Passion Parfums

Passion Parfums

"Moscou Rouge", rencontre franco-russe

 

 

 

« Parfum russe véritable Krasnaya Moskva (Moscou Rouge) - 42 ml - Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le parfum 'Krasnaya Moskva' n'est pas une invention soviétique, mais un parfum d'origine française. Le parfum a été élaboré à la demande de l'Empereur Russe pour son épouse, l'Impératrice Alexandra Fedorovna pour fêter les 300 ans de la Maison Romanoff en 1913 par un parfumeur français Auguste Michel.

 

 

Nez Auguste Michel

 

Auguste Michel

 

Le parfum a porté le nom 'Le bouquet préféré de l'Impératrice'. Après la révolution, le parfum a changé le nom et est devenu en 1925 'Krasnaya Moskva' (Moscou la Rouge). C'est d'ailleurs sous ce nom que le parfum a obtenu un Grand Prix de Parfumerie à Bruxelles en 1958 !

Il faut souligner que malgré l'abondance des parfums étrangers en Russie, Krasnaya Moskva est toujours le parfum le plus vendu en Russie ! » Source - Internet

 

 

C’est grâce à un ami que j’ai découvert cette pépite vendue quelques euros dans une épicerie russe de Lyon. J’ai fait des recherches afin d’en savoir un peu plus mais, hormis la description ci-dessus, j’ai trouvé assez peu d’informations si ce n'est que ce parfum pourrait être une réinterprétation d'un parfum créé par un autre français installé en Russie du nom de Henri Brocard (j'avoue que j'ai eu du mal à comprendre donc j'ai publié tels quels en annexe deux articles parus sur le site Russia Beyond pour essayer d'y voir plus clair). Je vais donc essayer, dans ce sujet, de vous donner mes impressions sur une fragrance historique et populaire à la fois en Russie. La pyramide olfactive est assez classique. L’envolée de cardamome, fleur d’oranger et bergamote est assez typique de l’époque. Le coeur est un bouquet floral dominé par le jasmin, la rose, l’oeillet et l’ylang ylang et conduit vers un fond de fève tonka, vanille et iris très poudré.

 

Henri Brocard (parfumeur) — WikipédiaHenri Brocard et son épouse Charlotte

 

Deux concentrations sont disponibles, une eau de toilette au sillage et à la tenue tout à fait suffisante ainsi qu’un extrait dans un petit conditionnement. Pour être honnête, je trouve qu’il y a une passerelle entre cette création et « L’Heure Bleue » de Guerlain. Ceci dit, « Moscou la Rouge » est un parfum plus facile à porter car je pense qu’ils est beaucoup moins sophistiqué. Je l’ai essayé et même porté. J’ai bien aimé mais je ne suis pas certain que ce parfum me convienne tout à fait.

 

J’ai eu sa version eau de toilette et je trouvais qu’il avait une tenue tout à fait impressionnante. Ceci dit, ce genre d’oriental floral est loin de ressembler à l’image que je me faisais des parfums utilisés à la cour des Tsars. Je les imaginais à la fois plus hespéridés et plus cuirés… Comme quoi, l’imaginaire olfactif est propre à chacun.

 

Si vous croisez la route de « Moscou la Rouge », surtout n’hésitez pas à le découvrir. Vous pourriez avoir un coup de coeur aussi. En tout cas, moi, je l’aime bien et je suis toujours content de remettre mon nez dedans. C’est une créations envoûtante, très bien réalisée et vendue à un prix tellement bas qu’il est un petit plaisir pas cher dont il est bien dommage de se priver. Je pense que, s’il était sorti dans une maison de luxe française, il serait devenu un classique, voire même un best.

 

Les senteurs de l'URSS

 

 

Crédit : RIA Novosti

 

 

 

Quelles étaient-elles, les senteurs de l'URSS ? L'empire soviétique était imbu de fumée de tabac, d'alcool, de poussière.. Mais il y avait dans ce mélange une note piquante et unique du parfum soviétique, un arôme acerbe et riche qui se faisait sentir à une grande distance.
 

