Nostalgie : quelques collectors dont je peux encore profiter un peu
À l’heure où les lancement sont nombreux et où une nouvelle parfumerie s’apprête à ouvrir chez nous à Lyon, me voilà nostalgique. J’ai un peu rangé mes parfums et je me suis rendu compte que j’avais quelques collectors disparus corps et biens des rayons ou qui ont étés tellement reformulés que je ne les reconnais plus et qui vont me manquer lorsque mes flacons seront vide. Je préfère sans peut-être qu’ils soient supprimés que de plus les retrouver que d’en sentir des ersatz que je ne me vois pas porter, il n’empêche que je voudrais prolonger le plaisir le plus longtemps possible. Vintages, collectors et parfums jubilatoires, j’ai décidé de les remettre un peu sur devant de la scène et d’en parler au cas où vous en choperiez quelques gouttes au cours de vos pérégrinations et que vous pouviez ainsi les découvrir.
Les deux premiers qui me viennent à l’esprit sont « 2 Violaceum » et « 18 Glacialis Terra » créés en 2016 par Daphné Bugey pour une collection qui s’appelait Natura Fabularis (devenue La Botanique) de l’Artisan Parfumeur. Je dois dire qu’ils faisaient partie de mes coups de coeur. Le premier est une violette complètement stylisée avec un départ de graine de carotte et de safran qui m’évoquait assez les fleurs bavardes imaginées par Lewis Carroll dans « Alice au Pays des Merveilles ». Résolument contemporain, très singulier, il n’a sans doute pas su trouver le coeur de son public et c’est bien dommage car cette violette atypique, formidable, se développe merveilleusement sur ma peau. Heureusement, sa tenue est telle que le flacon descend peu lorsque je le porte. Je pense que j’aurai vraiment du mal à m’en passer. C’est aussi le cas de « 18 Glacialis Terra », un vétiver travaillé de manière glacée presque givrée comme une terre dure d’hiver dans un sous-bois rêvé. Des notes d’absinthe rehaussent le vétiver et le rendent parfaitement addictif. Sur ma peau, il est très rafraîchissant et je l’adore. Les jours de canicule, il est, pour moi, un refuge. Je me suis laissé dire qu’il rencontrait un certain succès et je ne m’explique pas sa suppression mais je la regrette terriblement. Vous allez me dire que la totalité de la collection est très belle et que les deux nouveaux que nous avons tant attendus sont des réussites et je n’en disconviens évidemment pas mais permettez-moi un peu de cette nostalgie de mon engouement quand j’ai découvert ces deux-là.
Je l’ai découvert bien trop tard car il avait, à l’instar de la majorité des créations de la première collection de Mona di Orio, discontinué mais j’ai vraiment eu un coup de foudre pour « Carnation » qu’elle a lancé en 2006 est un travail floral et charnel autour d’un oeillet pas du tout piquant, rond et profond. Je me souviens lorsque j’ai eu entre les mains, un testeur, du choc olfactif que j’ai ressenti, du résultat du parfumage sur ma peau et de l’effluve persistante sur mon écharpe posée dans ma chambre pendant des jours. Il me le fallait absolument. J’ai bataillé mais j’ai trouvé 50 ml en Suisse et je me suis jeté dessus. J’ai eu, par la suite, le privilège de me voir offrir un format voyage et je remercie chaleureusement Bernadette, la maman de Nathalie alias Mona de ce cadeau qui m’a été droit au coeur tant j’aime ce travail autant pour le porter que pour l’extraordinaire oeuvre artistique que représentent tous ses parfums. Ensuite, il y a eu bien évidemment les Nombres d’Or, « Cuir » et « Musc » que j’affectionne toujours autant (surtout dans leur première version) ainsi que « Violette Fumée » venue plus tard mais je n’ai jamais oublié « Carnation » et la formidable alchimie que ce parfum singulier et unique crée avec ma peau. Je le porte plutôt pour des occasions particulières car, je l’admets, j’économise mon stock. Je rêve qu’un jour ce parfum soit réédité tout comme j’attendrai longtemps je le pense, « Bois de Paradis », créé par Michel Roudnitska pour DelRae. Oui, je suis nostalgique de ces parfums qui représentent vraiment, et ce n’est pas un vain mot, la parfumerie d’auteurs la plus audacieuse.
