Passion Parfums

Quand j’ai découvert Pro Fvmvm Roma ( ou Profumum Roma), j’ai été très réfractaire et, je le dis sans concession, la maison n’est pas du tout un coup de coeur. Cependant, plusieurs d’entre-vous m’ont demandé de m’y pencher et d’en extraire mes préférés. J’ai donc décidé d’être consciencieux et de découvrir la quasi totalité de l’importante collection. J’y suis allé petit à petit car la haute concentration et le côté huileux des parfums demande qu’on prenne un peu le temps d’apprécier les compositions. Je vais être honnête, je les trouve, pour la plupart, assez simplistes y compris dans leur évolution et, même si je reconnais la qualité des jus, leur manque d’originalité m’a un peu ennuyé mais il y en a quelques uns dans lesquels le côté qualitatif a su me séduire. Le côté « déjà senti » m’a un peu agacé mais je dois admettre qu’il faut un peu les attendre et les essayer sur la peau avant de se prononcer. Je ne sais pas si je franchirai le cap car je les trouve quand même onéreux par apport à l’envie que j’en ai mais j’ai ouvert mon esprit et essayé de laisser ma première impression derrière moi pour vous offrir une petite revue. J’ai retenu quatre créations qui m’ont quand même séduit. Pour une fois, je ne vais pas être subjectif mais garder un peu d’objectivité ce qui n’est pas vraiment facile en parfumerie.

Lancé en 1996, « Soavissima » est vraiment, pour moi, l’un des parfums les plus élégants de la collection. Il n’est pas sans rappeler « Teint de Neige » de Lorenzo Villoresi en moins ambré et encore plus « poudre de riz ». Avec un départ de fleurs blanches, un coeur d’iris, et un fond d’ambre, il est vraiment très agréable. C’est un féminin cosmétique et classique. Pour moi, et je n’aime pas dire ça, il est un peu difficile à porter pour un homme mais il s’inscrit parfaitement dans ce que la parfumerie italienne a de plus beau. La marque le décrit ainsi : « Une femme sublime, à l’aura envoûtante, descend les marches. Sa robe de soie noire épouse parfaitement la blancheur de sa peau, tandis qu’un grand chapeau dissimule en partie son visage. Son sillage cousu de notes poudrées, ambrées et crémeuses,  souligne divinement l’arrondi de ses courbes. Ce parfum, c’est Soavissima, la quintessence de la féminité ». Pour moi, « Soavissima » peut parfaitement entrer dans la catégorie des beaux parfums classiques. Je dois dire que je l’ai essayé sur la peau et que son évolution est plutôt très jolie. Sa tenue est assez exceptionnelle et c’est un compromis pour celles et ceux (pourquoi pas) qui veulent entrer dans une concentration extrait. Il fait partie de mes préférés.

La marque décrit ainsi « Confetto » également lancé en 1996 : « Un parfum qu’on imagine volontiers sur une femme souriante et ingénue. Réminiscence de l’enfance avec ses notes amandées de pâte à modeler, Confetto célèbre la joie de vivre dans une fragrance généreuse et réconfortante ». Pour ma part, et j’en avais déjà parlé, je le trouve profondément mixte. C’est d’ailleurs Damien, qui suit ce blog depuis le début ou presque, qui me l’a conseillé. Il est vrai que je suis là complètement dans ma zone de confort et je trouve que l’ouverture d’amande amère, le coeur d’anis et le fond ambré, vanillé et musqué lui confèrent quelque chose d’addictif. Il n’est jamais écoeurant et c’est un travail tout en délicatesse. Je dois admettre que je le porterai assez facilement. Je trouve qu’il se fond très bien avec la peau. Il a une évolution assez limitée. Je le trouve complètement linéaire ce qui n’est pas tellement un désavantage car j’aime beaucoup la note de tête. En tout cas, il est assez éloigné des notes de mimosa, d’amande ou d’héliotrope que je connais et que je porte facilement. Il garde un côté frais et un peu amer qui n’est pas nécessairement pour me déplaire. Ne nous y trompons pas, il est quand même très enveloppant et il faut le porter avec une certaine parcimonie. En tout cas, il est sans doute celui que je porterai le plus aisément.

