Passion Parfums

« Redonner au parfum sa dimension sacrée, puiser dans les sagesses ancestrales pour retranscrire le langage secret des odeurs dans des compositions uniques pensées pour harmoniser le corps, l’âme et l’esprit, telle est la vocation de Spiritum. Cela, grâce à la collaboration avec plusieurs parfumeurs de renom, dont Bertrand Duchaufour et Philippe Paparella. Jonathan Dufour, jeune créateur passionné d’ésotérisme, s’est attaché à sublimer les matières premières utilisées lors de rituels chamaniques pour restituer l’esprit originel du parfum - un éveil au divin - célébrant l’alliance du charnel et du spirituel. Numerus, première collection de la maison, s'inspire du lien ancestral entre les nombres, les parfums et notre comportement » tel est le postulat de départ de la création de Spiritum, une toute nouvelle maison de parfums dont les neuf créations nous entrainent sur les chemins de la spiritualité. Le propos peut paraître un peu bateau mais, en sentant ces parfums complexes, élégants et quand même inédits, j’ai compris un peu mieux la démarche intime et artistique de Jonathan Dufour, le jeune fondateur de la marque. Un beau packaging à la fois élégant et un peu « roots », des jus singuliers, complexes sans être compliqués et un univers olfactif un peu ésotérique et aussi un peu onirique voici les maîtres mots à retenir en découvrant les fragrances. J’en ai retenu quatre sur les neuf car je ne voulais pas que mon article soit trop long mais je pense qu’il faut découvrir la marque dans son intégralité.

Philippe Paparella-Paris

Bertrand Duchaufour

La toute première collection de Spiritum explore la numérologie de manière un peu symbolique. Le numéro 1 s’appelle donc « Solar Soul » et la marque le décrit ainsi : « Solar Soul, inspiré du chiffre 1, représente le Soleil et le Feu. Un souffle d’audace porté par l'association des notes de rose avec la force du bois de santal. Ce parfum fait écho à notre ambition, à travers un fond gourmand apporté par les notes de rhum et une pointe de vanille. Sous l'étoile du Soleil, l’effluve s'enflamme lorsqu'il touche notre peau ». Très épicé il s’ouvre curieusement sur une note ronde et alcoolisée de rhum puis évolue sur un coeur de figue enveloppé d’une rose poudrée, de notes de thé et rehaussé de cannelle et de clou de girofle avant de se poser sur un fond d’encens et de oud arrondi par un benjoin très baumé, des notes de sauge, de fève tonka et de vanille soutenues par le bois de santal. Je dois dire que, dans l’idée, je suis un peu partagé sur ce premier opus inventé par Bertrand Duchaufour. Il ne me surprend finalement pas vraiment mais je trouve que l’ensemble est assez joli. Je l’ai essayé sur la peau un soir d’été où il faisait chaud et je pense qu’il faut peut-être se laisser porter quand les températures deviendront plus fraîches. Je ne pense pas que « Solar Soul » soit vraiment pour moi mais j’aime sa complexité. À défaut d’être vraiment original, je le trouve très bien construit.

« The guardian Master, inspiré du chiffre 5 représente Mercure, l'air et le feu. Des notes épicées crépitent autour de nous grâce à la puissance de la cardamome et du réglisse qui fondent avec la volupté de la vanille. Les effluves enivrants de fève de tonka résultent en un air de protection. La touche de cuir s'ajoute à ce sillage pour un garantir un bouclier à la force du nombre 5 ». Les chiffres 5 et 7 sont plutôt ceux que j’aime mais je ne saurais pas dire pourquoi. Créé par Philippe Paparella-Paris, « The Guardian Master » symbolise le 5 et je dois dire que, si sur le papier il est particulièrement oriental, il me semble plus épicé et boisé avec un fond ambré. Une envolée de cardamome et de curcuma avec un côté un peu curry presque gourmand sans être sucré, un coeur rond et intense avec des notes de miel, de réglisse et de tabac et un fond d’ambre, de cuir, de fève tonka et de vanille bourbon, il est présent, opulent et terriblement complexe. Pour moi, il est emblématique de ces parfums ambrés et cuirés très épicés que l’on voit fleurir dans nombre de collection avec un côté gourmand sans être vraiment sucré comme pouvait l’être « Radcliffe » dans la collection des portraits de Penhaligon’s ou encore « Animal Mondain » chez Pierre Guillaume. « The Guardian Master » est peut-être plus « brut » et certainement encore plus intense et épicé. Si j’aime bien dans l’idée, je dois dire que je le trouve vraiment trop opulent pour moi et que je ne pourrais pas le porter. Il est trop dense, trop tenace. Pour exemple, je peux dire que j’en avais une pression sur la main et que, même après la douche, je le sentais encore.

