Olivier Polge, Chanel de père en fils
Dans la famille Polge, je voudrais le fils. Après m’être intéressé à la carrière de Jacques Polge, il m’a semblé bien naturel de me pencher sur celle d’Olivier qui est le nez de la maison Chanel et qui a succédé à son père à partir de 2013. J’ai fait des recherches car je ne savais pas vraiment ce qu’il avait créé avant d’intégrer cette prestigieuse marque et je me suis rendu compte qu’il avait déjà été très prolifique. Je me suis, bien évidemment arrêté sur les parfums que je connaissais et donc dont je pourrais parler sans dire trop de bêtises. J’ai découvert qu’il avait inventé des jus que je connaissais et même certains que j’avais essayé. Je vais donc, en cinq parfums que je considère comme significatifs, de retracer la déjà très belle carrière d’Olivier Polge.
Le premier parfum qui me vient en tête est le « Dior Homme » original qu’il a créé en 2005 et dont je me souviens très bien avant que mon nez ne soit un perturbé par les flankers et les reformulations diverses. Je peux en parler tout à loisirs car je possède encore une dose d’essai qui a une dizaine d’années et qui est encore intact. C’est un curieux parfum. Aromatique avec un départ de lavande et de sauge, poudré et épicé avec un travail autour de l’iris avec des notes de fève de cacao, d’ambre et de cardamome et presque cuiré avec un fond de patchouli et d’une belle qualité de vétiver de tahiti. À l’époque, je m’étais dit qu’il n’était pas pour moi mais j’avais été impressionné par l’originalité de la création et le parti pris très fort pour un parfum vendu en chaîne. Je trouve qu’il a symbolisé avec beaucoup d’élégance, l’identité masculine tout en s’appuyant sur des notes traditionnellement féminines. Certes, le « Dior Homme » de cette époque avait un petit côté « grosse machine de guerre » mais qu’il était vraiment diablement bien imaginé.
Je n’aime pas du tout « Cuir Beluga » créé également par Olivier Polge en 2005 mais cette fois pour la collection L’Art et la Matière de Guerlain mais je sais quel succès il rencontre chez les amateurs de parfums et, comme j’en possède aussi une dose d’essai, j’ai décidé de le re-sentir sans à-priori pour essayer de le décrire de mon mieux car je reconnais qu’il y a une certaine recherche (même si je trouve son prix très surévalué) et beaucoup de modernité. Le départ de tangérine et d’aldéhydes est assez agréable et j’aime bien le coeur de patchouli et d’immortelle. En revanche, pour moi, c’est le fond qui s’éloigne de mes goûts. La dualité des notes de daim et de fleur d’héliotrope très naturel est énormément sucré par l’ambre et surtout une vanille très fortement dosée. Je trouve extrêmement dommage qu’Olivier Polge n’ait pas créé un parfum plus sec, moins « sucraille » qui avait tout, sur le papier, pour me plaire. Je l’ai réessayé et la déception est toujours la même. Ceci dit, le fait qu’il ne soit pas pour moi et n’entre pas dans mes goûts ne signifie pas que ce n’est pas un beau parfum.
Lancé en 2006, « L’Eau Parfumée au Thé Rouge » de Bvlgari est un des parfums de la marque que j’ai essayé il y a déjà quelques années. Il m’aurait bien convenu mais, je ne sais pas pourquoi, je suis passé à autre chose. Olivier Polge a imaginé un univers très translucide dans lequel il excelle. Après une envolée de bergamote, d’orange amère et d’épices, il a arrive à me faire aimer la note de figue associée, au coeur avec un thé noir très profond et subtil à la fois. Le fond résineux et musqué ne nuit absolument pas au développement de la fragrance et elle devient de plus en plus addictive sur ma peau tout au long des heures qui suivent la vaporisation. J’aime beaucoup le côté très léger et, en même temps tenace, de « L’Eau Parfumée au Thé Rouge » mais je ne sais pas si la marque continue de distribuer ce parfum. Il me semble qu’il a disparu des rayons des grands magasins mais je me trompe peut-être.
Chez Chanel, Olivier Polge a créé toute la collection des Eaux à laquelle j’ai consacré un article mais il est aussi à l’origine de plusieurs parfums de la collection classique et des Exclusifs. Pour cette dernière catégorie, j’aurais pu parler de « Gabrielle » mais je ne l’ai pas vraiment aimé alors j’ai préféré me concentrer sur « Chance Eau Tendre » que m’a fait connaître Clotilde, de la chaîne YouTube Iris Factice, et qui est un flanker lancé en 2019 que je préfère à l’original. C’est un rose musquée, légère, légèrement jasminée et rafraichie par une envolée de pamplemousse associé au coing. C’est un parfum doux et léger. La rose y est mise en valeur d’une manière presque fraiche et poudrée. Ce n’est pas un parfum très original mais j’ai bien aimé le découvrir. C’est une petite eau de toilette facile à porter et réussie qui pourrait trouver sa place dans tous les placards à parfums tant il allie simplicité et caractère.
Quand la maison Chanel a décidé de lancer « Boy » en 2016, je l’ai tout de suite imaginé comme un aromatique fougère qu’aurait pu porter Arthur Capell alias Boy et qui avait été un des amours de Mademoiselle disparu tragiquement dans un accident de voiture. C’est un coup de coeur. Le départ très moderne de pamplemousse et de citron et le coeur de géranium se repose sur un fond de muscs blancs très poudrés, d’héliotrope légèrement amandée, de coumarine et de vanille rehaussée de mousses diverses. Je trouve qu’il a vraiment un côté « poudre de riz citronnée » qui est, pour moi, tout à fait addictif. J’ai essayé « Boy » et il a rejoint mes préférés dans la collection des Exclusifs. Il est, à ce jour, la création d’Olivier Polge, que je préfère de très loin. Je trouve qu’il a tout pour me plaire. Il coche toutes les cases. Il est, à la fois poudré et frais, très singulier et un peu suranné. Il aurait pu être créé à l’époque de Boy Capell. C’est un très joli parfum.
J’ai trouvé très intéressant de me promener dans les créations d’Olivier Polge pour en extraire celles qui m’ont le plus marqué, dans le bon sens ou dans le mauvais. C’est aussi ça la parfumerie. J’aime quand elle est segmentante et qu’elle s’arrête parfois d’être consensuelle pour nous créer des sensations contrastées. Je trouve que l’oeuvre de ce parfumeur est intéressante car elle regorge de parfums très différents les uns des autres, certains plus intéressants que d’autres. Pour ma part, j’en reste vraiment sur « Boy » qui est, à mon sens, à ce jour, sa création qui me convient le mieux.
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