Nouveautés découvertes en février 2023
Il y a eu quelques nouveautés en ce mois de février. Certes les sorties sont un peu moins nombreuses qu’en fin d’année 2022 mais tout de même il y a de quoi sentir. Je suis allé en parfumerie régulièrement et j’ai quand même pu faire quelques découvertes. J’aime beaucoup l’idée que les parfumeurs font preuve d’inventivité pour nous surprendre, nous donner envie et nous faire ressentir de nouvelles choses. Nous ne sommes jamais à l’abri d’un coup de coeur et c’est ce qui est passionnant. Je vais essayer de vous donner mon avis sur ces lancements que nous attendons tous toujours avec impatience.
La première nouveauté que j’ai pu sentir est signée Sonia Constant pour sa marque Ella-K. Je dois dire que j’en attendais beaucoup car je suis très client de la signature de cette créatrice qui nous fait toujours voyager, qu’elle crée pour sa propre maison ou pour celles des autres. Dès que j’ai eu l’opportunité de mettre mon nez sur « Camélia K », je l’ai fait. Je dois dire que j’ai été un peu surpris. La parfumeure décrit ainsi cette nouveauté : « Un matin d'été lumineux dans la vallée de Sapa où la rosée du matin retient les fleurs fraîches, le soleil passe à travers les feuilles, comme un moment unique et magique pour admirer une nature magnifique. "Mes yeux se sont arrêtés sur un camélia rouge sauvage aux pétales écarlates épanouis, j'ai été éblouie… » Le mariage suave du gingembre, du fruit du dragon et de la mandarine nous invite à franchir le seuil d'un paradis voluptueux. Cette création est une invitation poétique au désir, enveloppée dans la sensualité de la vanille, du vétiver et du patchouli, émergeant d'un bouquet intense de fleur d'oranger, de camélia rouge et de jasmin sambac ». Dès l’envolée, on sait ce qu’est cette fragrance. Il s’agit d’un floral fruité construit d’une manière un peu chyprée avec des twists légèrement arrondis. À l’envolée, l’orange sanguine se fait douce et est vraiment légèrement contrebalancée par une note de gingembre et une autre de pitaya (un fruit exotique aussi appelé fruit du dragon à l’odeur ronde et juteuse) puis le parfum évolue vers un coeur floral de camélia, de fleur d’oranger, de jasmin, de tubéreuse indienne et de rose bulgare puis le parfum se pose sur des notes de fond de patchouli, de vétiver, de tonka et de vanille. Sur le papier, je pensais qu’il s’agissait d’un chypré floral mais dans son évolution, je le trouve surtout très fruité et légèrement vanillé. Je ne peux pas dire que j’ai adhéré complètement car le parfum est un peu éloigné de mes goûts mais la concentration à 25% lui donne une certaine tenue et un sillage assez inhabituel pour ce genre de créations.
« Musc Oli est une harmonie de bois, de muscs, de fraîcheur et d’intensité qui libère une incroyable sensation de confort et de sérénité. Ce parfum ne ressemble à aucune autre formulation de Caron. Véritable « ovni » au sein de la Maison, il met en lumière deux des plus beaux ingrédients de la parfumerie de synthèse : le cashmeran FF®, une version exclusive ultra facettée, et le javanol, la plus puissante de toutes les notes santalées. Ce duo s’annonce par des notes fusantes boisées fraîches d’amberxtreme et d’opéranide. Il révèle sa puissance boisée et musquée en présence de la sinfonide, un musc exclusif ultra contemporain. Le sacrasol enveloppe tout en douceur le cashmeran de sa caresse musquée ». Tels sont les mots de la marque pour présenter « Musc Oli » la nouvelle création de Jean Jacques, le parfumeur de la maison Caron. J’avoue que je ne comprends pas du tout la démarche. Il est bien rare que je sois aussi négatif mais, vraiment, je suis déconcerté. Tout d’abord, il y a la fragrance. C’est un petit musqué boisé synthétique qui a vraiment un côté « tout venant ». Je pense que l’on peut découvrir beaucoup mieux réalisé et plus qualitatif dans le style chez Narciso Rodriguez par exemple mais aussi dans n’importe quelle marque. Il faut quand même savoir que le parfum coûte 195 euros pour 100 ml ! Ensuite, je trouve le packaging et l’idée d’un jus blanc, faussement nacré, lacté assez peu engageant. J’ai même cru, au premier abord, que c’était un lait pour le corps. Enfin, il y a le nouveau flacon Caron. J’avoue que je n’arrive pas à m’y faire. Je le trouve cheap dans ses deux versions. Vous le comprendrez, je n’ai pas vraiment accroché avec « Musc Oli » que je ne trouve pas vraiment qualitatif, pas vraiment original et doté d’une tenue très très moyenne. Il est bien évident que je l’ai essayé sur la peau avant d’écrire et que j’y suis revenu plusieurs fois en essayant de trouver des points positifs. J’admets que je n’y suis pas arrivé.
