Nicolas Mamounas et Rochas, une histoire de passion
C’est en 1970 que Nicolas Mamounas rejoint la maison Rochas et il va, durant plus de deux décennies, apporter son talent en s’inscrivant dans une belle tradition de parfumerie à la française avec six créations dont certaines, hélas, n’existent plus. Je dis « hélas » car, vraiment l’une d’entre-elles a été un des grands parfums de ma vie. Il s’agit évidemment de « Macassar » dont je n’ai eu l’opportunité de ne porter qu’un flacon mais que j’ai aimé énormément. Je pense qu’il a été l’un des grands masculins de la parfumerie et je regrette énormément qu’il n’ait pas, contrairement à d’autres parfums mythiques de la marque, été réédité. Mais Nicolas Mamounas c’est aussi « Eau de Rochas » et « Eau pour Homme ». J’ai donc décidé de retracer son parcours au sein de la marque en me penchant sur trois parfums car, hélas, je n’ai connu ni « Mystère » ni « Lumière Original ».
On ne peut pas évoquer cette collaboration sans se plonger dans l’univers hespéridé de « Eau de Rochas» sorti en 1970 et qui s’inscrit d’emblée dans la longue et fructueuse lignée des « esprit cologne ». Cette eau de toilette, complexe a un départ très pétillant d’agrumes en tout genre dominés par la délicieuse amertume d’un pamplemousse dense et le côté pétillant d’un citron très présent. Les notes de verveine, de patchouli, de ciste et de jasmin sont surtout là pour soutenir l’ensemble et mettre en valeur la fraicheur intense de la création qui repose sur le versant très « propre » des muscs blancs, la douceur du bois de santal et surtout un vétiver très élégant et intemporel. « Eau de Rochas » a toujours eu ses adeptes et son secret tient sans doute dans sa transparence car elle est, encore aujourd’hui, comme une évidence, dans cette famille olfactive. Son succès conduira Rochas à demander, en 1993, à Nicolas Mamounas de créer une version pour homme (bien que je trouve que l’original est tout à fait mixte) et ainsi naîtra « Eau pour Homme » que j’aime bien également et qui a un côté peut-être un peu moins agrumes et plus aromatique mais toujours avec cette belle note de vétiver en fond.
C’est donc en 1980 que va sortir « Macassar » que Nicolas Mamounas va créer avec Roger Pellegrino et qui est un chypré cuiré absolument magnifique dans la lignée de « Bandit », inventé pour Robert Piguet après la seconde guerre mondiale par Germaine Cellier et dont j’ai déjà beaucoup parlé. Le départ de bergamote et d’armoise un peu âpre se réchauffe tout de suite au coeur avec des notes de cèdre, de vétiver et de jasmin. Le fond de patchouli et mousse de chêne est également construit autour d’un accord cuir de Russie puisqu’on identifie très facilement le côté un peu sombre de la sève de bouleau. Une note sèche d’ambre vient compléter ce tableau pointilliste. Le parfum était supposé recréer l’odeur du très exotique bois de macassar qui est une précieuse variété d’ébène. J’aimais vraiment beaucoup la profondeur de ce parfum chic et brut. Pour moi, une telle création manque vraiment aujourd’hui dans le sélectif.
C’est lors d’un séjour dans la très jolie ville de Dijon que j’ai découvert, au coin d’un rayon des Galeries Lafayette, un parfum qui m’a énormément plu. Il s’agit de « Byzance » que Nicolas Mamounas a créé en 1987 avec Alberto Morillas. Celui-ci, c’est vraiment une pépite. L’ouverture piquant de l’oeillet et du citron passe très vite et on entre dans un coeur complètement atypique, avec des notes de rose, de tubéreuse, d’iris et d’ylang ylang avec des accents épicés et un fond de cèdre, d’ambre, d’héliotrope et de vanille. « Byzance » est, pour moi, vraiment le plus beau des parfums Rochas disponibles aujourd’hui. S’il est estampillé féminin, je pourrais le porter sans aucun soucis. Il est chic comme tout et il soutient tout à fait la comparaison avec des parfums que l’on peut trouver dans des marques plus exclusives. Vraiment il faut le découvrir ou le redécouvrir. Moi, en tout cas, je suis emballé.
Voilà pour ce petit tour d’horizon des trésors de Rochas, passé ou présents, disparus ou retrouvés. En tout cas, je trouve qu’il ne faut pas se laisser influencer par le côté désuet du packaging et des différents flacons. Ils méritent vraiment d’être retrouvés et Nicolas Mamounas a vraiment effectué un superbe travail de création. J’ai eu beaucoup de plaisir à découvrir ses parfums et, leur prix étant raisonnable, ils sont une bonne alternative pour se parfumer avec des jus un peu hors normes sans se ruiner.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 219 autres membres