Mon premier parfum dans les marques auxquelles je suis fidèle (1ère partie)
Quels sont les fragrances sur lesquels j’ai craqué en premier lorsque j’ai découvert une maison de parfum déjà ancienne ? Voilà une question intéressante qui revient régulièrement dans vos mails et vos messages. Je me suis dit que ça valait bien un article, j’ai choisi cinq marques que j’aime bien et dont je suis client depuis un certain temps et je vais essayer, à travers de mon premier achat, de vous expliquer ce qui m’a séduit en premier, lorsque je ne connaissais pas du tout la maison et qui a été le début d’une certaine fidélisation même si, parfois, je suis très versatile et que je change très souvent. Allez, je vous emmène dans des univers olfactifs qui me sont propres et que, personnellement, j’aime porter avec finalement peu de modération.
Il y a déjà quelques années, c’est suite à une rencontre humaine que j’ai découvert Jo Malone, la marque britannique éponyme de la créatrice et qui, depuis, est passée dans d’autre mains et a diversifié les univers. La maison a été lancée en 1990 mais je dirais que c’est depuis le milieu des années 2000 que nous la trouvons facilement, via des corners dans les grands magasins et de boutiques en nom propre, en France et dans le reste de l’Europe continentale. Je dois dire que je suis un adepte assez fidèle de la simplicité à la fois contemporaine, délicate et fine à l’anglaise qu’elle n’a cessé de véhiculer. Il y a deux parfums qui m’ont séduit presque d’emblée lorsque j’ai découvert la marque mais je pense que le premier dont je me suis porté acquéreur est « Nutmeg & Ginger » composé par Jo Malone elle-même en 1990 et qui a été, je crois le tout premier de la collection. « Le premier parfum de Jo Malone London. Le bois de santal et le bois de cèdre sont relevés avec de la noix de muscade et du gingembre vif. Inattendu et addictif ». Je cherchais à l’époque, à Lyon, un parfum poivré, épicé et c’est sans doute par lui que j’ai découvert que j’aimais énormément la note de noix de muscade qui en constitue pratiquement tout le coeur après une belle envolée de gingembre, de bergamote et de poivre noir. Ensuite, le parfum se pose, très délicatement sur un fond de bois de santal chaleureux et dont le côté parfois un peu trop doux pour moi est contrebalancé par les épices. J’ai immédiatement accroché avec l’univers très épuré de la marque qui me provoque plein d’émotion. Il m’aura fallu des années pour superposer les parfums comme ce qui est préconisé et je remercie vraiment chaleureusement Pénélope et Christine qui, à l’époque, à la boutique lyonnaise, m’ont donné une multitude de conseils. Aujourd’hui, je le porte encore, même j’ai adopté, dans les années qui ont suivi, nombre de parfums de la marque que je porte seuls ou associés. J’en suis certains, d’autres n’ont fait qu’un passage sur ma peau (parfois parce qu’il s’agissait d’éditions limitées) mais à chaque fois, j’ai éprouvé beaucoup de plaisir à me parfumer avec et je le dois à mon engouement pour « Nutmeg & Ginger ».
