Parfumeurs du Monde, les matières naturelles comme credo
Article entièrement réécrit
C’est lorsque j’ai créé mon groupe sur Facebook que j’ai découvert, il y a quelques années, la marque Parfumeurs du Monde née de la rencontre de six créateurs passionnés de matières olfactives entièrement naturelles et qui ont voulu relever le défi d’inventer des fragrances à la fois complexes et élégantes sans utiliser des matières synthétiques. C’est donc en réunissant le talent de Michel Roudnitska, Perrine Scandel, Isabelle Gellé, Thierry Bernard, Jean-Claude et Éric Gigodot que sont nés sept parfums d’exceptions tant par leur conception que par leur concentration. J’ai eu la chance de me voir offrir l’un d’entre-eux et de pouvoir le porter tout à loisirs ainsi que d’essayer les autres grâce à une profusion de doses d’essai envoyées par la marque. C’est un peu par hasard que je suis retombé dessus en rangeant et je me suis rendu compte que je n’avais pas écrit d’article sur cette marque à la démarche à la fois éthique et originale. Il fallait donc réparer cet oubli. Aujourd'hui, d'autres parfumeurs de talent ont rejoint l'équipe pour relever ce défi. Je citerai Stéphane Piquart, Patrice Revillard, Clémentine Humeau, Alexandre Isaie Helwani, Nathalie Feisthauer, Bertrand Duchaufour et Ellen Dahlgren. Je ne connais pas toutes les nouvelles créations mais celles que j'ai pu découvrir, parmi lesquelles "Petite Fumée" dont j'ai parlé quelques fois, m'ont impressionné.
Je vais commencer par celui que je connais le mieux, il s’agit de « Tundzha », créé par Jean-Claude et Éric Gigodot en 2016. J’ai reçu un flacon de ce parfum suite à une remarque que j’avais faite car, en principe, j’avais du mal à porter une création à dominante de rose. Gwen, qui gère la communication de la marque m’a alors offert, très gentiment, un flacon de ce parfum magnifique. Aromatique, fruité, floral, c’est une rose parfois cachée, parfois présente. L’envolée de mandarine, pamplemousse et lavande est très surprenante. Le coeur de géranium, d’une rose de Damas poudrée et opulente et d’ylang ylang est vraiment magnifique et le fond de patchouli, de santal et d’encens entoure une vanille pas du tout gourmande mais délicieusement aromatique. J’ai adoré ce parfum. Je l’ai porté avec un immense plaisir et j’en ai toujours eu des compliments. Il me reste à peu près le quart du flacon et je le reporte de temps à autre. C’était un si beau cadeau que je n’arrive pas à le terminer pour ne surtout pas l’oublier. Je ne sais pas, si je rachète un parfum de la marque, si je choisirai celui-ci car plusieurs me plaisent, mais il est formidable.
Créé par Thierry Bernard en 2016, « Tsingy » est une merveille il n’y a pas à dire. C’est un fleuri et boisé à la fois et vraiment il est formidable. La marque le présente de la manière suivante et je n’en changerai pas le moindre mot : « Un parfum sensuel, une caresse cotonnée d’élémi. Une envolée de combava et de baies roses annonce un coeur floral blanc vanillé : Une ode à la fleur de frangipanier, sur un fond boisé de vétiver et patchouli ». Je trouve qu’il a un équilibre parfait et je pense qu’il fait partie de mes préférés. Il ne ressemble absolument à rien d’autre. Je le trouve tellement réussi que j’ai porté deux des trois doses d’essai en ma possession. De plus, il est celui que j’ai eu sur la peau et dont la tenue est la plus longue. C’est un énorme coup de coeur. Je dois dire qu’en remettant mon nez dedans aujourd’hui, j’ai très envie de le mettre sur ma peau pour en profiter. Je trouve que c’est une véritable invitation au voyage dans un pays rêvé, exotique et mystérieux. Personnellement, je ressens tout le côté « baroudeur » du parfumeur dans cette création et ce n’est pas pour me déplaire moi qui me déplace quand même assez rarement vers une destination lointaine.
