Mizensir, l'univers genevois d'Alberto Morillas
C’est vrai que je ne parle pas très souvent de Mizensir, la marque très genevoise créée par Alberto Morillas en 2015 mais elle fête aujourd’hui ses 10 ans et il est peut-être temps de m’y pencher. La maison compte, à ce jour, 41 parfums mais je ne sais pas s’ils sont toujours proposés à la vente. En tout cas, grâce à Emmanuelle, qui suit ce blog depuis le tout début, j’ai pu en découvrir quelques uns. Alors je ne reviendrai pas sur « Édition de Véronique » que j’aime beaucoup et dont j’ai parlé à plusieurs reprises et je n’ai pas exploré les créations à base de oud qui sont très prisés par les amateurs. J’ai plutôt circonscrit mes essais autour de parfums poudrés, un peu floraux et peut-être un rien vintage. J’en ai retenu quatre que je trouve très jolis mais aurai-je un second coup de coeur dans la marque ? Vous le saurez en lisant mon article jusqu’à sa conclusion.
Alberto Morillas
Le premier parfum que j’ai essayé est « Musc Eternel » créé par Albeto Morillas en 2015 et dont j’avais toujours entendu parler assez souvent. « Un bouquet de fleurs lovées dans un cocon de muscs blancs. Un parfum "seconde peau" qui se fond naturellement avec l'odeur de la peau, sensuel et discret à la fois. Le maître parfumeur Alberto Morillas a conçu cette composition comme un tendre hommage à sa fille ainsi qu'à sa petite fille, couronné des pétales aux facettes délicates ». L’envolée de rose bulgare est très belle, très poudrée, un peu cosmétique et cela se confirme avec le très joli coeur construit autour de deux absolus, l’iris et le jasmin d’Égypte associées à la fraicheur de l’aubépine. Le parfum est déjà poudré au fil de son évolution légèrement ambrée et cela se confirme avec un fond de fève tonka très bien mise en valeur par les muscs blancs. J’ai assez aimé ce parfum, il m’a un peu rappelé l’univers de « Teint de Neige » de Lorenzo Villoresi en plus léger en moins rond. Il est peut-être un peu plus cosmétique. Je dois dire que je trouve « Musc Eternel » un peu trop vintage pour mon goût. Il a un côté chic c’est vrai mais je n’ai pas complètement adhéré. En effet, il me rappelle d’autres créations et, s’il est impeccablement réalisé, il ne me provoque pas vraiment d’émotion. C’est ainsi. Parfois ça matche, parfois la création nous laisse plus indifférent.

Je suis passé alors à « For Your Love » que le parfumeur a lancé en 2019. « Ce parfum est né d’un pari fou du maître parfumeur Alberto Morillas : imaginer le parfum d’un baiser. L'ensemble des sensations que l'on ressent soudain lorsqu'on approche la peau de l'autre, est ici retranscrit en parfum. L'intimité entre deux visages, la chaleur du cou, l'odeur poudrée fruitée du rouge à lèvres. L'ensemble de ces moments rayonne ici à l'unisson, tels les détails d'un souvenir lointain pourtant si présent ». Très franchement, j’ai beaucoup aimé le départ car, dès la vaporisation, la note de framboise qui me dérange facilement en général, s’avère assez douce. Je suis moins fan, franchement du coeur de cachalox qui doit, je pense être une reconstitution de l’ambre gris. Le fond de benjoin et de patchouli donne au parfum une certaine force. Je n’ai pas vraiment accroché. J’ai trouvé qu’il y avait vraiment un côté très synthétique, peu évolutif qui ne me correspond pas même si je comprends que le thème réclamait une certaine abstraction. Pour moi, « For Your Love » est un parfum un peu too much. Je lui ai préféré des créations moins monolitiques.

Également lancé en 2019, « Very Musc » est sans doute plus facile pour moi. En effet, c’est encore un poudré mais beaucoup plus contemporain. Je trouve que le départ d’ambroxan associé à la sauge sclarée un peu piquante et à une essence de citron assez tonnante donne envie d’aller plus loin. Le coeur d’ylang-ylang et de muscs se fait très poudré et rond avec la fève tonka puis vient un fond très étonnant de vanille de Madagascar aromatique et d’encens en traces. « « Une senteur riche, triomphante, ayant l’expansion des choses infinies. » Ainsi Charles Baudelaire définit le musc, matière première subtile qui a marqué l'histoire de la parfumerie. Il fond avec les autres notes pour les rehausser, les arrondir et perpétuer leur senteur ; au contact avec la peau, il ravive son odeur mettant en avant les facettes qui lui sont propres ». J’ai trouvé ce parfum vraiment très élégant. Il a une vraie personnalité et ne ressemble pas aux autres. Je retrouve un peu la signature d’Alberto Morillas que j’ai pu aimer dans des parfums pour Penhaligon’s ou dans des marques plus grand public. Franchement, « Very Musc » se fait très chic mais il a aussi un côté singulier, en tout cas sur ma peau. Le côté poudré de la fève tonka est du plus bel effet pour clore une évolution intéressante et assez inédite. Je peux dire qu’il est celui de la sélection qui m’a le plus surpris.

Avec « Luxury », créé par Alberto Morillas en 2016, le poudré est, à nouveau au centre du motif. « La poudre, les fards et les baumes sont disposés sur la coiffeuse, et attendent d'être appliqués en vue d'une sortie d'exception. Devant le miroir, une femme se prépare, observée avec discretion par un homme. Cet homme, c’est le maître parfumeur Alberto Morillas, qui s'inspire de ses gestes pour créer une pur concentré de féminité. Les ingrédients les plus précieux subliment l’odeur naturelle de la peau, tel un soupçon de blush qui relève le rose d’une pommette ». Avec ce parfum très élégant, très daté aussi, le parfumeur va explorer le côté « poudre de riz » senti dans mon enfance et je le trouve vraiment très régressif. Il me rappelle des mercredis après-midi chez l’une de mes grand-mères qui piochait, à l’aide d’une houppette, dans un poudrier, le cosmétique qui lui unifiait le teint. Le départ de fleur d’oranger et de bergamote laisse vite la place à l’irone (une molécule poudrée et irisée), à l’ambrox et à l’iris de Florence. Le fond très rond, de tonka, de benjoin et de vanille lui assure quelque chose de très rond, de très réconfortant. J’ai beaucoup aimé ce parfum pour ce qu’il provoque en moi de souvenirs et de fou-rires d’enfants. Je ne peux pas dire que j’aimerai le porter. Je le trouve vraiment très daté et ultra féminin. C’est un parfum que j’aimerai avoir mais pas sur ma peau.

Pour résumer, je dirais que je ne suis séduit qu’à moitié des parfums de Mizensir que j’ai pu redécouvrir. Je trouve l’ambiance générale de ma sélection assez vintage, pas forcément très inventive. Il y a les parfums à sentir et les parfums à porter. Pour moi, compte-tenu de mes goûts, c’est la première solution qui s’impose. J’en resterai donc à « Édition de Véronique » qui est, pour moi, le parfum le plus proche de mes goûts de la maison et qui, à défaut d’être une vente phare, a encore ses adeptes dont je fais partie résolument.
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