« Souvenir d’une traversée en bateau de la Toscane vers la Sardaigne, par une belle journée d’été de 1966. Acqua Di Sale, c’est la promesse des vacances, une fragrance chargée d’émotions, celles qui nous gagnent à l’approche des côtes, bercé par les vagues... Il flotte dans l’air comme une odeur de peau chauffée au soleil, balayée par une brise marine, vivifiante et salée. Le parfum du bonheur et de l’insouciance ». Également lancé en 1996, « Acqua di Sale » est sans doute l’un des bests de la marque et je dois bien admettre que je le comprends tout à fait car, tout d’abord, il était avant-gardiste puisque, à ma connaissance, il était l’un des premiers parfums à utiliser les algues en fond avant « Sel Marin » de James Heeley et « Acqua di Scandola » de Parfum d’Empire. Avec son départ de myrthe et son coeur de cèdre, il est très tenace mais fait la part belle à la bergamote et aux algues avec un côté salin qui rappelle les embruns avec beaucoup de réalisme. Je l’aime bien, il me faut le dire. C’est un très beau parfum avec une belle construction et sa tenue est excellente. Le seul reproche que je peux faire c’est qu’il est un peu lourd au fur et à mesure de son évolution, en tout cas pour mon goût. Pour ma part, je lui préfèrerai ceux que j’ai cité précédemment mais cela n’engage que moi. Il n’en reste pas moins que j’ai beaucoup aimé l’essayer et le porter les deux jours d’été où je l’ai essayé.

« Fiore d’Ambra », lancé en 2004, est le premier parfum que j’ai pu sentir et surtout essayer. Je dois dire que j’adore le départ de fleur de pavot et d’ambre. Je le trouve envoûtant et je souhaiterai vraiment qu’il reste tout le temps. C’est un parfum à l’évolution très longue que la marque décrit ainsi : « Fiore d’Ambra joue des épices et de l’accord ambré pour dévoiler une sensualité enivrante. Un sillage torride, aussi troublant qu’un rêve intime, au cœur d’une chambre qui a vécu toute la nuit ». J’ai malheureusement moins été attiré par son développement sur ma peau. J’ai tellement aimé l’envolée que je l’aurais souhaité plus linéaire. Il se fait très floral au coeur et ambré épicé sur le fond. Je dois dire qu’il perd en originalité pour devenir un parfum ambré fleuri un peu classique à la « Opium » d’Yves Saint-Laurent et ça m’a un peu déçu. Il n’en reste pas moins vraiment très qualitatif et il peut plaire aux amateurs de ces orientaux ambrés voire un peu vanillés qui ont fait les beaux jours de la parfumerie de chaque côté des Alpes. J’aurais aimé vraiment être séduit car, je me répète, le départ est incroyable, mais, sur moi (et ça n’engage que moi), il s’éteint un pue. J’ai beaucoup hésité à le mettre dans ma sélection car j’ai failli choisir « Fumidus » mais je crois que « Fiore d’Ambra » est vraiment à découvrir.

Vous l’aurez compris, même si je garde l’esprit ouvert, je ne suis pas forcément séduit par la marque et cela n’a absolument pas valeur de critique. Ce n’est que mon ressenti et ma sensibilité. Je reconnais que les matières premières sont belles, que la concentration est incroyable mais j’ai du mal à me projeter, à part pour « Confetto » que j’aime vraiment bien, et à me dire que je pourrais porter un parfum de la marque. Je comprends son succès car je trouve les créations vraiment très bien réalisées et le sillage tout comme la tenue sont excellents mais, pour mon goût, il leur manque ce je-ne-sais-quoi d’inventif et de créatif que je cherche dans la parfumerie de niche. Certes, « Acqua di Sale » était en avance sur son temps mais je trouve que, aujourd’hui, on peut trouver des parfums salins tout aussi qualitatifs et plus en subtilité. Cela n’enlève rien au fait que j’ai beaucoup aimé l’essayer et qu’il est très beau sur peau. Profumum Roma est une maison à découvrir, tout comme beaucoup d’autres car la qualité des jus est indéniable mais c’est vrai qu’elle ne correspond pas complètement à mes goûts. En tout cas, je me suis acquitté de ma mission avec beaucoup de plaisir car il est très excitant d’aller chercher des parfums qui ne nous parlent pas forcément au premier abord.