Passion Parfums

Une nouvelle parfumerie indépendante à Lyon est non seulement une bonne nouvelle pour les clients mais également l’occasion de faire de nouvelles découvertes. J’ai rencontré Nicolas et Benoît, qui se sont lancé dans cette aventure et ont ouvert la boutique Odorem il y a quelques semaines. Qui sont-ils ? Comment en sont-ils venus à avoir envie de promouvoir certaines maisons de parfums ? Quel est l’esprit de la boutique et quels sont ses projets ? Autant de questions que je me posais et j’ai décidé de les rencontrer à la fois pour vous les poser et pour vous transmettre leurs réponses. Je dois dire que je trouve l’initiative à la fois réjouissante et courageuse, c’est comme si, après deux ans de sommeil, la vie et les initiatives reprenaient. D’autre part, cette ouverture prouve qu’après avoir été l’une des villes pionnières de la parfumerie de niche, certes après Cannes mais avant beaucoup d’autres avec l’ouverture, il a plus de 40 ans de la première boutique Artisan Parfumeur en province puis, il y a 18 ans, de La Mûre Favorite et peu après, de L’Atelier Parfumé, Lyon continue d’être une ville de parfums comme de soie et de gastronomie. Rencontre donc avec Nicolas et Benoît :

Nicolas, comment vous est venue la passion du parfum et pourquoi avez-vous eu envie de la faire partager ?

On est toujours influencé par les premières années de son enfance et j’avais un grand-oncle qui était docteur en chimie, diplômé de l’université de Lyon et qui se partageait entre sa propriété près de Saint-Étienne et la côte d’azur. Il possédait son propre laboratoire et créait, de temps à autre, des parfums pour son épouse. Enfant, j’étais déjà complètement fasciné par cet univers puis, en grandissant, je me suis rendu-compte que mes parents, se parfumaient et y prenaient du plaisir. Mon père était d’ailleurs déjà audacieux à cette époque puisqu’il portait des créations telles « Habit Rouge » de Guerlain ou encore « Pour un Homme de Caron ». J’ai donc grandi avec ces senteurs déjà affirmées et il devenu logique pour moi de continuer à m’y intéresser. J’ai du découvrir la parfumerie de niche vers l’âge de vingt ans avec l’avènement des créations de Christopher Sheldrake pour Serge Lutens.

Comment avez-vous choisi vos marques ?

Oriza L. Legrand correspondait à un désir car nous étions tous deux très clients de la marque, je portais « Rêve d’Ossian » et Benoît plusieurs autres créations or elle n’était plus distribuée à Lyon. C’était donc une évidence pour nous de la faire figurer au catalogue d’Odorem. Par la suite, nous avons testé de nombreuses fragrances de maisons différentes, d’abord sur touche pour faire une première sélection puis sur la peau afin de confirmer ou d’infirmer notre avis. Nous avions comme postulat de départ de prendre des maisons françaises présentant des univers très différents les uns des autres. Tout d’abord, il nous fallait une collection mettant en avant des matières premières nobles, voire même exceptionnelle et nous avons retenu Les Indémodables qui nous semblaient parfaitement dans ce thème-là, ensuite nous avons chois des parfums éco-responsables et les plus naturels possibles. Nous avons testé plusieurs univers et c’est finalement Bastille qui a retenu notre attention. Il nous a également fallu une maison en quasi-exclusivité et sortant complètement des sentiers battus. Anatole Lebreton nous a paru un choix judicieux puisque les parfums sont très originaux, que leur qualité et leur tenue est excellente et que leur prix n’est pas délirant. Pour ce qui est de La Manufacture, nous avons étés séduit par son côté accessible à tout niveau et la qualité des jus notamment des colognes. Cette maison était parfaite pour compléter une offre que nous voulions éclectique et précise.

D’où vient le nom Odorem et pourquoi l’avoir choisi ?

C’est Benoît qui a réfléchi à ce nom pour plusieurs raisons. Tout d’abord, la consonance latine faisais référence un peu à la magie autour de l’olfaction, ensuite, l’orthographe en était facile voire même sans équivoque. Aucun accent, aucune lettre doublée, il est donc facile à la fois à retenir et à écrire. Enfin, nous avons choisi un encensoir enfumé comme logo et nous trouvions qu’il était intéressant d’avoir une correspondance entre le nom et l’esprit que nous voulions donner à la boutique qui est un peu baroque entre boudoir XIXème et peintures contemporaines « à la Basquiat ». Nous avions pensé que le nom et l’esprit étaient en concordance.

À titre personnel, quels sont les familles olfactives ou les notes qui vous séduisent le plus et quels ont étés vos premiers parfums ?

Pour moi, ce sont indéniablement les cuirs, l’iris également mais aussi les hespéridés lorsqu’ils sont joliment travaillés et qu’ils sortent des sentiers battus. En ce qui concerne Benoît, je ne crois pas me tromper en disant qu’il est attiré par les chyprés, la tubéreuse et le bois de santal. Le fait que nous ayons des goûts très différents, est un plus pour apprécier une palette de parfums très large et pouvoir ouvrir notre esprit à différentes senteurs et ainsi les conseiller le mieux possible.

Nicolas : Pour moi, le premier parfum important a été « Cuir Mauresque » de Serge Lutens qui m’avait été offert par ma soeur pour mes 20 ans.

Benoît : Il s'agit de Fracas de Piguet. Il fut pour moi la rencontre initiale avec la tubéreuse. Rencontre qui se transforma en passion puisqu'aujourd'hui la tubéreuse fait partie de mes notes favorites et que j'ai plaisir à collectionner les flacons autour de cette fleur blanche, tantôt opulente et majestueuse, tantôt ténébreuse et mystérieuse...  Fracas est donc le point de départ de mon goût pour le parfum !

Et enfin quels sont les projets pour la boutique pour cette première année 2022 ?

Tout d’abord la faire connaitre en favorisant à la fois le bouche à oreille qui commence à fonctionner mais aussi une présence sur les réseaux sociaux qui est, aujourd’hui très importante pour faire connaitre ce que nous faisons et également notre actualité. Nous aimerions également organiser, avec nos clients, des évènements voire des rencontres avec des parfumeurs ou des fondateurs de maisons afin de mieux faire connaitre leur travail. Les projets sont nombreux et, petit à petit, vont se dessiner précisément pour faire vivre la boutique et promouvoir le travail de nos créateurs.

Odorem

11 Rue Auguste Comte

69002 Lyon