Muscs intriguants
Si les muscs blancs, donnent une impression de « propre » et sont énormément utilisés de cette manière dans de nombreuses créations. D’autres parfumeurs ont préféré recréer, artificiellement ou naturellement l’odeur d’un musc plus animal à l’aide soit de molécules de synthèses soit de fleurs comme par exemple l’osmanthus et surtout la tubéreuse. Franchement brut comme ce qu’on appelait le musc Tonkin, est une sécrétion animale aujourd’hui heureusement interdite, qui prenait beaucoup de place dans certains parfums et particulièrement des orientaux. Ceci dit, il y a de nombreuses manières de travailler cette matière désormais recrée. Pour ma part, je préfère le côté poudré et cosmétique qui peut me plaire le plus. J’ai sélectionné quatre parfums très différents que nous allons décrypter ensemble.
C'est grâce à Caroline qui avait à l’époque "Ma Belle Parfumerie" de Dijon que nous avons découvert la collection "Jardins d'Écrivains" d'Anaïs Biguine. J'ai bien aimé. Caroline m'a offert une dose d'essai d'"Orlando" créé en 2013 et inspiré d’un personnage emblématique de l'oeuvre de l’écrivaine anglaise Virginia Woolf et je l'ai porté aujourd'hui. J'ai beaucoup aimé. J'ai bien retrouvé l'univers un peu bois et encens que j'imagine s'échapper des pages de la romancière britannique. Je n'ai pas lu ce roman mais il va falloir que je m'y mette. Ce parfum, mi-boisé, mi-oriental m'apparait comme une belle réussite mais il me semble que toute la collection est belle. Il fait partie des très belles créations de cette collection première de Jardins d’écrivain. J’aime beaucoup le versant poivré et épicé conjugué avec le musc et les notes florales. Vraiment c’est un joli coup de coeur. J’ajoute, et ce n'est pas négligeable, que les prix des "Jardins d'Écrivains" restent très raisonnables ce qui est un plus.
Il est clair qu’en hiver, l’un de mes parfums de prédilection est « Musc » de Mona di Orio. J’ai eu la chance de connaitre le travail de cette jeune parfumeuse extraordinaire et qui, hélas, nous a quitté bien trop tôt et je dois dire et peut-être même répéter que j’ai vraiment eu un choc olfactif tant les deux collection qu’elle a inventé sont magiques. Rarement, à mon sens, une approche artistique de la parfumerie n’avait été aussi flagrante. Les parfums de Mona di Orio allient une véritable singularité, même au-delà de l’originalité et une qualité des matières premières tout à fait exemplaires. Preuve en est que les deux critères, à savoir, tenue et évolution, qui m’importent sont absolument respectés. Mais revenons à « Musc ». Cosmétique, intense, élégant sans jamais être consensuel, c’est un parfum qui ne ressemble à rien d’autre. Je ne porte pas forcément, en principe, les créations qui mettent en avant cette note mais alors celui-là est un véritable bijou et je le porte comme tel, c’est à dire avec une certaine parcimonie (il faut dire que son sillage et sa tenue sont parfaits) mais très régulièrement. En fait, ici, le musc est complètement recréé avec une combinaison de néroli, de rose et d’héliotrope associée à un fond de fève tonka. Personnellement, je possède une version vintage que j’adore.
Voilà typiquement le parfum que j'aime, dont j'admire la construction mais que je ne porterai pas ! Animal, un peu étrange, capiteux, fascinant, "Musc Tonkin" lancé en 2012 tout d’abord en eau de parfum puis en extrait le temps d’une édition limitée est l'une des créations les plus originales de Marc-Antoine Corticchiato. Une véritable symphonie de notes profondes. Du musc bien évidemment mais aussi quelque chose qui m'évoque à la fois le cuir, le tabac et même certaines fleurs.Légèrement extravagant, terriblement addictif lorsqu'il est bien porté, doté d'un sillage magnifique et d'une remarquable tenue, il est une véritable réussite. Je l'aime vraiment beaucoup. J'adore le sentir sur un ami qui le porte. De plus, il vient d'être réédité en extrait ce qui lui confère encore plus de tenue et encore plus de sillage. Je l'avais essayé en eau de parfum il y a quelques mois et, curieusement, sur ma peau, le fond est plutôt fleuri. Je trouve même ça assez beau mais il demeure un peu trop excentrique pour moi. Ceci dit, c'est une création assez extraordinaire. À découvrir vraiment !
Je ne pouvais pas passer à côté de « Musc Ravageur », sorti aux éditions Frédéric Malle lancé en 2000 et créé par Maurice Roucel. Ce parfum est indéniablement une réinterprétation des orientaux vanillés et musqués du début du XXème siècle et notamment de ceux qui ont fait les beaux jours de la maison Guerlain. Seulement voilà, il est overdosé en tout, que ce soit en musc et en ambre en note de fond mais aussi en épices (cannelle, poivre). L’ensemble est soutenu par du santal, du cèdre et d’autres notes boisées. Oubliée la bergamote et la tangerine des notes de tête. « Musc Ravageur » es le parfum le plus opulent et doté de l’un des plus importants sillages de la collection. De plus, il a été reformulé il y a quelques années et je le trouve encore plus oriental, encore plus vanillé et encore plus épicé. Pour être honnête, car je l’ai un peu porté, je reconnais que c’est un très beau parfum mais qu’il est too much pour moi. Une fois le flacon terminé, je l’ai un peu laissé derrière moi. Il est vrai que les orientaux de cette lignée, si j’ai pu les aimer, j’ai plus de mal aujourd’hui. Je le dis, « Musc Ravageur » est un magnifique parfum mais il n’est vraiment pas pour moi.
* Voir vidéo ci-dessous
Voilà, nous avons exploré le musc animé (recréé j’insiste) dans quatre parfums très différents. J’irai plutôt vers les plus légers mais peut-être que vous serez attirés par les autres… Maintenant à vous de jouer : découvrez, essayez et vous les aimerez peut-être.
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