Passion Parfums

Une question revient souvent dans vos emails ou vos messages privés. Elle est la suivante : « Comment choisis-tu un nouveau parfum ? ». C’est un vaste sujet et je n’ai pas une réponse toute faite car chaque « rencontre » avec une effluve, avec un jus, va se faire différemment. Au départ, je crois que je me laissais beaucoup conseiller (et je continue parfois) par le personnel de mes boutiques habituelles car, à force, on commence à se connaitre et un oeil extérieur est souvent indispensable. Ceci dit, ma curiosité rentre aussi en compte car, lorsque je découvre un parfum qui me plait, je vais toujours aller vers l’artiste qui l’a créé et je vais avoir envie de découvrir son oeuvre dans sa globalité ou tout au moins sentir plusieurs de ses opus. Parfois, je vais me rendre compte que j’aime l’univers et pour d’autres parfumeurs, je vais accrocher sur un ou deux jus seulement. Tout cela est parfaitement subjectif. Je dirai aussi que, souvent, le choix d’un nouveau parfum va être peu spontané car je vais avoir une première impression favorable et ensuite je vais essayer et réessayer avant de me décider. Acquérir un parfum représente un investissement et je trouve frustrant de ne plus avoir envie de porter ce que j’ai choisi au bout de quelques semaines. Ceci dit, une fois encore, il n’y a pas de règle. Il m’est arrivé, pour certains parfums, d’acheter un flacon tout de suite après avoir découvert le jus et d’en être enchanté. C’est plus rare, mais ça arrive.

La dernière fois, c’était « Fathom V » de Beaufort London qui a été non pas un coup de coeur mais un coup de foudre.

Une autre question un peu sur le même sujet m’est posée souvent : « Es-tu passionné de parfumerie depuis longtemps ? » J’ai toujours porté du parfum mais j’ai commencé à vraiment me passionner pour cet art (car pour moi c’en est un même si les créations sont invisibles) il y a une douzaine d’années lorsque j’ai découvert ce que je préfère appeler la parfumerie d’auteurs et que j’ai fait tomber tout un tas de barrières imposées par le circuit sélectif, j’entends, le genre, l’âge ou le fait que je ne puisse porter des parfums d’une ou deux familles olfactives différentes. J’ai, aujourd’hui, une démarche beaucoup plus simple, lorsque qu’une création me plait et que je considère qu’elle me va et bien je me lance et je pense que j’ai raison car j’ai reçu des compliments de mon entourage proche ou plus lointains lorsque j’étais enveloppé de parfums très différents les uns des autres dont certains, sur le papiers, ne convenaient absolument pas à un homme et encore moins à un homme de mon âge. J’en veux pour preuve « Narcisse Noir » de Caron que je porte depuis déjà plusieurs années, qui était un féminin créé par Ernest Daltroff en 1911 et qui semble ravir mes collègues de travail à chaque fois qu’ils le sentent. On le jugera peu moderne ou un peu excentrique pour un garçon mais je pense que, vu que je l’aime beaucoup, il me convient. En revanche, j’ai appris à accepter que certains parfums que j’aime sentir sur les autres ou sur touche ne sont pas nécessairement pour moi et je peux apprécier la création et en reconnaitre les qualités sans pour autant avoir envie de la porter. C’est une sensation qui est venue avec le temps peut-être parce qu’en prenant de l’âge, on se connait de mieux en mieux. J’ai, par exemple, une attirance absolue pour « Arabie », créé par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens lorsque je le sens porté sur l’une de mes amies. Il est dense, nuancé, plein de facettes tout à fait formidables et, sur moi, il devient tout plat et pas du tout intéressant. J’ai longtemps trouvé cela très frustrant mais j’ai fini par l’accepter très bien et par me tourner vers d’autres fragrances qui me conviennent mieux.