Parmi les marques que je porte vraiment régulièrement, plusieurs sont anglaises curieusement. Penhaligon’s est plus ancré dans la tradition britannique des Cologne florales et aromatiques mais elle a su s’en éloigner surtout depuis son rachat et, sans trahir l’esprit originel, a lancé plusieurs collections qui recèlent toutes des merveilles. Pour moi, la découverte de la marque s’est faite il y a vraiment très longtemps et le premier parfum que j’ai porté et qui m’a donné envie de mettre mon nez dans les autres création est « Blenheim Bouquet » créé je pense par William Penhaligon’s et lancé en 1902. Je sais, je ne suis pas original mais vraiment il a été, à l’époque, un coup de foudre. La marque le décrit ainsi : « Blenheim Bouquet, parfum de 1902 signé par Walter Penhaligon, tire son nom du Blenheim Palace en Angleterre. William Penhaligon crée Blenheim Bouquet pour le 9ème duc de Marlborough avec des notes de citron, d'épices et de bois comme un hommage aux meilleurs gin britannique. Cette fragrance réalisée il y a plus de cent ans reste incontournable : elle marie les notes fraiches de citron et de basilic à la lavande, qui lui apporte une légèreté aromatique. Une pincée de poivre noir agrémente les notes de cèdre. Une parfaite harmonie entre senteurs d'agrumes et d'épices sur un fond boisé, propre d'un parfum qui est à la fois un grand classique et une fragrance novatrice. "Blenheim Bouquet est parfumé aux agrumes et aux épices que j'aime sentir avec un mouchoir et conserver dans mon armoire !", tout ce qu'il fallait pour combler Sir Winston Churchill, Premier ministre du Royaume-Uni de 1940 à 1945, qui adopta lui-même la fragrance ». Dès l’envolée il m’a donné envie avec ses notes de basilic, de bergamote, de cardamome, de citron, de lavande et de mandarine puis son coeur d’angélique, de cannelle, de coriandre et de freesia puis son fond chypré de mousse de chêne et de patchouli associé au bois de santal, aux muscs blancs et au cèdre. C’est un faux classique, un faux esprit Cologne et un faux parfum vintage tant il est singulier et contemporain. Je dirai qu’il n’a pas pris une ride et que je l’aime toujours autant. Cette année, je l’ai un peu moins porté mais l’envie va me reprendre quand je ne m’y attendrai pas comme tous les parfums « habituels » que je possède. J’ai passé beaucoup de temps à découvrir la maison que ce soit à Lyon, à la Parfumerie Zola ou à la Mûre Favorite ou à Paris, à l’époque au BHV Marais. Elle est, il faut le dire, encore aujourd’hui, l’une de mes préférées.
La troisième maison « classique » si j’ose dire, étant donné qu’elle est l’une des pionnières de la parfumerie d’auteurs est bien évidemment L’Artisan Parfumeur fondée en 1978 que j’ai découverte il y a finalement moins longtemps. Je peux le dater car c’était en 2016 avec la sortie de la collection créée intégralement par Daphné Bugey, qui s’appelait alors Natura Fabularis et qui est devenue aujourd’hui La Botanique. Elle m’a permis, non seulement de rentrer dans cet univers que je ne connaissais que par mon entourage car je n’avais jamais porté aucune création de la marque, mais aussi de me rendre compte du travail extraordinaire d’intelligence et de singularité des parfumeurs qui ont collaboré aux fragrances, que ce soit dans la collection classique ou dans celles qui ont suivi. Mais je reviens au sujet de l’article. Le premier parfum que j’ai découvert et que j’ai eu envie de porter, après beaucoup de tergiversations, a été « Violaceum » à l’époque où il y avait encore une abeille sur les flacons. Hélas, depuis il a été supprimé de la collection mais d’autres, tout aussi merveilleux, ont pris la suite. Comme décrire « 2 Violaceum » ? Dans la collection La Botanique, Daphné Bugey a imaginé un environnement rêvé, onirique, un peu comme si on se promenait dans le Pays des Merveilles d’Alice de Lewis Carroll. Pour ce qui était de « 2 Violaceum », il ne lui a fallu que deux essais pour créer une violette terreuse, poudrée et boisée entourée de notes de graine de carotte, de safran et d’iris. J’ai encore un fond de flacon et je suis en train de le réessayer en écrivant. Je me remémore combien j’ai adoré le porter tellement il était original. Certes, il n’a pas bien rencontré son public mais il faut admettre qu’il n’était pas le parfum de tout le monde. Il me manque mais, aujourd’hui, j’en ai adopté d’autres de la collections tels « 32 Venenum » que j’aime vraiment énormément, « 25 Obscuratio » et, le tout dernier, « 33 Abyssae ». Si j’aime bien les autres collections de L’Artisan Parfumer, je reste vraiment fidèle à celle-ci.
