Passion Parfums

 

 

 

Vous me demandez souvent quels sont les parfums les plus atypiques que je peux porter et il me semble que, outre les Mona di Orio, ce sont ceux de Beaufort London qui sont les plus audacieux. L’originalité du travail de Julie Marlowe et Julie Dunkley me touche souvent tout de suite. Si j’ai été un peu moins attiré par « Terror & Magnificence » composé par Pia Long, je suis toujours très client des autres parfums de la marque et même les plus singuliers. Je vais essayer de relever le défi que Diane, l’une des fidèles de ce blog m’a lancé en vous donnant mon top 3 de la maison en tentant d’expliquer pourquoi.

En numéro 1, j’ai choisi « Fathom V » car il a été mon premier coup de coeur chez Beaufort London. Je pense même que je n’avais jamais eu un pareil engouement qui ne s’est, d’ailleurs, jamais démenti. Il fait partie de la collection Come Hell or High Water et a été créé en 2016 par Julie Dunkley et Julie Marlowe. La marque en explique ainsi l’inspiration : « Largement s'inspirant de ‘La Tempête“ (dans lequel Shakespeare évoque des images de temps violent, de naufrages et d'îles magiques), le thème principal de «Fathom V» est une phrase glanée dans «Chant d`Ariel» dans la pièce. «Forme Marine» ou “Sea-Change”, que maintenant nous comprenons comme «une transformation» ou une «métamorphose» est apparue pour la première fois dans la pièce et maintenant est utilisée couramment. Le changement perpétuel de l'état de la mer - dans un flux constant entre calme et nature - est point de départ pour la marque, exploré à travers l'utilisation de matières premières apparemment contradictoires dans des concentrations “surdosées”: le sel rencontre la terre, les herbes pétillantes se mélangent avec des mousses foncées, les notes claires de fleurs rencontrent des épices noires intenses. En contrastant le dessus et le dessous, la lumière et l'ombre, nous imaginons l'état changeant de la mer: son intensité - l'attrait de ses profondeurs sombres. Un parfum pour les intrépides qui remettent en question les idées préconçues sur ce que signifie vraiment «aquatique»… ». La complexité se fait sentir dès l’envolée étonnante de baies de genévrier, de tangerine, de cassis associées à des notes vertes et terreuses à la fois qui nous emmène sur un coeur complètement atypique de thym, de lys, de jasmin et d’ylang-ylang épicé de gingembre, cumin et de poivre noir et un peu poudré par des traces de mimosa. Puis, le parfum se pose sur un fond de patchouli, de vétiver et de mousse de chêne ce qui lui confère un côté chypre ultra moderne qui s’éloigne encore du modèle classique avec un accord de sel marin, des traces d’encens et des notes de cèdre de l’Atlas et d’ambre. J’ai adoré ce parfum dès que je l’ai senti. Je lu trouve presque un côté lilas salé et très étonnant. Il est vif et la note de mousse de chêne est très présente. Côté sillage et tenue, il est impeccable. « Fathom V » est une pépite. Même s’il affiche fièrement une très belle complexité, sa fraîcheur le rend portable tout au long de l’année. Il m’évoque un peu un sous-bois qui débouche sur le bord de mer. Je le trouve absolument unique et, même s’il n’est pas forcément facile à aborder, je le porte assez aisément et je l’aime toujours autant que lorsque je l’ai découvert.

