"Opium" d'Yves Saint-Laurent, l'histoire d'un succès
Créé en 1977 par Jean Amic, Jean-Louis Sieuzac et Raymond Chaillan, « Opium » d’Yves Saint-Laurent a été inspiré par les « inrôs », des petites boites japonaises dans lesquelles les samouraïs gardaient précieusement leur opium et autres substances. Yves Saint-Laurent a voulu un parfum qui se voulait subversif et représenterai l’odeur rêvée de cette drogue très prisée dans l’ancien Extrême-Orient en lançant un parfum complexe, oriental et capiteux. Son credo était de rendre les femmes dépendantes de leur parfum. J’ai toujours trouvé l’idée très jolie. Il est vrai que Saint-Laurent aimait créer l’évènement comme nous le savons, j’en veux pour preuve le lancement de « Champagne » qui deviendra, après un procès intenté par les producteurs de la région qui ont obtenu un label pour leur nom, « Yvresse ». Avec « Opium », il s’attaque à une drogue mythique qui alimente le fantasme d’une Asie disparue et un Japon mystérieux et énigmatique.
Le parfum :
J’ai re-senti « Opium » il y a peu et c’est vrai que je l’ai trouvé vraiment complexe et étonnant. Avec une envolée très étonnante de prune, de bergamote, de poivre noir, de coriandre et de jasmin, un coeur de cannelle, de patchouli, d’oeillet et d’ylang ylang posées sur une rose très présente et des notes de pêche. Le fond, vanillé, overdosé en ciste et en ambre est tout aussi surprenant. J’ai comparé eau de toilette et eau de parfum et j’ai préféré la création sur la première version que je trouve plus subtile et moins « grosse machine ». Aujourd’hui « Opium » peut avoir un côté un peu daté et il est peut-être un peu différent de ce qu’il était à l’origine mais je suis incapable de m’en souvenir. Officiellement, il a été reformulé uniquement en 2003 et le « Nouvel Opium » se voulait encore plus oriental et on y avait ajouté des notes de néroli en tête. J’avoue que j’aurais bien aimé comparer les deux. En tout cas, le packaging a changé et sans doute que le parfum a été modernisé.
Les déclinaisons :
La maison Saint-Laurent a, depuis, lancé nombre de déclinaisons. Je ne sais pas si je les connais toutes mais je peux citer les principales en commençant par « Opium Orchidée de Chine » lancé en 2007 pour les trente ans de la fragrance et que je n’ai pas vraiment connu mais je suppose que l’écriture en était simplifiée et enrichie de notes d’orchidée tout en gardant un fond très ambré.
En 2010, c’est à Alberto Morillas et Honorine Blanc qu’il échoit de créer « Belle d’Opium » qui est un parfum complètement différent de « Opium » mais surfe sur la vague des orientaux avec des notes de tête de mandarine, de jasmin, de lys et de cyclamen, un coeur de tabac, de poivre, de rose et de pêce et un fond toujours ambré mais relevé par des notes de patchouli et lacté par du bois de santal. Je ne me rappelle que très vaguement de la fragrance mais j’ai en tête la très belle communication faite avec l’actrice Mélanie Thierry comme quoi on oublie…
En 2014, la marque lance « Black Opium » créé par Nathalie Lorson, Marie Salamagne, Olivier Cresp et Honorine Blanc qui comporte des notes de poire et de café mais avec lequel j’ai vraiment du mal il faut le dire. Il est sans doute too much pour moi et il m’écoeure énormément. Je sais, en revanche, qu’il a beaucoup de succès et que la marque a lancé plusieurs déclinaisons que je ne connais pas du tout.
Le procès :
En 2016, la maison E. Coudray sort une version parfum de « Nohiba » qui existait depuis les années trente sous forme d’huile parfumée et le groupe LVMH qui dirige désormais Saint-Laurent intentera une action en justice pour plagiat considérant que ce parfum est une copie au prix inférieur de « Opium ». Après plus d’un an de procédure et une bataille d’experts, ils seront déboutés car le tribunal, aux vues des conclusions des dits-experts, considéreront que c’est E.Coudray qui était propriétaire de la formule. L’histoire ne dit pas si LVMH a été contraint de verser des dommages et intérêts à E. Coudray mais il s’avère que tout ce qui a trait à ce procès dont on pouvait retrouver un résumé des minutes, a disparu d’internet. Je trouve que c’est assez édifiant. À l’époque j’ai découvert « Nohiba » que j’ai d’ailleurs trouvé très joli mais, si des similitudes m’ont frappées, il m’a semblé qu’il s’agissait de deux parfums tout de même différents.
Pour résumer, je dirai que j’ai bien aimé redécouvrir « Opium » l’eau de toilette et que je trouve qu’il s’agit d’une belle réussite, relativement intemporelle et je comprends sa success story. Il y a quelque chose de très original et très élégant dans ce parfum qui, je le rappelle, lors de sa sortie en 1977 avait fait un petit scandale tant par son nom que par son jus. Il est devenu un classique de la parfumerie française. Il est assez éloigné de mes goûts mais je reconnais que c’est une création intéressante et qu’il est devenu un parfum mythique.
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