C'était l'usine de production de parfums Nouvelle Étoile, fondée il y a plus d'un siècle, qui fabriquait les marques les plus célèbres de parfums soviétiques. Outre le fameux Moscou Rouge, l'entreprise produisait une large gamme de fragrance tout à fait accessible aux citoyens du pays. Ainsi, en 1927, la compagnie a présenté pour la dixième anniversaire de la révolution d'Octobre la fragrance Pavot rouge, qui captivait le peuple soviétique génération après génération grâce à sa senteur orientale et épicée.

 

« Le charme des parfums soviétiques, c'était leur sincérité », explique le directeur général adjoint de Nouvelle Étoile Andreï Evdokimov. « Certes, les fragrances populaires du passé peuvent sembler aujourd'hui un peu fortes, pour ne pas dire plus. Mais parmi la gamme de la parfumerie il y avait des arômes-rois incontestables, comme Moscou rouge, Or des scythes ou Kouznetski Most ».

Si Moscou rouge était considéré plutôt comme un parfum cher et « de gala », Muguet d'argent représentait un vrai arôme de tous les jours. Fraîche et persistante, la senteur de Muguet était en même temps assez neutre. Il est à noter également que ce parfum avait une forte teneur en alcool, ce qui permettait aux enthousiastes

d'en produire des « cocktails ».

 

« Je me souviens bien du parfum Moscou rouge. J'en offrais habituellement à ma maman pour le 8 mars. Je ne me rappelle plus où j'en obtenais – et ce n'était pas facile, car l'on ne pouvait pas toujours obtenir ce qu'on voulait dans les magasins. Donc, des cadeaux « rares », comme ce parfum, étaient vraiment appréciés par la personne qui les recevait », raconte Vladimir, 46 ans.

 

Un autre parfum soviétique légendaire était l'eau de Cologne Troïnoï (« triple »). Fragrance préférée de Joseph Staline, Troïnoï était utilisé par les consommateurs à des fins très diverses, notamment en tant que parfum, antiseptique, boisson alcoolisée et lotion après-rasage. Vendu dans de grosses bouteilles, Troïnoï se vendait à un prix assez modeste. Le prédécesseur du parfum a été importé en Russie par Napoléon Bonaparte. Plus tard, les parfumeurs russes y ont ajouté des essences de Néroli et de bergamote, inventant ainsi le fameux arôme.

 

 

Une base belge pour la chasse

 

« Les eaux de Cologne soviétiques sont mes favoris : aucuns additifs inutiles, pas trop sophistiqués, presque de l'alcool pur », dit Alexandre, 50 ans. « Bon, l'odeur de Troïnoï n'était pas trop élégante. Mais quand on utilisait Chipr, tout le monde le remarquait! C'étaient de très bons parfums ! » 

Certains croient que toutes les femmes soviétiques « avaient la même odeur », car elles n'avait pas de choix. « Ce n'est pas exactement vrai », rétorque Andreï Evdokimov. « Les femmes soviétiques avaient de quoi choisir. Effectivement, outre Nouvelle Étoile, il y avait plusieurs autres usines, comme  Dzintars ou Severnoïe Syanie, et chaque entreprise avait sa propre ligne de parfums. La gamme de prix était également très large ».

 

Outre les fragrances déjà mentionnées, les magasins soviétiques présentaient donc plusieurs parfums à des noms plutôt simples. Un assortiment typique comprenait les arômes suivants : Lilas blanc, Soirée d'hiver, Lavande, Lumières de Moscou, Tamara, Muguet d'argent, Dame de pique, Rondo, Manon, Charme, Mélodies favorites, Cendrillon et Tête-à-tête.

 

Les arômes soviétiques attirent toujours des gens. « Nous produisons toujours Moscou rouge et Muguet d'argent », dit M.Evdokimov. « Ces fragrances sont vendues par nos magasins de détail, ainsi que par nos partenaires et en ligne».

 

 

Un peu d'histoire

 

Au début du XXe siècle, il y avait en Russie plusieurs grandes maisons de parfums venues de France. La plus grande était sans aucun doute Brocard & Cie, fondée encore à la fin du XIXe siècle par le célèbre parfumeur Henri Brocard. En 1863, ce dernier a découvert un nouveau procédé de fabrication de parfums concentrés et, après avoir vendu son invention, il a ouvert grâce à l'argent gagné sa propre usine à Moscou. M.Brocard était tellement fasciné par l'histoire et la culture russe qu'il s'est converti à l'orthodoxie et a pris le nom « Andreï Afanasyevitch ».

