de benjoin ou d’un baume rappelant un peu le Papier d’Arménie en fin de combustion. Sur ma peau, pendant que j’écris, « Coromandel » m’offre plein de petites facettes profondes ou légères. Très singulier, presque comme un tableau pointilliste, ce parfum est comme une volute poétique et passionnelle. J’aime beaucoup le sentir mais également le porter. Il matche merveilleusement bien sur ma peau et je me dis qu’il rejoint vraiment les plus belles fragrances que j’ai peu découvrir au cours de ces années de passion. Je remercie chaleureusement Sébastien qui, lors de la formation Chanel qu’il a animé en janvier et de nos nombreuses discussions, me l’a fait redécouvrir et même essayer car je l’avais un peu oublié et je le retrouve avec plaisir. Comme quoi, partager nos expériences parfumées est toujours source de belles découvertes ou redécouvertes.
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