Une troisième question, et j’ai commencé un peu à y répondre découle de la première, « Quels sont les créateurs dont tu préfères porter les parfums ? » et j’ai trouvé intéressant de l’évoquer un peu d’une manière un peu détourné dans cet article car tout d’abord, je pense que je vais avoir une attirance pour l’univers d’une marque ou d’une autre, pour un esprit. Instinctivement, lorsque je veux découvrir de nouvelles choses et que j’ai la possibilité d’avoir accès des marques britanniques, je vais avoir une certaine curiosité pour deux raisons. La première est que je suis, dans la vie, très anglophile pour plein de raisons (familiales, culturelles et autres) et bien souvent, dans la parfumerie d’outre-manche (qu’elle soit classique ou très contemporaine), je vais trouver mon bonheur. Je ne suis pas forcément axé la création franco-française même si je sais pertinemment que nous sommes les plus réputés dans ce domaine. Ensuite, j’ai découvert par moi-même que, bien souvent, j’étais attiré par la signature d’un parfumeur ou d’un autre dont j’aime quasiment toutes les créations. En faire une liste serait vraiment réducteur. Pour biaiser un peu, je dirai que le premier parfumeur dont l’univers m’a vraiment plu et fasciné est sans nul doute Marc-Antoine Corticchiato et particulièrement pour toute l’âme et l’originalité qu’il met dans ses créations pour sa marque Parfum d’Empire. D’ailleurs, le premier parfum à me faire ce que j’appelle « l’effet wahoou » a été, à sa sortie en 2016, « Tabac Tabou » que je considère aujourd’hui encore comme une l’une des plus belles créations sur le marché. J’ai beaucoup porté les créations de la marque mais (hormis celui-ci), j’ai toujours préféré explorer d’autres parfums de la marque plutôt que d’être fidèle à deux ou trois que j’ai aimé.

La dernière question qui tourne autour de ce sujet est la suivante : « As-tu déjà une idée du prochain parfum dont tu pourrais avoir envie ? ». Pour répondre, je dirai oui et non car cette année, j’ai pas mal élargi le nombre des parfums que je porte régulièrement et je ne voudrais pas passer à côté d’une acquisition que j’ai faite et que j’aime pour toujours être en recherche de la nouveauté qui va me faire envie mais je suis passionné et j’ai un autre défaut majeur lorsque je m’intéresse à quelque chose et c’est la curiosité. En effet, j’ai envie d’aller vers des familles olfactives (plutôt des sous-familles peut-être) que je n’ai jamais vraiment portées. Par exemple, ma lubie du moment est de me trouver un parfum chypré à dominante de rose. J’ai toujours un rapport étrange avec cette fleur lorsqu’elle est mise en avant. C’est un peu « Je t’aime, moi non plus ». Entre désir et répulsion, elle a tendance à me déstabiliser aussi n’ai-je jamais vraiment trouvé « ma » rose pour l’instant même si elle est souvent présente même un peu cachée dans les parfums que je porte. De plus, je suis toujours un peu à contre-courant en ayant envie de parfums de printemps (donc que je ne porterai fatalement pas tout de suite) quand on entre dans l’hiver et vice et versa. De ce fait, j’ai beaucoup de mal à répondre à cette question. La seule chose que je peux dire c’est que je ne me ferme à rien et que je vais toujours avoir envie de découvrir, que ce soit dans le circuit sélectif ou dans les marques plus confidentielles, des nouveautés ou des choses que je ne connais pas encore.

Voilà, je crois que j’ai un peu épuisé le sujet. J’ai mis longtemps à répondre globalement à vos interrogations sur ce thème et je m’en excuse mais je suis content de l’avoir fait et j’espère vous avoir un peu éclairé. Je préfère, je crois, bien souvent parler de parfum que de parler de moi mais il est assez amusant de revenir sur mes goûts d’une manière un peu inhabituelle. Et vous, quelles sont vos modes de fonctionnements ? Quels sont les parfums dont vous avez envie ? N’hésitez-pas à me le dire par courrier ou en commentaire. Je réponds toujours à chacun même si je mets un peu de temps parfois mais en ce moment je suis à jour donc n’hésitez pas.