Mona di Orio : Les Nombres d'Or
Après sa collection Signatures, Mona di Orio a créé Les Nombres d’Or, toute une série de parfums dans lesquels, elle a pu laisser exploser sa passion pour les belles matières premières et son exigence quant à leur qualité. Moins clivante mais tout aussi originale, cette collection fait partie de celles qui sont encore, trop rarement certes, distribués et proposées à la vente. Je dois dire que c’est par elle que je suis venu à l’univers de cette créatrice de génie qui a bâti une oeuvre vraiment magnifique avec un fil conducteur, une vraie identité et un soucis d’inventer des parfums qui ne ressemblent à rien d’autre. En tout cas, comme je connais toute la collection, je peux en parler tout à loisirs. Je ferai tout de même l’impasse sur « Oud » car, il est le seul que je n’ai pas vraiment essayé sur la peau. J’ai un peu de mal avec cette matière première mais je dois quand même dire qu’il est d’une qualité exceptionnelle. Pour ce qui est des autres parfums, je les ai presque tous portés vraiment longtemps sauf « Vanille » et « Rose Étoile de Hollande » mais je les connais bien donc je vais également développer mes impressions. Je vous emmène donc dans un voyage olfactif au coeur d’une exceptionnelle collection précieuse et fascinante.
« Aussi délicieusement sensuelle qu'une soie coupée en biais, Ambre vous entraîne dans son univers avec des boucles d'ambre fumé. Le cèdre vous invite plus loin dans le mystère tandis que la vanille ajoute un coup de pied résineux légèrement sucré qui ne peut que ravir. L'ylang-ylang ajoute un glacis de savonnité innocente aux aspects Film-Noir, mais ne les obscurcit jamais complètement; qui voudrait ? Aussi simple qu'à la maison, dans un bal ou une soirée intimiste, Ambre réussit à être à la fois évocatrice d'autrefois mais aussi fraîche que demain, et toujours très, très française ». À part « Ambre Russe » de Parfum d’Empire créé par Marc-Antoine Corticchiato, je ne suis pas très fan des parfums orientaux et je dois dire que j’ai abordé celui-ci, créé en 2010, avec une certaine circonspection. J’ai d’abord eu un grand échantillon puis un flacon et je dois dire que je l’ai porté avec délice. « Ambre » de Mona n’est absolument pas plombant. Il est baumé sans excès, tout en transparence et en subtilité comme une écharpe de soie (lyonnaise bien sûr) enroulée autour du cou, une journée ensoleillée d’hiver. Il est assez linéaire avec des notes de cèdre de l’Atlas très pures, d’ylang-ylang magnifiquement travaillé, de benjoin, de baume tolu te de vanille de Madagascar. Je l’ai vraiment aimé beaucoup. Pour moi, il a été une révélation car j’ai adoré cet ambré fleuri alors que c’est vraiment une famille olfactive qui m’est difficile.
Boisé, fumé, étonnant, « Cuir », créé également en 2010 est, pour moi, l’un des parfums les plus atypiques de la collection et je dois dire qu’il est sans doute mon préféré. « S'ouvrant sur une bouffée de fumée gauloise, il devient rapidement des épices grillées et de l'absinthe douce avant l'apparition du cuir. Pleine de virilité, cette version fumée d'un Cuir de Russie traditionnel nous rappelle le cuir de selle de cheval, les bottes et la sensualité animale, vous ramenant à l'élégance et aux souvenirs du passé avec un œil sur l’avenir ». Présenté surtout comme un masculin, ce parfum est totalement mixte car il est élégance, chic sans concession. Le côté épicé de cardamome, s’allie volontiers avec le bois de cade doux aux accents de vétiver, de résine d’opoponax, de cuir et d’un accord de castoreum. J’ai souvent parlé de « Cuir » depuis que j’ai pu le trouver car je le porte vraiment énormément. Si un parfum avait été créé pour moi, ce serait peut-être celui-ci. En tout cas, et même si j’en porte d’autres, il est sans aucun doute « le » cuir de ma vie. Je l’aime passionnément et, à chaque fois que je le vaporise le matin, je me fais plaisir. Il n’est pas réconfortant mais il me trouble et me rend content de le porter. Je ne sais pas très bien comment exprimer cela mais j’aime « Cuir » entièrement.