Très tôt, j’ai eu un coup de coeur pour la démarche artistiques d’une maison qui remettait le parfumeur au centre de sa création. Les Éditions de Parfums Frédéric Malle sont un peu le Gallimard de l’olfaction. Son fondateur a voulu vraiment, sans limite de prix des matières premières, accorder une carte blanche à chaque nez tout en restant un directeur artistique très présent. J’en ai porté plusieurs, j’en ai aimé d’autres que je n’ai pas adopté mais, il faut bien le dire, je me limite à cause du prix des parfums qui est sans cesse en augmentation et qui les rend de moins en moins abordables. J’ai pris beaucoup de temps à essayer, à l’époque, pour choisir le premier, celui qui me plaisait le plus et ce fut « En Passant » créé en 2000 par Olivia Giacobetti sans doute à cause de mon attirance irrépressible pour l’odeur du lilas. La formule en est simple : il s’ouvre sur une note de concombre, se poursuit sur un coeur de lilas et de jasmin avec un côté aquatique pour se poser sur un lit de muscs blancs. « Au printemps, quand les femmes enfilent leurs robes de coton et se réchauffent la peau au soleil, une douce brise, pleine du parfum des lilas en herbe, balaye la campagne. Un souffle d'absolu de concombre dans un accord lilas épuré donne au parfum une fraîcheur aérienne, tandis que le parfum de la peau d'une femme est lié au blé, au cèdre et au musc blanc ». Pour moi, il est parfaitement mixte et je l’ai énormément porté. Je dirais peut-être que c’est plutôt un lilas blanc qui pousserait à côté d’un plan d’eau. J’ai terminé un flacon l’été dernier et je crois que je ne le rachèterai pas dans l’immédiat car j’ai décidé de me limiter à deux créations dans la marque à cause de leur prix dont la montée exponentielle m’effraye un peu. Je le regrette mais j’ai opté pour un autre lilas et je me concentre plutôt aujourd’hui sur « Le Parfum de Thérèse » créé par Edmond Roudnitska et qui est, pour moi, vraiment une révélation olfactive et « Noir Épices » composé par son fils Michel qui est un peu l’une de mes signatures.
Difficile pour moi de parler des marques plus classiques ou des pionnières de la parfumerie de niche sans évoquer Annick Goutal devenu Goutal Paris. En effet, chez nous, c’est un peu la marque que l’on porte « en famille » et dont aucun d’entre-nous ne se lasse. Pour moi, c’est une histoire d’amour olfactive qui remonte à la fin de l’adolescence et qui est née parce que quelqu’un de proche portait « L’Eau d’Hadrien » et que cela m’a permis de découvrir « Sables » qui a été pour moi encore une double révélation. En effet, j’ai compris qu’on pouvait se parfumer autrement qu’avec les parfums de marques de luxes qui, déjà à l’époque, tendaient à se standardiser. J’ai également découvert que j’aimais la note d’immortelle car il y en a une overdose dans « Sables ». Ce parfum a été créé par Annick Goutal et Isabelle Doyen en 1985 je crois et je le porte depuis plus de 25 ans. « Les immortelles sauvages bordent l'horizon, la chaleur est délicieusement écrasante et le sable est brûlant. C'est l'odeur d'un été enivrant, d'un soleil de plomb sous lequel on s'abandonne, ou lors d'une sieste au bord de la mer. Annick Goutal composa Sables par plaisir de se souvenir inlassablement de ce moment de bonheur passé en Corse avec son mari ». Avec un départ de bergamote et de mandarine très fugace, il ne ressemble à rien d’autre dès le départ et cela se confirme avec ce coeur de jasmin, de mousse et de poivre noir de Madagascar et son fond d’immortelle sauvage, de santal indien et d’ambre. C’est certes un oriental mais il a des notes sèches, « désertiques », uniques et tout à fait merveilleuses. Il a été très bien reformulé lorsqu’il a été sorti en eau de parfum il y a quelques années et, après une éclipse durant laquelle je lui préférais d’autres créations de la marque telles « Un Matin d’Orage », « L’Île au Thé » ou encore « Mandragore Pourpre », j’y suis revenu avec une certaine volupté. Pour moi, il est indéniablement un incontournable et je pense qu’il le restera.
Voilà pour ce que fut ma première approche des marques plus classiques que j’aime particulièrement et auxquelles je suis très attaché. Tout s’est toujours déclenché avec un parfum qui a été, pour moi, une clef pour entrer dans ces univers. En tout cas, j’ai pris plaisir à remettre mon nez dans des parfums que je porte moins par la force des choses mais que j’aime toujours autant. Si le sujet vous intéresse, j’écrirai un second article sur mes parfums initiatiques, si j’ose dire, dans des marques plus contemporaines et dont les univers sont encore plus particuliers. Je pense que je vais y prendre tout autant de plaisir.
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