Passion Parfums

L’année 2022 aura été, pour Lyon, une période de changement assez radical en ce qui concerne l’offre en parfumerie et ce n’est pas fini. En effet, après l’ouverture, j’en ai parlé pas mal, d’Odorem en février et la disparition, hélas, de la Parfumerie Zola qui était un lieu historique puisqu’elle avait ouvert dans les années 70, en septembre, nous avons pu assister à l’ouverture d’une boutique en nom propre Pierre Guillaume et, le 8 novembre dernier, c’est au tour de L’Artisan Parfumeur de s’installer rue Président Édouard Herriot, dans le carré d’or du deuxième arrondissement. Ainsi est née, entre Marionnaud, Goutal Paris, Ditpyque et Jo Malone, une petite boutique à la déco très élégante et qui proposera la totalité de la collection de cette marque pionnière de la parfumerie de niche. Je dois avouer que j’étais curieux de connaitre l’intérêt d’une telle implantation car la marque est déjà largement distribuée à Lyon puisqu’elle est présente bien évidemment à La Mûre Favorite, dans le sixième arrondissement mais aussi dans les grands magasins tels le Printemps, qui se trouve juste derrière et également Les Galeries Lafayette de Bron et du centre commercial de la Part-Dieu. Je me suis donc rendu à la rencontre de Léa et Juliana qui, désormais, nous accueilleront dans cette toute nouvelle boutique afin, non seulement de faire leur connaissance, mais aussi de poser quelques questions. J’ai eu le grand plaisir d’être très bien accueilli et également de discuter avec Julien, venu spécialement pour l’ouverture et qui connait très bien la marque.

J’ai mieux compris l’objectif de l’ouverture de cette première boutique en nom propre en province. Tout d’abord, il est vrai que, dans les Grands Magasins, nous avons accès seulement à une sélection de produits alors que, rue Président Edouard Herriot, on nous proposera l’intégralité des collections pour soi et aussi pour la maison ainsi que des coffrets. Julien m’a aussi appris que nous aurons, dans l’avenir, plusieurs exclusivités boutique notamment des références ayant disparu des points de vente pluralistes. C’est déjà le cas par exemple de « Bana Banana » créé par Céline Ellena Nezen en 2019 et dont je déplorais la disparition dans nos points de vente. Peut-être sera-t-il aussi possible de découvrir en avant-première, dans les prochaines semaines, la nouvelle création qui viendra prende la place de Mont de Narcisse dans la collection des Paysages mais nous en reparlerons en temps voulu. Pour résumer, je dirai que ce petit écrin sera, pour le public lyonnais, vraiment un plus qu’il faudra découvrir.

Ensuite, est venu le temps de sentir. J’ai demandé à Julien de me guider dans la redécouverte de la collection Le Potager, sortie il y a quelques mois et créée par Quentin Bisch (exception faite de « Tonka Blanc » imaginé par Alexandra Carlin) et qui met en valeur la dualité entre une matière première « classique » et une autre venue d’un légume. Quand j’avais découvert cette série de parfums, et j’en avais parlé, j’avais été pour le moins dérouté mais il est vrai que, peut-être, était-elle plus facile à appréhender avec un accompagnement. Il a, en effet, vaporisé les touches très en amont et j’ai eu accès uniquement aux notes de fond ce qui m’a permis, même si ce n’était que sur le carton, de passer outre les notes de tête parfois un peu dérangeantes et une partie du coeur. Je dois dire que je suis toujours un peu dérouté même si je comprends la démarche artistique. Certes, certains parfums de cette collection sont assez facile à apprécier. Je pense notamment à « Cédrat Céruse » qui associe les agrumes à une note anisée de fenouil rehaussé de baies roses, de « Iris de Gris » qui mêle l’iris à la note verte du petit pois voire même à « Tonka Blanc » dans lequel la rondeur poudrée de la fève tonka se mélange à l’amande mais aussi à l’amertume du chou-fleur. Je dois dire que je suis resté sur ma première impression en ce qui concerne « Vétiver Écarlate » » dans lequel on retrouve une dualité entre le vétiver et la feuille de tomate et qui demeure, c’est vrai, mon préféré. « Musc Amarante » (Muscs, bergamote et Betterave) demeure le plus original et le plus clivant. Je l’ai réessayé sur la peau et j’ai pu en suivre toute l’évolution. Il est vrai que la note terreuse de la betterave, se mélange parfaitement à douceur des muscs et de la bergamote. Attention, je ne le trouve toujours pas facile d’accès et il ne plaira pas à tout le monde bien loin de là mais n’est-ce pas l’essence même de l’esprit de L’Artisan Parfumeur voulu par Jean Laporte lorsqu’il a fondé sa maison ? Pour ma part, je l’ai trouvé, sur la peau, vraiment intéressant et je suis content de l’avoir redécouvert « en détails ». Je ne sais pas si je le porterais mais il est vrai que je le trouve vraiment intéressant.

Pour résumer ma visite, je dirai que, outre l’excellent accueil que m’ont réservé Juana et Léa, la discussion avec Julien et elles ont étés enrichissantes. Je retournerai bien évidemment, dans quelques semaines, à la boutique afin de découvrir le nouveau Paysage avec grand plaisir. Je serai d’ailleurs heureux de découvrir les futures exclus boutiques et je vous en parlerai bien volontiers. L’ouverture d’une boutique à Lyon sera donc, à mon sens, plutôt une valeur ajoutée à l’offre qu’un réel doublon à celle qui existe déjà. En outre, le décor chaleureux et inspiré de ce tout petit lieu est bien agréable donc, les lyonnais, n’hésitez pas à pousser la porte.