J’ai une prédilection depuis longtemps pour la très belle maison anglaise Floris et j’ai porté déjà deux flacons de « Mahon Leather » qui avait été lancé en 2011 tout d’abord en exclusivité pour Harrod’s puis qui était arrivé sur le continent. C’était un cuir de Russie, jasminé, amandé et rehaussé de violette. Je crois que je n’avais jamais trouvé, à l’époque où j’ai eu mon premier flacon, de parfum qui me correspondait autant. Tout y était, une facette cuir, une autre florale, une poudrée et une amandée, le tout parfaitement harmonisé. J’ai adoré ce parfum à un point tel que, lorsque j’ai su qu’il allait disparaitre, j’ai fait du stock ce qui n’est pas toujours possible. En tout cas, je continue de le porter assez naturellement et à l’aimer profondément. Je sais que je peux encore trouver un ou deux flacons donc je ne l’économise pas forcément. En tout cas, il demeure pour moi, un des plus beaux cuirs que j’ai eu dans ma collection. Une version à l’anglaise du cuir de Russie à l’ancienne travaillé avec une extrême délicatesse. Je sais que, depuis le Brexit, l’accès aux marques britanniques est de plus en plus compliqué sur le continent et je le déplore, je sais aussi que, outre « Mahon Leather », « Roaring Radcliff » créé par Daphné Bugey pour la collection des portraits de Penhaligon’s en 2016 et que j’adore est aussi appelé à disparaitre mais je sais que je pourrais me rabattre sur un autre animal de la série donc, s’il va me manquer, ce sera moins net que « Mahon Leather ». En écrivant cet article, je le porte et je me fais vraiment plaisir.
Je termine cette revue de quelques collectors que je possède et que je vais regretter lorsque les flacons seront vides. J’ai gardé le pire pour la fin et je vais évidemment évoquer Caron et, bien évidemment le mythique « Narcisse Noir »(1911) ainsi que sa réinterprétation par son créateur Ernest Daltroff en 1923. Depuis le rachat de la marque il y a quelques temps, elle faut peau neuve et, quitte à me faire des ennemis, je vais le dire, ce n’est pas une bonne nouvelle. J’attendais beaucoup du parfumeur engagé par la maison car j’avais adoré son travail pour Isabey et quelle déception ! De nouvelles créations qui ne m’intéressent pas du tout en reformulations qui me donnent envie de détourner la tête, ce n’est pas ce que je m’attendais. Certes, je comprends qu’il faille conquérir une nouvelle clientèle (dont je ne serai pas on ne va pas se mentir) mais je trouve très irrespectueux de traiter les fidèles de la marque de cette manière-là. Alors je la connais l’excuse des la norme ISO mais comme par hasard, les interdictions de matières ne touchent pas « Pour un Homme » qui est le best de la maison ! Résultat des courses adieu « Narcisse Noir » en attendant une reformulation qui m’effraye un peu et exit « Narcisse Blanc » pour pouvoir réutiliser le nom pour une nouvelle création sur laquelle je ne vais pas m’étendre tant je la trouve sans intérêt. Oui, c’est un coup de gueule ! Ayant créé ce blog pour être positif, ça m’arrive rarement mais là, vraiment, je trouve que mettre un terme à l’une des belles maisons traditionnelles de la parfumerie à la française (elle était d’ailleurs la dernière puisque Jean Patou n’existe plus et Guerlain… enfin, je préfère ne pas parler de Guerlain) et je trouve ça désolant. Une page est tournée et je l’aurai vécu en direct. Il me reste, heureusement, des flacons de « Narcisse Noir » et de « Narcisse Blanc » (le vrai et pas cette petite eau de parfum sans intérêt) mais cela aura une fin hélas et nostalgique je deviendrai quand les dernières gouttes que je possède auront été vaporisées. Je ne parle même pas des parfums que j’aimais mais que je ne porte pas tant cette démarche m’agace.
J’ai l’oeil et le nez sur les nouveautés, parfois on voit revenir des parfums que l'on aime pour un temps limité comme "Mon Parfum Chéri" d'Annick Goutal ou encore "Nutmeg & Ginger" de Jo Malone et j’ai des engouements heureusement mais je trouve toujours triste de voir disparaitre des oeuvres d’art. J’aurais pu évoquer aussi « Peau de Pierre » de Starck qui a été vraiment ma signature pendant un certain temps ou encore « Iris Prima » de Penhaligon’s que j’adore ainsi que d’autres parfums dont je n’ai plus de flacons mais je voulais parler de ceux avec lesquels je peux encore, pour un temps limité me parfumer. Il y aura bien évidemment d’autres parfums mais ceux-ci seront dans un coin de ma tête pour longtemps j’en suis sûr.
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