Mon amie la Rose ?
Qu’elle soit toute en fraicheur à Grasse, fine et élégante en Bulgarie ou opulente et « truffée » au Moyen Orient, la rose est la reine incontestée des fleurs en parfumerie et est utilisée très largement soit comme note dominante soit, un peu cachée, pour soutenir une composition florale, boisée, chyprée ou même cuirée. Il serait absurde de vouloir dresser une liste exhaustive des créations qui la mettent à l’honneur car j’oublierai forcément des fragrances essentielles, célèbres ou aimées d’un grand nombre d’entre-vous. J’ai donc décidé d’en choisir quatre très différentes qui m’ont surprise ou séduit pour tenter de les décrire de mon mieux.
Je commencerai par « Rose de Mai » créé par Jean-Claude Ellena par Perris Monte Carlo qui est sorti l’an dernier en 2019. C’est un parfum tout en transparence faisant la part belle à la rose centifolia cultivée en pays grassois sur un sol méditerranéen parfois aride, au milieu des autres plantes à parfums de la région. La fragrance est toute en légèreté, en pureté, très « aquarelle » en apparence mais attention, ne vous y fiez pas, j’ai une amie qui la porte beaucoup et je trouve qu’elle est la fois élégante et persistante. L’idée de Gian Luca Perris d’avoir confié à Jean-Claude Ellena la paternité de ce parfum est tout à fait bien vue. Il a complètement su mettre en valeur une matière première riche et précieuse comme la maison le fait à chaque création. « Rose de Mai » est une belle réussite, pleine de facettes et d’énergie.
Le second parfum que j’ai retenu est britannique, il est sorti en 2018 et c’est un faux solisenteur. Il s’agit de « Elisabethan Rose » de Penhaligon’s. Inspiré par la guerre des deux roses (la blanche et la rouge), c’est avec énormément de délicatesse qu’elles sont travaillées. Opulent, réellement floral après un départ d’agrumes fugace, il prend doute sa force sur la peau. Ce n’est pas un parfum pour moi je le sais mais, curieux comme je suis, je l’ai tout de même essayé sur mon poignet et j’ai eu comme un petit plaisir régressif à le sentir durant les heures qui ont suivi tant son côté classique et richement floral m’ont séduit, rassuré et conforté dans l’idée que si l’on veut une rose presque soliflore, c’est vers celle-ci qu’il faut se tourner. Je trouve que son côté « rose anglaise à l’ancienne » peut sembler à certain un peu démodé mais c’est justement ce qui lui donne un charme particulier, très « campagne anglais », un rien « Miss Marple » qui, personnellement, me séduit tout à fait.
J’ai eu envie de parler de « Odora di Femina », créé par Stéphanie Poulage pour sa marque « Poulage Parfumeur » et lancé en 2015. Si, pour moi et en général, les parfums n’ont ni genre ni âge, je dérogerai à ma règle pour admettre bien volontiers que ce parfum est à la fois la quintessence de la féminité. « Odora di Femina » est comme une interprétation de la rose opulente, qui m’évoque un soir de juin, une soirée dans le jardin d’une luxueuse maison et presque une rencontre avec les femmes de Fiztgerald dans « Gatsby le Magnifique ». J’imagine assez bien les personnages du films qui en a été tiré et je vois bien Mia Farrow, Karen Black ou Loïs Chiles porter ce parfum. Attention, je ne prétends pas que ce parfum ne peut-être porté qu’en soirée, mais aujourd’hui, à l’heure où je redécouvre la dose d’essai en ma possession, ce sont les images qui me viennent. C’est une très belle rose, complexe et tendre.
Il est bien difficile de faire un choix entre toutes les différentes et magnifiques roses existant en parfumerie mais j’avais dit quatre et ce sera seulement quatre parfum. La dernière est donc une interprétation complètement différente et je parlerai de « Manrose » de Etro créé par Mathieu Nardin et sorti en 2017. La marque italienne a, au contraire, joué la carte de la masculinité pour une fragrance complètement unisexe mais dans laquelle la reine des fleurs est associée à de l’ambre, du bois et de l’encens qui effacent totalement le côté floral pour vraiment lui donner des accents contemporains et, curieusement, à la fois légers et enveloppants. « Manrose » est un parfum qui m’avait interpellé lorsque je l’ai découvert un peu après son lancement et je dois dire que, si je ne me vois pas trop le porter, j’ai une certaine tendance à le sentir dès que j’en ai l’occasion. Il m’emmène bien à New York, dans les clubs de musique de Greenwich Village par exemple, là où on fait la fête, ou l’on écoute du live et où on se sent bien. J’aime beaucoup « Manrose » et, comme souvent avec les parfums italien de Etro, je trouve que c’est une réussite complète.
Voilà, de rose en rose, j’espère vous avoir donné envie d’aller découvrir quelques uns des parfums qui mettent cette fleur à l’honneur car il y a mille manières de la travailler et toutes ont leur intérêt.
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