Je n’aime pas spécialement le musc animal (en tout cas son interprétation puisque la matière naturelle est heureusement interdite depuis plus d’un siècle) que je trouve difficile à porter et je suis parfois un peu anosmique aux muscs blancs donc je n’attendais pas grand chose de « Musc » lancé en 2010 et pourtant, il a été mon premier coup de coeur dans la marque : « Certains muscs sont infatigables. Certains sont éphémères, ou l'odeur d'une peau propre. Le musc de la main habile de Mona di Orio est d'une beauté déchirante : le plus doux de la rose, le plus délicat de l'héliotrope, le plus angélique du néroli. Le musc à la base du parfum implique le côté charnel caché sous toute cette innocence rayonnante, le rendant aussi captivant qu’inoubliable ». Je trouve que ce parfum est tout à fait différent des autres interprétations que j’ai pu sentir ou essayer. Cosmétique, poudré, particulièrement élégant et atypique, il m’a séduit immédiatement lorsque je l’ai essayé. Je le trouve complètement addictif et, à chaque fois que je remets mon nez dedans, je me fais plaisir. Je sens la formidable qualité des matières premières utilisées par la créatrice : un départ de néroli, un coeur de rose et d’héliotrope ultra poudré avec un côté très amandé et un fond musqué et arrondi par la fève de tonka. C’est un parfum de dépendance, profond, unique, souvent copié mais jamais égalé. J’ai adoré « Musc » et je l’aime toujours même si c’est vrai que je l’ai un peu moins porté cette année. Je le trouve précieux et vraiment addictif. Je pense qu’il a du être un peu reformulé et j’ai peut-être un peu moins aimé la dernière version que la première mais il reste un magnifique parfum.
Je n’aime pas tellement les parfums à dominante de rose à de rares exceptions. Je pense à « Much About Ado Aboute The Duke » et « Elisabethan Rose » de Penhaligon’s, « Rose Blanche » de Floris, « Arcana Rosa » de La Botanique de L’Artisan Parfumeur, « Rose Milano » de la collection Armani Privé et, bien évidemment, « Rose Étoile de Hollande » créé par Mona di Orio en 2010 et qui semble avoir disparu du site de vente. L’un de mes meilleurs amis l’a beaucoup porté et c’est vrai qu’avec son envolée de pêche blanche, d’héliotrope et de bergamote de Calabre, son duo de rose au coeur (turque et bulgare), associé au géranium bourbon et au clou de girofle et son fond de patchouli, de benjoin de vanille et de cèdre, il est vraiment très réussi. C’est une construction chyprée, pleine de nuances avec un côté épicé très réussi. Je l’aime vraiment beaucoup mais je ne sais pas si je pourrais porter ce parfum étonnant, brillant, lustré presque. Il est à la fois très opulent et vraiment surprenant. En tout cas, je l’ai trouvé vraiment réussi et je ne doute pas que je pourrais l’essayer un peu mieux si je tombe sur un flacon. En tout cas, je l’aime beaucoup et il fait partie des rares exceptions qui confirment la règle.
« Tubéreuse », lancé en 2011 semble aussi avoir disparu mais je dois dire que je suis heureux de le porter. Version plus axée sur la fleur qui porte son nom de « Oiro », c’est un floral vert et pétillant avec un côté cocon enveloppant. Après une envolée de poivre rose et de bergamote, le coeur amandé de tubéreuse dont le côté presque médicinal est écarté par la fleur d’héliotrope et le fond de cashmeran et de benjoin enveloppant lui donne des facettes fraîches, épicées et pétillantes à la fois. Je ne l’avais pas vraiment remarqué mais j’ai adoré l’essayer. Je suis très content de pouvoir le porter car il n’est pas un parfum de printemps… il est le printemps. C’est une explosion toute en finesse, ambiguë, étrangement belle. J’adore « Tubéreuse ». C’est un parfum un peu méconnu et je trouve qu’il a une vraie qualité. Tout d’abord, les matières premières, qu’elles soient synthétiques ou naturelles sont formidables et leur agencement donnent une fragrance unique et vraiment agréable à porter. « Tubéreuse », entre sophistication et beauté, est un parfum parfait pour moi et quel plaisir de le porter !