Après avoir créé « Mortel » pour la maison Trudon en 2017, Yann Vasnier revient avec une variation plus sombre et plus épicée en haute concentration. « Mortel Noir » vient de sortir et je le trouve passablement différent de l’original. La marque le décrit ainsi : « Mortel Noir, la dernière fragrance des parfums Trudon combine les forces de poivre noir de Madagascar et d'encens de Somalie avec des notes de myrrhe et de benjoin, créant ainsi une chaleur sensuelle, presque érotique, renforcée par l'absolu de ciste labdanum. Avec son flacon et son cabochon noir mat, c'est une Edition spéciale du célèbre parfum Mortel, qui se démarque avec son nom en lettres d'or sur l'étiquette et une concentration encore supérieure des matières premières. Il offre une longévité sur la peau tout à fait exceptionnelle. La boîte en papier de couleur encre présente un dessin de Bastien Coulon en or, représentant l'artiste plongeant vers les profondeurs ». Même si j’ai un peu une aversion pour les notes froides d’encens, je suis allé mettre mon nez sur ce parfum et j’ai été surpris, dès l’envolée, par la profusion de poivre noir de Madagascar qui vient envelopper les autres épices, notamment le gingembre et la cardamome mais aussi la douce bergamote. Le coeur, construit autour d’un très bel encens de Somalie et de cèdre de Virginie se fait un peu spirituel, très profond et élégant puis le fond, légèrement cuiré par un absolu de ciste et des noes de benjoin de myrrhe et d’encens enrichissent le poivre noir. C’est un parfum en clair obscur. Il est sombre par certains côtés et lumineux par d’autres. Je ne pourrais absolument pas le porter mais le tour de force de l’avoir rendu très épicé m’a beaucoup plu.
« Avant et Après est un bouquet floral blanc solaire, crémeux et narcotique, bercé par un vent marin qui le signe tout en lui apportant de la fraicheur. En fond, la vanille, le benjoin et les muscs soulignent la douceur et l'intensité de la fleur de tiaré. Le parfum, par Marie Schnirer : C’est une interprétation entre un accord monoï et une fleur d'oranger en une version élégante, un contraste entre opulence et fraîcheur contemporaine. Pour cette composition, j'ai imaginé une promenade à l'aube, le long du bord de mer, la sensation du vent frais qui caresse le visage dans la lumière blanche de l’aurore ». Si je n’avais pas tellement aimé « Take Me », le précédent opus d’Isabey, je dois dire que je suis complètement séduit par « Avant et Après ». Je trouve que l’interprétation qu’a faite Marie Schnirer est vraiment inspirée. Le départ de freesia avec des notes solaire de frangipanier m’a vraiment tout de suite plu. Le côté aquatique, un peu iodé s’harmonise parfaitement puis, le coeur de jasmin sambac, d’ylang-ylang, de fleur d’oranger s’enrichit d’un accord monoï que je trouve vraiment très agréable. Le fond de vanille vient compléter le côté un peu baumé avec l’ambroxan et le benjoin. La marque évoque aussi des muscs blancs que je ne sens pas du tout sur ma peau mais cela m’arrive d’être anosmique à certaines de ces molécules. L’ensemble est, pour moi, vraiment très harmonieux, moderne, très lumineux. Sur ma peau, la facette ylang-ylang un peu aqueuse, très solaire et légèrement saline se développe vraiment merveilleusement bien. Pour moi, « Avant et Après » est l’une des très belles sorties de ce début d’années. Je le porte en écrivant ce paragraphe et, vraiment, je suis attiré par ce parfum.
