Olivier Pescheux, des créations de caractère
Olivier Pescheux est surtout connu pour avoir beaucoup composé de parfums pour Diptyque mais il a également créé d’autres fragrances pour d’autres maisons. C’est une signature très facile à identifier car je trouve qu’il y a toujours dans son univers olfactif ce petit quelque chose comme un fil rouge qui est tout ce que j’aime lorsque j’explore l’univers d’un parfumeur. Je n’avais pas encore trouvé comment aborder son oeuvre pour lui consacrer un portrait parfumé alors je suis allé, très humblement, sentir, essayer, me promener dans ses créations et je dois dire que j’y ai pris beaucoup de plaisir. J’en ai retenu quatre que je trouve particulièrement significative de son style naturaliste et particulièrement intemporel. Vraiment, je le dis à chaque fois mais c’est vrai, j’ai aimé préparer cet article et je pense que vous aurez peut-être envie de m’emboiter le pas et de me faire un retour.
Le tout premier parfum que j’ai choisi de citer, je le connais depuis très longtemps. Il est sorti en 2015 et il s’agit deu « Soir d’Orien » qu’Olivier Pescheux a composé pour Sisley. C’est un flanker qui n’en n’est pas un et que la marque décrit ainsi : « Cette variation libre de l’Eau du Soir nous entraîne dans l’atmosphère si particulière, presque magique, d’un palais oriental. L’Alcazar se révèle sous une nouvelle facette et suggère un parfum voilé de mystère qui exalte une féminité resplendissante. Une composition aussi énigmatique qu’éblouissante de sensualité. Pétillant et envoûtant en tête, il séduit par son cœur floral-épicé et la chaleur d’un sillage délicatement boisé ». Pour ma part, je le trouve vraiment audacieux pour une femme et, s’il est estampillé féminin, je pense qu’il pourrait plaire sans équivoque à des hommes, dandys élégants, qui se l’approprieraient avec beaucoup de chic. Il s’ouvre sur une envolée très étonnante de citron d’Italie, de galbanum et de safran puis la rose de Turquie, le géranium et le poivre noir vraiment denses en constituent le coeur. Le fond est encore plus profond puisqu’il allie notes d’encens de Somalie, Patchouli très dark et un accord de bois de santal qui l’adoucit quelque peu. Je me souviens de mon impression lorsque j’ai découvert ce parfum. Le mot qui m’est venu est « troublant ». En tout cas, il pourrait être l’un des rares orientaux du circuit sélectif que je pourrais porter.
Lorsque je l’ai découvert (merci Jessica), j’avais j’avais beaucoup aimé la complexité de « Empower You » créé par Olivier Pescheux en 2020 pour la maison Orlov. « Cette Eau de Parfum Empower You est une explosion de lumière. Une façon irrésistiblement chic et moderne de porter les agrumes et les fruits frais d'un parfum. Emerveillez-vous devant la lumière dorée et ambrée d'un brillant coucher de soleil ». « Empower You », littéralement « vous responsabiliser », curieux nom pour un parfum et pourtant son envolée et son développement sont bien plus complexes qu’il n’y parait. Dès la vaporisation, la fraicheur et la douceur de la bergamote, de l’orange sanguine et de mandarine m’a accroché et je me suis laissé porter par l’évolution jusqu’aux notes de coeur de rose bulgare, de géranium, de jasmin sambac et de fleur d’oranger très floral presque chypré puis par le fond plus « viril » si j’ose dire de bois de cèdre, de patchouli, de bois d’akigala, d’encens et de muscs. Je n’aime pas genrer les parfums mais je dirais que celui-ci peut plus plaire aux hommes au aux « garçonnes » des années 20 mais je m’égare. Androgyne, facetté, élégant, « Empower You » n’a pas la vocation d’être d’une grande originalité mais de développer votre chic inné et le rendre acquis. J’aime beaucoup son évolution. J’avais pris des notes quand je l’ai essayé et je le fais rarement. Je suis très content d’avoir essayé ce parfum. Il est inteporel.