Pour les amateurs, « Vanille » de Mona di Orio est « Le » parfum idéal. Je l’ai entendu dire souvent et c’est vrai que c’est une merveille dans le genre. Je ne l’ai jamais porté mais je l’ai essayé bien souvent. Lancé en 2010, il est devenu mythique tant il est à la fois profond et réaliste. Une ouverture d’orange amère brésilienne, de rhum et de petit grain, un coeur de clou de girofle, de vanille de Madagascar et de baume de tolu ainsi que d’ylang-ylang puis un fond de santal, de cuir, de tonka et de muscs associés à l’ambre. « Vanille » est complexe et pourtant c’est une évidence sur la peau : « En composant Vanille, Mona di Orio a imaginé une histoire romantique mettant en scène un vieux navire d'autrefois, en route vers Madagascar ou les Comores, transportant de précieuses cargaisons : fûts de rhum, oranges, gousses de vanille, ylang-ylang, clous de girofle et bois de santal. Gourmand, fumé et alcoolisé avec une subtile note aromatique d'orange persistant en arrière-plan, Vanille est un Bateau Ivre aux notes parfaitement mélangées qui dérangera vos sens par sa sensualité. Vanille s'ouvre sur un shot de rhum aromatisé au zeste d'orange et épicé au clou de girofle. l'ambre et le tonka réchauffent davantage ce breuvage alors que la douceur de l'ylang-ylang se joint à la riche vanille. le bois de gaïac ajoute de la fumée d'encens tandis que les notes boisées du vétiver et du bois de santal aident à créer une finition élégante. Mais la vraie vedette du spectacle, sans surprise, est la vanille. Au lieu d'utiliser de l'éthylvanilline, l'un des principaux composants de la vanille qui peut apparaître comme poudreux et sucré, Mona a utilisé de la vanille pure dans cet élixir. Pendant un instant - au milieu de cet élégant arrangement orchestral de notes dans la tonalité de vanille - l'onctuosité pulpeuse et sensuelle d'une gousse de vanille fendue est juste là devant votre nez. Délicieux ! ». En tout cas, je me suis fait plaisir à l’essayer et je pourrais tout à fait me l’approprier. Il n’est ni gourmand, ni synthétique, il est juste beau.
J’ai beaucoup porté « Vetyver » qui semble aussi avoir disparu et qui avait été lancé en 2011. Entre amertume et originalité, c’est un parfum, encore une fois, qui correspond à mes goûts. Après une envolée de gingembre africain et de pamplemousse, la fragrance se fait à la fois très franche avec, au coeur, une très belle variété de vétiver bourbon, cuiré avec des notes de ciste labdanum et épicé avec cette noix de muscade que j’aime tant en parfumerie. Le fond de sauge sclarée douce, de muscs blancs et de patchouli soutient une création vraiment différente des autres vétivers que j’ai pu porter. Je le trouve vraiment fantastique sur ma peau. Mona a réinventé le style. Elle l’a nourri de notes plus suave pour le rendre complètement androgyne. « Vetyver » est vraiment extraordinaire en automne alors que les feuilles se font rougeoyantes. Il est complètement « dans le ton ». C’est un parfum de cavalier ! Je ne sais pas du tout pourquoi je pense cela mais c’est ce qu’il m’évoque. J’aime beaucoup ce parfum et je suis content d’avoir pu le porter surtout s’il a disparu.
« Avec la création de Violette Fumée, Mona a composé la mélodie des passions, souvenirs et matériaux favoris de Jeroen Oude Sogtoen. Avec des fleurs séduisantes comme la violette et la rose fumées avec du tabac à pipe, la douceur exquise du cachemire et du daim et des nuances résineuses profondes, ce parfum chaleureusement fumant évoque l'amour sensoriel de Jeroen pour le luxe et le fait ressentir, rêver, voyager et se souvenir. Revivifiées au départ, des notes fraîches et croquantes de lavande aux herbes et de bergamote pétillante s'associent à de la mousse de chêne d'encre et se transforment au fur et à mesure que le parfum se déploie dans l'élégance du vétiver et de la sauge sclarée. La violette timide et la rose emblématique se développent en une fumée poudrée et gourmande, puis s'intensifient alors que des notes épicées et savoureuses de safran aphrodisiaque et de bois de gaïac fumé communiquent avec les fleurs et commencent à s’enflammer. La combustion continue alors que l'opoponax résineux, la myrrhe et le cashmeran musqué plongent lentement dans une intense étreinte veloutée ». Sorti en 2013, après la disparition de Mona di Orio, ce parfum est sa dernière création et on retrouve tout à fait sa belle signature, atypique et élégante. J’ai tout de suite adoré « Violette Fumée ». Un départ de lavande de Provence, de bergamote de Calabre, de mousse de chêne des Balkans, un coeur de violettes égyptiennes et de rose de Turquie, un fond de vétiver d’Hawaï, de sauge sclarée et d’opoponax de Somalie associé à la myrrhe et au cashmeran. C’est un parfum très étonnant, très profond, poudré sans trop, un peu cuiré. Pour moi, il est addictif et je le trouve complètement en accord avec mes goûts. Il est portable toute l’année et je l’aime beaucoup. Je le trouve comme une promenade dans un jardin anglais un peu désordonné. Il est fantastique dans son évolution.
Il y a et il y aura d’autres parfums dans cette très belles marque car un autre parfumeur a pris la suite et a créé de très belles choses telles « Dojima » par exemple mais je dois dire que la signature de Mona di Orio est quand même ce que je préfère. Je remercie, une fois encore, celles et ceux qui ont permis que je puisse porter, sentir, me familiariser avec ses créations car elle reste, pour moi, l’une des plus inventives, des plus talentueuses créatrices. Le travail de Mona ne ressemble à rien d’autre. Je publie, en annexe, une petite vidéo dans laquelle elle raconte les Nombres d’Or :
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