Mes parfums préférés : "Sables" d'Annick Goutal
Il est des parfums qui nous accompagnent toute une vie même s’il nous arrive de les oublier un peu durant quelques années. Je ne pouvais pas ne pas parler de « Sables » créé par Annick Goutal et Isabelle Doyen en 1985 car je le porte depuis tellement longtemps que je n’arrive même plus à me souvenir en quelle année je l’ai découvert. Je l’avais abandonné durant quelques temps car certaines des reformulations ne me plaisaient pas aussi n’avais-je pas vraiment d’attente lorsque la maison, devenue Goutal Paris, l’a sorti en eau de parfum et ma surprise fut totale car, en l’essayant, j’ai retrouvé l’esprit de l’ancienne eau de toilette. Je me suis fait très plaisir à le laisser évoluer sur moi toute la journée et j’ai craqué, je l’ai repris. Je ne le regrette pas car si nos amours sont parfois contrariées, elles n’en restent pas moins bien douces parfois.
C’est après avoir créé des fragrances soient hespéridées soient franchement florales ou même chyprées, qu'Annick Goutal, avec le concours de la très créative Isabelle Doyen, qu’elle décide de tenter l’aventure d’un oriental pour homme même si je considère « Sables » comme foncièrement mixte. Elle va donc travailler un parfum avec, en son coeur, une overdose d’immortelle encore jamais tentée par les parfumeurs de l’époque. Pour expliquer comment je l’ai découvert, je dois vous dire que mon papa porte, depuis de nombreuses années, « L’Eau d’Hadrien » en eau de toilette et, à une certaine époque, il ne le trouvait pas à Lyon donc me chargeait de le lui acheter à la boutique parisienne de la place Saint Sulpice ou celle de la rue de Castiglione. C’est dans celle-ci que j’ai donc eu l’occasion, dans la fin des années 90, d’essayer « Sables ». Je l’ai tellement aimé, que je me le suis offert tout de suite. Je l’ai porté alternativement avec « Cristobal pour Homme » de Balanciaga et « Habit Rouge » de Guerlain durant de très nombreuses années.
« Sables » est clivant, on l’aime ou il nous rebute. Il est sec, puissant, atypique et complètement hors norme. Le départ d’épices est construit autour de l’immortelle, le poivre et le thé noir prennent le relais pour se poser sur un fond très ambré et enveloppant tout en restant un peu boisé. C’est pourtant vrai qu’il évoque le désert, entre étendues à perte de vue et oasis salvarices. Je trouve que, encore aujourd’hui, il ne ressemble à rien d’autres.
Que faut-il pour aimer « Sables » ? Avoir le goût de l’immortelle, apprécier les orientaux qui n’en sont pas, faire tomber toutes les barrières et les idées préconçues sur les parfums. Il me semble être, sans doute, l’un des plus beaux parfums que je porte souvent. Il me surprend à chaque foi même si je le connais bien. Il a quelque chose de très envoûtant, d’unique. C’est un parfum qui a du caractère et qui en impose. J’étais très réfractaire lorsque la maison Annick Goutal est devenue Goutal Paris avec un changement de flaconnage que je n'aimais pas. Pourtant, je dois dire que cette reformulation de « Sables » est une vraie réussite.
Pour moi créer ce parfum était comme atteindre la quadrature du cercle. Personne n’aurait osé, à cette époque, être à ce point à contre-courant des tendances, des modes et du goût du public et pourtant Annick Goutal a réussi à créer une fragrance qui a, encore aujourd’hui, ses adeptes, jeunes, moins jeunes, excentriques ou sages. Il est devenu un classique de la parfumerie d’auteur et a duré bien plus longtemps que ce que durent les fleurs. L’audace réussit parfois. Elle est peut-être le secret d’un succès inattendu et évident à la fois.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 223 autres membres