Passion Parfums

C’est lors d’un déjeuner avec Bernadette et Jacques, les parents de la si talentueuse et si regrettée Mona di Orio, sur les hauteurs d’Annecy, que j’ai découvert des création de Nathalie, alias Mona, que je ne connaissais pas. Certaines n’existent plus, d’autres sont encore vendues mais j’avais envie de revenir sur le talent de cette créatrice dont le travail n’a eu de cesse que de me surprendre, de m’impressionner et de me séduire depuis que je l’ai découvert. Je voudrais vraiment remercier chaleureusement Bernadette et Serge pour ce partage et j’avais envie de vous emmener dans une promenade sur le chemin du travail de Mona di Orio pour sa propre marque mais aussi pour celle de Laurent Mazzone pour laquelle elle avait composé quelques parfums. Cela fera l’objet d’un second article à venir. Pour l’instant, et chronologiquement, nous allons parler de trois parfums rares, réussis, formidables, inventés par Mona et dont, je pense, je n’avais pas parlé en détail, notamment l’un des plus beaux oud qu’il m’ait été donné de sentir.

Créé en 2009 à l’origine pour l’association Orange Babies qui recherchait des fonds pour la recherche et la lute contre le SIDA, « Jabu » (« Joie » dans plusieurs dialectes africains), est un parfum décrit par sa créatrice comme « un vent d’Afrique réconfortant et chaleureux ». Il s’ouvre sur des notes fraîches et enveloppantes à la fois de fleur d’oranger, de pois de senteur et de petitgrain et nous emmène sur un coeur de rose, d’ylang-ylang, d’amyris et de bois de santal puis se pose sur un fond de myrrhe, de benjoin et de prune. Il était ce que l’on pourrait appeler un « floriental » de nos jours. Pour ma part, je trouve qu’il était un très grand floral, rond, enveloppant, plein des petites facettes des ingrédients de haute qualité qui ont étés utilisés pour le composer. Pour moi, il est particulièrement original et qualitatif. La rondeur du pois de senteur et le côté très solaire de l’ylang-ylang est un mélange tout à fait addictif. Je trouve que « Jabu » est non seulement, par son côté un peu brut et exotique, une invitation au voyage mais aussi la quintessence de la signature de Mona di Orio. Pour moi, il réunit toutes les qualités pour être un très grand parfum. Il a, malheureusement, été en partie discontinué. Je crois qu’il existe encore des exemplaires en format voyage. Souhaitons qu’il puisse faire, un jour, un retour en force.

Fleuron de la collection Les Nombres d’Or et lancé en 2011 dans le flacon originel avec le cabochon entouré de métal et présenté dans une boite en bois laqué noire absolument magnifique, « Oud » est devenu depuis « Oudh Osmanthus ». « Philtre d'amour à la sensualité rayonnante, Oudh Osmanthus dévoile une à une ses facettes troublantes, alternant entre tonalités animales, cuirées, boisées et balsamiques ». Rarement j’avais senti un parfum avec le oud en majeur qui m’ait autant impressionné. Je n’avais jamais voulu le sentir car son prix est tout à fait hors de mon budget mais, lorsque Bernadette et Jacques m’ont proposé de le découvrir, je l’ai fait comme on apprécie une oeuvre d’art. Avec un départ d’absolu d’osmanthus chinois et son coeur de cypriol d’Inde reposant sur un cèdre de l’Atlas très bien utilisé il nous emmène sur un fond absolument extraordinaire où se mêlent une huile essentielle d’huile du Laos rehaussé d’ambre gris naturel et de différents muscs. J’ai adoré ce parfum et je ne rêve pas de l’acquérir mais il est l’un des rares qui comportent cette note travaillée en majeur qui m’aient autant impressionné. C’est un bijou présenté dans un coffret. Avec « Oudh Osmanthus », on peut vraiment parler de parfum d’exception.

Le flacon et la boite d'origine

« Une brise tiède venue des baléares chargée de notes sèches et épicées sur un fond frais d’hespérides ». « Eau Absolue » est un parfum particulier dans la collection Les Nombres d’Or. Tout d’abord, il n’est sorti qu’après la disparition de Mona di Orio, en 2013 mais il semblerait qu’elle était en train de travailler dessus et qu’un autre parfumeur en ait terminé la formule. Il s’ouvre sur une envolée de bergamote de Sicile, de clémentine et de petitgrain puis un coeur de géranium d’Égypte, de laurier de Saint Thomas de la Jamaïque, de poivre rose du Pérou puis un fond de cèdre de Virginie, de muscs et de ciste labdanum soutenus par une très belle qualité de vétiver d’Haïti. J’aime beaucoup ce parfum. C’est un faux hespéridé, très facetté, très complexe. J’ai beaucoup hésité mais je pense que j’aimerais le porter. Je sais où le trouver et il n’est pas vraiment exclu que je me l’approprie. Je trouve que « Eau Absolue » est vraiment une eau fraîche légèrement cuirée « à la Mona » que je suis content d’avoir découvert. J’espère vraiment avoir l’occasion de remettre mon nez dessus.

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les parfums Mona di Orio existent toujours. Je regrette qu’il n’y ait plus de point de vente ou presque en France et en Italie mais la fabrication continue. Sur le site, on peut encore trouver régulièrement « Nuit Noire » et « Lux » de la Collection Signature ainsi que « Oudh Osmanthus », « Violette Fumée », « Musc », « Ambre », « Vanille », « Cuir », « Vétyver » et « Eau Absolue ». D’autres parfums, créés par d’autres parfumeurs restent édités mais ils ne me font pas autant d’effet à part peut-être « Dojima » que j’aime bien. Le travail de Mona di Orio est, pour moi, vraiment unique et j’en parlerai toujours tant que durera ce blog. Merci encore à Bernadette et Jacques di Orio pour toutes ces découvertes et pour faire vivre avec passion le souvenir du talent de leur fille.