Pour parler de « Izwe » créé en 2016, il me faut présenter sa créatrice telle qu’en parle le site de la maison : « Perrine Scandel : Parfumeur Raffiné. Perrine débute sa carrière en tant que parfumeur au sein de grands groupes internationaux de Parfumerie à travers l’Europe : Lautier Fils, Givaudan… Depuis 26 ans, Perrine dirige, développe et propose des matières naturelles classiques et originales auprès de grands noms de sociétés de Parfumerie. Passionnée par les matières premières naturelles, Perrine nous offre cette création naturelle qui symbolise un de ses voyages en Afrique. Sa devise :"Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j'apprends" Nelson Mandela ». Avec cet hommage à la terre sacrée des Zoulous, la parfumeuse nous emmène dans un univers olfactif qui m’était totalement inconnu. Le départ d’amande amère, de pamplemousse et de buchu, une huile essentielle tirée d’un petit arbuste d’Afrique du Sud est très surprenant. Le coeur de davana, de géranium, de jasmin est, curieusement construit autour de la sauge et du bourgeon de cassis. Le fond est à la fois fleuri avec l’amyris, la tubéreuse, boisé avec le patchouli et arrondi par le labdanum. « Izwe » est l’un des parfums qui, lorsqu’on le sent, nous fait dire « whaou » ! Je n’avais jamais rien découvert de pareil et son évolution sur la peau est démente. Je l’aime vraiment beaucoup.
«Un parfum chaleureux, un voile de cachemire parfumé à la poudre d’iris. Un ballet de poire pétillante et de réglisse évolue vers un hommage à l’élégance du patchouli et du jasmin indien, sur une base ambrée de bois de santal, de musc blanc et de vanille. », c’est ainsi que la marque décrit « Kashi » créé également en 2016 par Isabelle Gellé. Je dois dire que c’est celui que j’ai eu le plus de mal à apprivoiser. Il est vraiment étonnant et parfois, je le trouve un peu aride surtout avec un départ très complexe de fenouil, de racine d’iris, de poivre noir, d’hibiscus jaune et de réglisse. Le coeur de patchouli et d’osmanthus est à la fois fruité et boisé mais il est adouci par une note de pêche, d’ambre et d’un très opulent jasmin indien. Les muscs blancs, le bois de santal et de délicates notes de vanille et d’ylang ylang en fond me rassurent et son côté presque crémeux est finalement tout à fait addictif et réussi mais il m’a énormément surpris et emmené loin de ma zone de confort. « Kashi » est un parfum qu’il faut attendre, qu’il faut aborder sans être pressé. Il est vraiment hors norme et attirera immanquablement, les amateurs de fragrances singulières et profondes.
C’est lors d’une conférence avec Michel Roudnitska que j’ai découvert « Agua Nativa » qu’il a créé en 2016, qui est un boisé épicé et qui, s’il est loin de ce que je porte habituellement, m’a séduit immédiatement. Inspiré par un cérémonial de la forêt amazonienne que le parfumeur connait sur le bout des doigts, c’est ce que j’appelle (et c’est un beau compliment dans ma bouche), un parfum ethnique. Le départ de menthe, de basilic, d’orange et de pamplemousse se fond avec un ylang ylang travaillé très finement, des notes épices de clou de girofle et de cannelle qui constituent un coeur très attirant. Le fond de patchouli, de vanille très aromatique est conjugué avec deux bois rarement utilisés en parfumerie mais dont les essences sont chères à Michel Roudnitska, le piri piri et le palo santo. Lors de la conférence, nous avons pu découvrir ces deux matières premières incroyables. Avec « Agua Nativa », le parfumeur éloigne un peu sa culture olfactive glanée au contact de son créateur de père et qu’il a maîtrisé merveilleusement pour DelRae et Frédéric Malle pour inventer sans doute l’un des jus les plus personnels qu’il ait fait éditer (avec sans doute « Wood of Life » d’Anima Vinci) et je remarque qu’il a créé l’un des rares boisés que je pourrais porter. « Agua Nativa » ne ressemble à rien d’autre et je suis sous le charme.
Depuis, deux autres parfums ont rejoint la très belle collection de Parfumeurs du Monde, il s’agit de « Val d’Orcia » et « Üjan » créés par Thierry Bernard en 2018 et en 2019 mais je ne les connais pas encore. Je profiterai sans doute d’un prochain séjour à Paris pour les découvrir car, hélas, la marque n’est pas distribuée chez nous. Je suis plutôt amateur d’associations de matières premières naturelles avec des molécules de synthèse car je trouve que cela ouvre plus de possibilités et j’étais un peu dubitatif lorsque j’ai entendu parler de cette marque. J’avais peur que les jus soient un peu simplistes et que la tenue soit insuffisante mais je les ai essayé, j’en ai même porté un beaucoup et j’ai aimé. Je trouve que toutes les créations que je connais de cette maison sont complètement inédites. Pour ce qui est de la tenue, la concentration est très élevée et permet qu’elle soit correcte, sans être d’une longévité exceptionnelle mais c’est correct. En tout cas, Parfumeurs du Monde est une marque est à découvrir, c’est un fait. La démarche est passionnante et les créations sont belles. Que demander de plus.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 223 autres membres