« Dom Rosa » qui est l’un des mes grands coups de coeur de ces derniers temps fête ses dix ans. À cette occasion, Liquides Imaginaires sort une édition millésimée que je viens de découvrir. La marque en explique ainsi l’inspiration : « L'année 2023 marque le dixième anniversaire de Dom Rosa. Le parfum du sang de la rose sacrifiée pour la beauté du vin. Un rituel historique champenois. Fleur de la passion, son effervescence laisse place à un charme romantique et enivrant. L’effervescence fraîche de l’attaque laisse place au charme envoûtant de la rose légèrement enfumée d’encens. Le fond boisé l’enrichit de son puissant contraste. Un parfum de saveur. Liquides Imaginaires célèbrera l'anniversaire de l'une de leur référence best-seller avec une nouvelle offre pour les clients à la recherche d'un cadeau pour la Saint-Valentin ou la fête de la femme. Cette Edition Limitée présentera un nouveau packaging et un jus hautement concentré ». La formule est à peu près la même que l’originale composée par Sonia Constant avec un départ de champagne, de pamplemousse et de poire, un coeur de rose, de clou de girofle et d’encens et un fond de vétiver, de cèdre et de bois de gaïac mais je trouve que l’équilibre est légèrement différent, plus explosif peut-être avec une note un peu vineuse persistante et un côté plus encens. On retrouve bien la « colonne vertébrale » du parfum avec un côté très profond et très élégant mais le sillage est décuplé et peut-être que certaines notes m’ont parues un peu « forcées ». J’ai bien aimé cette découverte mais je crois que je préfère la version plus transparente que je connaissais déjà. Je trouve que le côté un peu plus texturé rend la création moins pétillante même si j’aime quand même beaucoup l’évolution. Alors « Dom Rosa » ou « Dom Rosa Millésimé », à nous de choisir.
J’ai reçu un échantillon du nouveau parfum créé par Fredrik Dalman pour Mona di Orio. Il s’appelle « Domaine » ce que j’ai trouvé plutôt curieux. La marque le décrit ainsi : « Mona di Orio présente Domaine Eau de Parfum. Un soliflore orchestré par l'art, la lumière et la nature. Domaine est un hommage à nos partenaires de longue date Accords et Parfums à Cabris, le prestigieux atelier fondé par le mentor de Mona, Edmond Roudnitska, connu pour ses normes d'excellence. Le lieu où l'histoire de la Maison Mona di Orio relie la vie d’Edmond Roudnitska, Mona di Orio et notre parfumeur maison Fredrik Dalman ». C’est un soliflore muguet qui s’avère un hommage à Edmond Roudnitska, père de la parfumerie moderne si l’on peut dire et créateur du mythique « Diorissimo » supposé rappeler l’odeur du muguet, fleur fétiche du couturier Christian Dior et qui, pour en retrouver l’odeur, en avait planté un carré entier dans son jardin de Cabris. « Domaine » est un parfum qui peut sembler simpliste lorsqu’on le sent superficiellement mais je l’ai essayé sur la peau. Je dois même dire que je l’ai bien porté car j’avais un grand échantillon. Il est très facetté, très joli et printanier. Je ne peux pas dire que je l’aime autant que j’ai pu apprécier « Diorissimo » notamment en extrait mais je trouve que c’est un très joli parfum vert et floral. La marque ne communique pas sur la pyramide olfactive mais je peux identifier des notes de galbanum, d’une plante aromatique, sauge sclarée ou basilic, c’est difficile à dire car elle n’est là qu’en soutien de la composition florale. « Domaine » me plait mais ce n’est pas un coup de coeur. Il est tout de même dans l’esprit de la marque, ce qui est bien agréable.
« Vers le Levant: l’aventure des sables débute. Trait d’union entre plusieurs contrées, Caravansérail Intense est une halte où se rejoignent la route du café et celle des épices. Lieu d’hospitalité historique non loin des déserts arides, explorateurs pionniers et âmes voyageuses sont les bienvenus autour d’un café traditionnel, brulant et addictif, dont les volutes révèlent les facettes fraîches des graines de cardamome. Des notes fruitées et liquoreuses réhaussent ce mélange divin. De la cannelle et des clous de girofle sont délicieusement saupoudrés tandis qu’un duo de coeur de patchouli et de santal apporte une intensité boisée. Enfin, un vent de sable puissant aux notes ambrées sèches souligne l’immortelle, la vanille et la fève tonka ». Je pensais devoir attendre mon prochain séjour à Paris pour découvrir « Caravansérail Intense » la toute nouvelle création de Patricia de Nicolaï pour sa maison éponyme mais j’ai eu la chance de recevoir deux échantillons grâce à l’une d’entre-vous qui se reconnaitra et je l’en remercie. En général, j’aime beaucoup le travail de la parfumeure qui, je trouve, sait très bien créer et recréer les classiques d’une parfumerie fine qui manque cruellement dans le sélectif aujourd’hui. Elle occupe une place à part et j’ai beaucoup aimé découvrir son travail. J’attendais beaucoup de « Caravansérail Intense » et il me semble bien que j’avais raison car c’est un parfum qui correspond pas mal à mes goûts. Il s’ouvre avec une discrète note de café contrebalancée par des effluves de prune et de framboise qui est pourtant une note que je n’aime pas d’habitude mais qui, ici offre une facette douce et pas du tout criarde. Le coeur est boisé et épicé avec des notes naturelles de clou de girofle et de cannelle reposant sur le côté profond du patchouli et doux du santal puis, le fond d’ambroxan, qui aurait pu me déranger est très bien travaillé avec des notes naturelles de vanille, de fève tonka et d’immortelle. Il en résulte un parfum rond sans jamais être sucré, épicé sans aucun excès avec un très joli développement. Il faut la dire, j’ai quand même un coup de coeur pour « Caravansérail Intense ». Il est, impeccablement réalisé, classique avec un twist contemporain. C’est carton plein !