 

La cause de Brocard était poursuivie par un autre Français, Auguste Michel, qui a notamment pris part à la création du parfum Flaveur préférée de l'impératrice, produit pour marquer la 300e anniversaire de la Dynastie des Romanov. Après la révolution de 1917, l'usine de Brocard fut nationalisée.

 

M.Michel est resté en Russie, et quand le gouvernement a décidé de rebaptiser l'usine pour refléter l'esprit de la nouvelle époque, il a proposé le nom actuel, Nouvelle Étoile. En 1925, Flaveur préférée de l'impératrice fut rebaptisé en Moscou rouge. C'est sous ce nom que le parfum est devenu célèbre en URSS et dans le monde entier.

 

Source : site Russia Beyond le 6 mai 2014

 

Henri Brocard, le roi français de la parfumerie russe

 

La dynastie française des Brocard a fondé au XIXe siècle en Russie un empire de parfumerie. Ses parfums étaient admirés tant par les impératrices que par les femmes des responsables soviétiques.
 

1872. Moscou. La rue Nikolskaïa située tout près de la place Rouge est bouclée par la police. La foule, essentiellement féminine, tente de prendre d’assaut un magasin qui vient d’ouvrir ses portes : Brocard & Cie. Six ans plus tard, la société ouvrira un deuxième magasin, et ce sera de nouveau la bousculade. Rien d’étonnant : un kit miniature de dix échantillons de parfum pour seulement un rouble !

 

Du kopeck au million

 

Henri, surnommé Henri le parfumeur, est né à Paris en 1837 dans la famille d’Atanas Brocard qui dirigeait sa propre entreprise de produits de parfumerie. Ayant réalisé qu’il lui serait très difficile de défier la concurrence dans la capitale mondiale des parfums, il a décidé de tenter sa chance en Russie où le secteur n’était qu'à ses balbutiements.

 

Les aristocrates russes n’utilisaient à l’époque que des savons et des parfums importés de France. Les couches moins aisées se contentaient de savon alcalin acheté au marché : les soins aromatiques leur étaient inaccessibles. Henri Brocard a voulu prouver qu’il était possible de fabriquer en Russie des parfums et des produits de beauté de qualité et de les vendre à un prix abordable.

 

Derrière chaque grand homme, il y a une femme. L’épouse d’Henri, Charlotte, était issue d’une famille originaire de Belgique. Elle connaissait très bien les mœurs et les besoins des Moscovites. Elle se chargea de négocier et avança des idées créatives au sujet de la vente et du marketing.

 

L’entreprise des Brocard a entamé ses activités à Moscou par la fabrication du savon. Charlotte a soufflé à son mari la recette de son succès : « Que ce savon coûte un kopeck, mais ce kopeck nous rapportera des millions ». Le temps a prouvé qu’elle avait raison. C’est elle qui a proposé de lancer des séries de savon : en forme de lapins, oursons et lettres de l’alphabet pour les enfants ; en forme de fleurs, fruits et légumes pour les adultes. Les commandes, tant de gros que de détail, ont afflué. Par la suite, les Brocard se sont tournés vers les pommades et les poudres, notamment dentifrices.

 

Le parfumeur préféré de la famille impériale

 

 

Charlotte et Henri Brocard. Photo d'archivesLa famille a placé la barre très haut et a décidé de se lancer dans la fabrication de parfums. Ce n’était pas chose facile à l’époque, car il fallait briser le snobisme des Moscovites. Brocard s’est résolu à une provocation. Il acheta une cargaison de parfums de la société française Lubin qu’il mit en vente dans des flacons de son usine. Les clientes revinrent rapidement au magasin pour se plaindre que le parfum ne tenait pas. C’est alors qu’Henri rendit publics les certificats notariés sur l’achat du parfum à son concurrent…

 

En 1882, Brocard a fait un tabac à l’Exposition industrielle et artistique de Moscou en installant dans son pavillon une fontaine de parfum, Eau florale. Les femmes plaçaient sous le jet leurs chapeaux, les hommes mouillaient leurs vestes. « Mais qu’est-ce qu’il se permet ? », s’indignaient les concurrents, observant l’ascension fulgurante de Brocard.