Vous le savez, je suis loin d’être un fan de Parfums de Marly. Je ne vais pas développer pourquoi mais ceux qui me connaissent savent mon opinion qu’il est inutile que j’expose gratuitement. Pourtant, lorsque j’ai remis mon nez dans l’échantillon que je possédais de « Herod » qu’Olivier Pescheux a créé en 2012, je dois bien dire que j’en ai apprécié la construction. « Herod est personnifié par son mélange de notes diverses, dégageant un parfum de vanille fumée. Cette eau de parfum s'ouvre sur des notes supérieures épicées de cannelle et de poivre pour ensuite montrer son âme puissante de feuille de tabac, d'encens, de ciste et d'osmanthus. Ces notes poivrées sont davantage entourées de gousses de vanille, de musc, de patchouli et d'un arrangement boisé de fond. Un parfum élégant et discernable, pour hommes et femmes, il est l'incarnation de la sophistication du vieux monde ». Il est vrai qu’on est très loin de ce chimique acidulé que l’on peut trouver dans la marque et que je ne peux pas sentir (sans jeu de mot). Certes, ce n’est pas le parfum le plus naturaliste qu’ait pu réaliser Olivier Pescheux et je le trouve très surévalué notamment au niveau de son prix mais, comme on dit, il fait bien le boulot. Il s’ouvre sur des notes de cannelle et de poivre, puis le coeur de feuille de tabac, d’encens discret, de ciste et d’osmanthus lui donnent un côté cuiré et rond. La vanille en note de fond n’a pas l’air trop chimique, idem pour le patchouli. Je peux cependant regretter l’abondance de muscs et de notes boisées synthétiques. Reste que le parfum n’est pas si mal sur ma peau. Je ne pense pas que je le porterais régulièrement mais, contre toute attente, je l’ai trouvé plutôt pas mal.
Je ne peux pas tracer un portrait parfumé d’Olivier Pescheux sans évoquer Diptyque d’autant qu’il a créé la fragrance de la marque que je préfère. J’ai nommé « L’Eau Moheli » (merci Marion pour la découverte) et dont j’ai déjà pas mal parlé. Je ne vais donc pas revenir dessus. J’ai beaucoup réfléchi et j’ai décidé de choisir « L’Eau du 34 » qu’Olivier Pescheux a créé pour la marque en 2013. « La boutique du 34 boulevard Saint Germain au printemps. L’air est frais, le soleil traverse les vitrines. L’atmosphère se charge des fragrances que l’on découvre, épices fraîches, bois blonds et lumineux, notes vertes et acidulées. Une douceur printanière qui n’attend plus que de s’évader sur la peau ». Il y a vraiment une fraîcheur qui se dégage de cette fragrance qui revisite un peu le côté chypré, fruité et frais de l’univers de la marque. L’aime beaucoup le départ de bourgeon de cassis, le coeur de lentisque et le fond de bois de gaïac et de mousse de chêne. Là encore, Olivier Pescheux, pousse l’élégance à son paroxysme avec une eau de toilette qui ne serait pas sans doute aussi fine si la dilution avait été moins importante. Je pourrais tout à fait porter ce parfum. Il est très chic, plein de petites facettes surprenantes. Il fait partie des fragrances de la marque qu’il faut vraiment découvrir.
C’est avec un intérêt certain que j’ai exploré les créations d’Olivier Pescheux pour en retenir quatre. Il y a des choses que je n’aime pas mais je trouve que, lorsqu’il a une certaine latitude, il est très inventif et soucieux d’une élégance à la française empreinte d’une certaine tradition de la parfumerie. En tout cas, je vous engage, comme d’habitude, à aller mettre certains de ces parfums sur votre peau et à les découvrir en profondeur.
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