Un nouveau parfum dans la collection classique de Serge Lutens m’intrigue toujours. Christopher Sheldrake propose, quelques mois après « Poivre Noir » que j’avais bien aimé, une création très différente. Il s’agit de « Écrin de Fumée » que j’avais eu l’occasion de découvrir un peu avant son lancement cette semaine et qui m’avait beaucoup plu. « « Vite, vite, la fin du monde ! Notre existence tient à l’urgence. Sous le son des canons, les bouchons de champagne déploient leurs robes. Seraient-ils en feu ? Par l’écrin de fumée, ce jour a les yeux bleus ». Non, ce parfum n’est pas du tout apocalyptique bien au contraire, il allie le tabac, les notes fumées et boisées à la rondeur de la fève de cacao et d’un alcool qui pourrait être du rhum ou même du whisky. Je lui trouve même un petit côté gourmand. Sur la peau, ce parfum très linéaire apporte tout d’un seul coup et donne un côté fumé et un peu liquoreux à la fois ce qui lui confère une vraie originalité. Vraiment, « Écrin de Fumée » me plait. J’aime beaucoup sa profondeur et je trouve qu’il revient, tout comme, il y a deux ans, « La Dompteuse Encagée », aux fondamentaux de la marque.
Tout comme cela avait été le cas pour « B682 », Quentin Bisch propose une version extrait de parfum de « Ganymède » pour Marc-Antoine Barrois. J’avoue que j’ai un peu une relation attirance-répulsion pour l’eau de parfum et je n’attendait donc pas grand-chose de cette nouvelle concentration. J’ai trouvé que c’était, en fait, un autre parfum car, dès le départ, la mandarine et le safran sont enveloppés par une overdose d’immortelle qui ne fera que s’enrichir du coeur d’immortelle et d’osmanthus pour donner un côté un peu plus rond que dans l’eau de parfum tout en gardant un côté « sable sec ». Je sens même une note salée puis, le fond de cèdre, de cuir, de musc et de patchouli vient soutenir la fragrance pour lui donner une tenue et un sillage imbattables. Quand je sens ce parfum sur ma peau, je suis en Corse, au bord de la mer et je me sens en vacances. L’immortelle exhale sa facette à la fois cuir et curry comme si elle était séchée au soleil en plein été. Quentin Bisch a su réinventer son propre parfum et, honnêtement, je pourrais plus facilement le porter que la version originale car je suis quand même très amateur de la note d’immortelle et qu’elle ne quitte pas ma peau. Bien sûr, on reconnait bien la colonne vertébrale du parfum mais le développement est très différent. C’est une très belle création mais je regrette un peu que la concentration extrait fasse monter vraiment fort le prix. Ceci dit, c’est un parfum qualitatif et je me trouve justifié.
Je trouve que le mois de février a été riche en sorties et en éditions limitées malgré tout. Je me suis fait plaisir en découvrant ces nouveautés. J’ai un petit coup de coeur pour « Caravansérail » de Nicolaï Parfumeur Créateur qui est, je trouve, un très joli épicé et j’ai apprécié l’ylang-ylang un peu salé de « Avant et Après » d’Isabey. J’ai bien aimé le Serge Lutens également mais il est un peu trop opulent pour moi. En tout cas, l’année commence maintenant un peu sur les chapeau de roue après un mois de janvier un peu mou.
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