 

 

 

Le numéro 2 est, sans conteste « Acrasia », qui est à ce jour mon seul parfum de la Revenants  Collection » et qui a été créé par Julie Dunkley en 2022. Un parfum étonnant, construit autour d’une rose sombre et épicée. « Dans une forêt enchantée vit Gloriana, reine des fées, qui fait perdre cœur à tout mortel qui la croise et qui ose la conquérir. Un jour, elle envoie son jeune héros combattre la vilaine sorcière Acrasia, incarnation de la convoitise et du dépit. Mais Acrasia, belle et maligne, a fait de son château un véritable paradis terrestre où il est impossible de la conquérir devant ses charmes indomptables. Ce parfum, inspiré d’un poème d’Edmund Spencer, allie enchantement et fougue dans de fabuleux accords de citron et de vin, de cannelle, d’encens, de patchouli et de jasmin. Un véritable parfum ensorceleur ». La construction est quand même une fois encore néo-chyprée avec un départ bergamote associée à une note de vin rouge et de cannelle, puis vient ce coeur de géranium, d’encens, de jasmin et de rose absolument envoûtant qui se pose sur un fond d’ambre, de cèdre, de muscs blancs, de patchouli, de vanille et de vétiver. Il me semble que lorsque j’ai découvert ce parfum à la parfumerie Sens Unique de Paris, j’étais avec Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures et que j’ai eu un coup de coeur absolument immédiat. Je ne l’ai pas acheté tout de suite mais il m’a tourné dans la tête pendant toute la journée qui a suivi jusqu’à ce que je franchisse le pas et je me rends compte que, si je l’ai un peu moins porté cet hiver pour une raison que j’ignore, il me plait toujours autant. Il est dark, profond, complètement inédit et doté d’une identité tellement particulière que j’ai du mal à le décrire tout à fait de manière précise. « Acrasia » est peut-être, finalement, la rose que je possède qui me plait le plus tant artistiquement que comme compagne de route d’une journée. En tout cas, il faut découvrir ce parfum absolument.

 

 

Pour le numéro 3, j’ai beaucoup hésité entre quatre parfums très différents, « Tonnerre » qui a été ma première expérience avec la marque, « Lignum Vitae », le plus gourmand et le moins fumé et « Coeur de Noir », le plus classique mais, finalement, j’ai choisi celui que j’ai eu le plus de mal à apprivoiser et qui, finalement est un parfum dont l’évolution me permet de me sentir bien lorsque je le porte. « Décrit à la fois comme "le chaos dans un flacon" et "la fête de Noël d'un alchimiste", ce parfum est une célébration du fumé : lapsang souchong, whisky tourbé, tabacs sombres, épices et opium se combinent pour produire un parfum intensément provocateur à partir d'ingrédients "surdosés". Paradoxal et stimulant - singulier et narcotique ». Je me souviens que, lorsque je l’ai découvert, j’ai eu presque de la répulsion comme ça avait été le cas de « Nuit de Bakélite » de Naomi Goodsir qui est aussi une création que je porte beaucoup. « Vi et Armis », créé par Julie Marlowe et Julie Dunkley en 2015 dans la collection Come Hell or High Water, il faut admettre que c’est mon parfum le plus fumé (avec peut-être « Tonnerre) et le plus clivant. Après l’envolée déjà sombre de cardamome, de poivre noir, de thé noir fumé, sans doute un lapsang souchong et de pamplemousse, le coeur dense de whisky, d’encens, de fleur d’opium, de fruit rouge et d’ylang-ylang le rend intrigant et, finalement très joliment portable mais c’est le fond, sombre et cuiré qui me plait surtout avec des notes de tabac, de bois de bouleau, de ciste labdanum, d’ambre, de caramel, de santal, de patchouli, de cèdre de l’Atlas et même de traces de oud. Vraiment, ce parfum est incroyable. Il peut paraître, lorsque je le décrit, particulièrement rêche et difficile à porter mais, une fois sur la peau, son développement complexe le rend très addictif. Je ne le porte pas souvent, je ne vais pas mentir, mais à chaque fois que je fais ce choix, je me dis qu’il s’agit d’une magnifique composition.

 

 

Oui, mes parfums les plus atypiques sont sans doute issus des deux collections de Beaufort London. Du coup, ça me donne envie d’en porter un aujourd’hui… Lequel ? Je ne sais pas encore mais je vous laisse deviner. En tout cas, la marque me passionne et, si vous croisez sa route, n’hésitez pas à y mettre votre nez, ne serait-ce que pour l’expérience.