Créé par Philippe Paparella-Paris, le numéro 6, « Carnal Spirit », est mon préféré de la collection. « Carnal Spirit, inspiré du chiffre 6, représente Vénus et la Terre. Des notes délicatement fruitées ouvrent ce parfum, où se fusionnent pèche et poire. Ces effluves diffusent un air aussi réconfortant que sensuel porté par l’accord d’ambre et de santal. Un sillage sous l'égide de la planète de l’amour et de la beauté, qui éveille et stimule nos sentiments ». Après un départ de galbanum, de pêche, de poire et de poivre, le coeur revêt quelque chose qui m’a fait penser à de l’osmanthus mais ce n’est pas précisé par la marque puis le fond ambré et encens, très doux, est enveloppé de vanille, de pêche, de santal et surtout de plusieurs muscs. Très doux, très joli et facile à porter, je le trouve vraiment très joli sur ma peau et j’aime bien les facettes de son développement qui reste très fruité et élégant à la fois. J’identifie parfaitement cette note de pêche que je n’aime pas forcément en parfumerie mais qui garde, ici, étrangement, quelque chose de très naturel. Philippe Paparella-Paris a inventé un parfum très « confortable » et tout à fait réconfortant. Pour moi, il n’est ni trop ni pas assez car il tient très bien mais n’est pas doté d’un sillage trop envahissant. Oui, c’est indéniable, il est mon préféré de la collection.

Avec « Final Spirit », le numéro 9, Bertrand Duchaufour reprend les codes de la marque avec une envolée de cannelle et de davana, un coeur de datte et de safran et un fond d’encens, de myrrhe, de oud, de tabac et de vanille très baumé. Je dois dire que je ne suis pas forcément attiré par ce genre de parfum mais, dans le style, je le trouve particulièrement bien construit. « Final Spirit inspiré du chiffre 9, représente Mars, Pluton et le feu. Tel un hymne de renouveau, ce parfum représente la lumière dans l’obscurité. Les tenèbres de l'encens sont ici illuminées par la douceur de la vanille. La lumière se déploie encore plus avec les notes fruitées de davana et de dattes. Un parfum qui celèbre l'empathie, la générosité et la capacité à s'ouvrir aux autres et à trouver la vérité dans le cœur de chacun ». Pour moi, c’est un parfum qui réunit un peu l’univers des autres parfum en une sorte de synthèse. Dans celui-ci, l’encens, souvent discret dans les autres création, ressort sur ma peau et je dois dire qu’elle ne me dérange pas car elle n’est jamais travaillée de cette manière « pierre froide » qui peut vraiment me rebuter. Je dirai que c’est un « faux classique » et qu’il faut le laisser évoluer.

Pour résumer, je pense que Spiritum et cette première collection n’est pas vraiment pour moi. Je trouve les créations peut-être un peu trop sages malgré leur complexité et la prédominance de la note d’encens a un peu tendance à me faire hésiter à les poser sur ma peau. Il faut dire que je les ai essayés un jour de chaleur et qu’il faut peut-être revoir, au coeur de l’hiver, ce que cela pourrait donner. Dans l’ensemble, c’est indéniable, je trouve que la collection est particulièrement bien réussie et qu’elle ravira les amateurs de ce type de parfums. L’univers est peut-être, à l’instar du flacon, un peu masculin mais ce n’est que mon interprétation car les parfums, du moment qu’on aime les porter, ils finissent par nous convenir. En tout cas, cette toute nouvelle maison née en 2022 est à découvrir ne serait-ce que pour l’expérience olfactive.