Mimosa et fleur de cassie, une autre manière de créér des poudrés
J’aime bien les parfums poudrés et amandés. On peut obtenir cette note, avec l’huile essentielle d’amande amère associée à la fleur d’héliotrope, la violette avec l’iris mais également en utilisant le mimosa ou la fleur de cassie dont les effluves se ressemblent. Ce sont deux matières premières peu utilisées en notes dominantes en parfumerie peut-être parce qu’elles donnent à la création un petit côté désuet ou encore trop singulier. Pourtant, personnellement, si je n’aime pas trop l’odeur du mimosa coupé, je suis assez client des parfums qui l’utilisent au coeur d’une composition. Pour ce qui est de la fleur de cassie, si son odeur est assez proche, je la trouve plus profonde, en tout cas au coeur du seul parfum que je connais dont elle est la note principale. Mais n’anticipons pas. Commençons par le mimosa.
C’est en 1947 que le nez Michel Morsetti inventa, pour la maison Caron, l’un des parfums fontaines que j’ai préféré entre tous. Il s’agit de « Farnesiana ». C’était un poudré (je dis c’était car, malgré une reformulation et un lancement en eau de parfum en 2018, la marque l’a arrêté) qui n’existait au départ qu’en extrait. Les notes de tête étaient le cassis, la mousse de chêne et la bergamote et ensuite, le mimosa était associé au jasmin, à la vanille, au bois de santal et à la violette pour donner une fragrance élégante, discrète, poudrée, d’une délicate élégance. Lorsque, il y a quelques années, j’ai découvert les parfums fontaines de Caron, je me suis évidemment arrêté sur « Farnesiana ». J’ai même eu le privilège d’en porter 20 ml et je ne le regrette pas car c’était une très belle expérience parfumée. Je le trouvais atypique dans cette collection car il n’était ni fleuri, ni vraiment boisé. C’était un vrai poudré, le seul de la marque et je regrette que le groupe qui l’a rachetée ait pris la décision de l’arrêter car c’était une très très belle réussite. En général, j’évite de développer un sujet sur parfum qui n’existe plus mais je l’ai tellement aimé que je me devais de le faire.
Il y a peu, j’ai découvert « Mimosa pour Moi », créé par Anne Flipo et lancé en 1992 chez l’Artisan Parfumeur et qui m’a rappelé, en plus boisé peut-être, la délicatesse de « Farnesiana ». Là encore, la feuille de violette et le mimosa impriment au parfum un côté poudré très net et il est soutenu par une délicate vanille, jamais entêtante, toujours fine et élégante. Le bourgeon de cassis en note de tête peu éphémère lui donne un certain « pep’s ». Je l’ai essayé au printemps dernier et il m’a bien plu. Je l’ai trouvé très aérien et agréable à porter. Les notes de fond boisées qui le soutiennent lui confèrent une excellente tenue malgré une concentration moindre que le Caron et j’aime beaucoup l’évolution très enveloppante et très chic. « Mimosa pour Moi » est un parfum atypique et en même temps, il est empreint d’un certain classicisme qui, moi, me rassure beaucoup. C’est une création que je pourrais porter très facilement et, si je ne l’ai pas fait encore, il pourrait rejoindre, dans l’avenir mon « dressing parfumé ».

En 2010, la maison Fragonard a également sorti une eau de toilette légère et élégante, résolument florale appelée « Mimosa ». La note est travaillée de manière poudrée avec la violette, les muscs blancs et la fleur d’héliotrope mais également très fleurie avec la fleur d’oranger et un très délicat gardénia. Je trouve que cette jolie création grassoise est presque « à l’anglaise ». Je la trouve bien réussie même s’il ne faut en attendre ni la complexité ni la tenue des autres parfums que je cite dans cet article. En revanche, c’est un petit plaisir pas cher à porter après la douche et je trouve la fragrance très réussie. « Mimosa » de Fragonard a donc toute sa place dans cette revue.
Toujours dans la collection de Prada dont j’ai déjà parlé, Daniela Roche-Andrier a créé en 2016 « Infusion de Mimosa » dans un esprit un peu différent. C’est encore un parfum qui cherche l’équilibre entre notes poudrées et boisées et ici le mimosa est associé à la mandarine et à la rose avec un départ d’anis. Je l’ai essayé plusieurs fois car je le trouve assez intéressant mais, à l’instar des autres infusions, ma peau ne le retient pas et c’est dommage. C’est tout de même une très jolie création dont j’avais envie de parler car, outre le fait, qu’il est bien réussi, il est également abordable et ce n’est pas à négliger. Si je devais porter « Infusion de Mimosa », je le ferai en été en n’hésitant pas à me reparfumer dans la journée car, vraiment, ma peau le « bois » très rapidement. Si ce n’est pas réellement un coup de coeur, je reconnais la qualité de la création et je l’aime bien.
« My Shadow on the Wall » est l’une des doses d’essai que j’ai eu l’occasion de porter ces jours derniers. Créé par Aliénor Massenet en 2017 pour Floraïku, l’une des marques lancées par Clara et John Molloy à qui nous devons aussi Memo, c’est un très joli mimosa poudré et travaillé encore une fois avec de la feuille de violette et du bois de santal. S’il ne sort pas vraiment des sentiers battus, je dirais qu’il est tout de même très joli. Plus frais que les précédents et pourtant intense, il n’a pas, je trouve, la signature que je connais d’Aliénor Massenet. Il est plus classique. Je vais tout de même vous faire une confidence, j’ai aimé le porter. C’est une écriture un peu « japonisante » de la note de mimosa, toute en transparence et le côté plus floral est très bien exploité. Le développement sur moi est vraiment très agréable et la tenue, contre toute attente, est tout à fait suffisante. À l’instar de « Farnesiana » qui reste, pour moi la référence dans cette famille olfactive, et malgré une très haute concentration, il a un sillage plutôt discret, ce qui n’est pas pour me déplaire. De plus, même si c’est secondaire, le packaging est absolument somptueux. Je trouve, néanmoins, que, comme tous les parfums de la marque, son prix est prohibitif. C’est dommage car il ne m’aurait pas déplu.
Je finirai avec « Une Fleur de Cassie », créé en 2000 par Dominique Ropion pour les éditions Frédéric Malle (voir vidéo ci-dessous). Comme son nom l’indique, la matière première utilisée est le cassie, une fleur voisine du mimosa et elle est travaillée de manière résolument poudrée et vanillée « à l’ancienne ». On retrouve bien évidemment le côté poudré et l’association mimosa, cassie, santal, rose et bourgeon de cassis est bien présent et soutenu par des notes de muscs blancs et d’aldéhydes qui renforcent le côté poudré. C’est indéniablement un très très beau parfum et j’adore le sentir. Il est fréquent, lorsque je passe près du stand Frédéric Malle que nous avons à Lyon où à la Mûre Favorite, la boutique qui, historiquement, distribue la marque chez nous, que j’ai envie de remettre mon nez dedans. En revanche, il n’est pas pour moi et j’en ai bien conscience. Son sillage est trop important et je ne suis pas certain que j’aurais envie de le porter. Ceci dit, c’est une très très belle création je le sais et je l’aime beaucoup.
Fleur de cassie ou pompon de mimosa ont une odeur poudrée et ensoleillée que je trouve délicate et agréable. Il me semble que ces parfums seraient idéaux pour un printemps ensoleillé quoiqu’encore frais. Même s’ils sont un peu plus rares, je trouve qu’ils méritent d’être découverts, essayés et portés. J’avais envie de les mettre en lumière.
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