 

Un jour, Henri apprit l’arrivée en Russie de la sœur de l’empereur Alexandre III, la grande-duchesse Maria, devenue duchesse d’Edimbourg par son mariage. Henri lui présenta un bouquet de fleurs en cire aromatisées de parfum. La jeune femme fut enchantée de recevoir ce cadeau, car chaque fleur sentait son parfum naturel ! Ce succès assura à Brocard le soutien de la famille impériale. En 1886, Brocard reçut la reconnaissance du tsar et un cachet personnel avec les armoiries de l’Etat.

 

L’histoire française du parfum Krasnaya Moskva

 

Le parfum Krasnaya Moskva. Service de presseLes Brocard étaient toujours à l’écoute des nouvelles tendances dans le monde du parfum. Dans les années de la guerre de 1877–1878 entre la Russie et la Turquie, ils ont créé Le Bouquet de Plevna (ville bulgare devenue aujourd’hui Pleven, lieu d’une grande bataille). En 1914, les clients ont vu apparaître dans les vitrines le savon Voïnskoye (Militaire).

 

Henri Brocard est resté toute sa vie citoyen français, mais 39 ans passés en Russie ont fait de lui un patriote de son pays d’accueil. « Je rentrerai en France uniquement pour mourir, mais ce n’est qu’en Russie que je peux vivre et travailler, car ce pays accorde plus d’espace de création à l’artiste que je suis », a-t-il dit. En décembre 1900, Henri Brocard est parti pour Cannes où il s’est éteint à l’âge de 61 ans. Il est enterré à Provins (à quelque 70 km au sud-est de Paris).

 

Les affaires familiales ont été reprises par sa femme et ses enfants. En 1913, année du 300e anniversaire de la Maison des Romanov, un parfumeur de la société Brocard & Cie, Auguste Michel, a présenté à la famille impériale Le Bouquet, parfum préféré de l’impératrice.

 

Le chiffre d’affaires de la société se montait alors à quelques dizaines de millions de roubles et les Brocard étaient l’une des familles les plus riches de Russie.

 

Après la Révolution d’Octobre 1917, l’entreprise a été nationalisée. En 1922, les bolcheviks l’ont rebaptisée Novaïa Zaria (Nouvelle étoile). La production du Bouquet tant apprécié de l’impératrice a été relancée en 1925, mais sous l’appellation Krasnaya Moskva (Moscou Rouge). Durant 60 ans, des millions de femmes de l’URSS et des autres pays socialistes ont rêvé de ce parfum. Ce rêve est accessible aujourd’hui à la nouvelle génération : l’entreprise Novaïa Zaria existe toujours et le parfum Krasnaya Moskva y est toujours fabriqué.

 

Le destin de la famille

 

L’histoire de la dynastie est soigneusement gardée par l’arrière-arrière-petite-fille d’Henri, Nicole Cherpitel, et son neveu, Bertrand Estrangin.

 

Nicole Cherpitel raconte : « Mon arrière-grand-mère Eugénie est partie pour la France avant la Révolution. Les autres enfants d’Henri l’ont bientôt suivie. Le dernier à combattre pour l’entreprise familiale fut son fils Alexandre. En 1919, lui et les autres membres du conseil d’administration de l’usine ont été arrêtés par la Tchéka (police politique, ndlr) et accusés d’activités antisoviétiques. Alexandre a passé cinq mois en prison avant de partir pour la France où il a ouvert son entreprise.

Pour tous les enfants de la famille d’Henri, la première langue maternelle était le russe et la deuxième, le français. Ils n’épousaient que des Français, mais souvent selon le rite orthodoxe.

 

Henri Brocard a laissé derrière lui une importante collection de peintures. Les nombreuses œuvres d’artistes ouest-européens qu’il a achetées sont exposées actuellement au Musée des Beaux-Arts Pouchkine et dans d’autres musées de Russie.

 

Bien qu’il fût Français, mon arrière-arrière-grand-père est beaucoup plus célèbre en Russie que dans son pays. Nous, ses héritiers, nous exerçons les professions les plus diverses : médecins, juristes et entrepreneurs. L’une de ses descendantes enseigne le russe. Mais nous avons tous hérité de sa formule de vie, simple et juste à la fois : « Croire en son étoile » ».

 

Article paru sur le site Russia Beyond en avril 2016

 



29/05/2020
3 Poster un commentaire
Ces blogs de Santé & Bien-être pourraient vous intéresser

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 225 autres membres