Passion Parfums

 

 

 

J’ai intitulé cet article « Parfums et Préjugés » car, depuis que je me passionne pour le sujet et que je fais beaucoup d’essais afin d’enrichir mon blog, les barrières tombent et je me laisse seulement porter par la création sans à-priori de genre, de notes que je pourrais ne pas aimer. J’ai donc décidé de publier une courte réflexion sur cette démarche avec un petit conseil : lorsque vous cherchez un nouveau parfum ne vous laissez influencer que par vous et par votre envie sans céder aux sirènes des conseils de tous poils, sans vous enfermer dans la lecture d’une pyramide olfactive qui, soit dit en passant, ne vous apprendra rien du tout sur le ressenti que vous aurez de ce que vous sentirez. Ne faites pas attention à ce que le marketing impose comme genre au parfum. Pourquoi les femmes ne porteraient-elles pas de boisés et les hommes ne seraient-ils pas attirés par la rose par exemple ? Ce sont des codes assez ridicules et réducteurs. Depuis que j’ai compris cela, je me suis ouvert un champ d’action et de choix infini. Servez-vous uniquement de votre nez et portez ce que vous avez envie de porter. Lorsque, il y a une quinzaine d’années, j’ai découvert la parfumerie d’auteurs, j’ai, peu à peu fait tomber les barrières et j’ai senti encore et encore pour affiner mon odorat, pour me familiariser avec des odeurs que je n’aimais pas de prime abord et que j’ai appris à apprivoiser jusqu’à avoir envie de les porter. Je peux avoir des goûts très classiques parfois ou complètement contemporains et atypiques. Je trouve que, lorsqu’ils ont plus de libertés, les parfumeurs nous proposent leur créativité complète et c’est un plus notable. Attention, je ne dis pas que tout est à jeter dans le sélectif et que l’on ne trouve dans la parfumerie de niche et encore moins dans les collections privées de grandes marques, que des merveilles. Ce serait un raisonnement simpliste et complètement erroné. Il faut faire attention à l’influence des réseaux sociaux et ne pas se laisser entrer dans un autre type de conseil qui ne serait pas personnalisé. Nombre de marques de niche, voulait séduire un grand nombre, cèdent à la tentation de proposer des parfums grand public à des prix exorbitants. Je ne vois pas l’intérêt de mettre 250 euros dans 100 ml d’un parfum dont on pourrait trouver un équivalent pour moitié moins cher sur les linéaires des parfumeries du sélectif.

On le sait, les parfums de chaînes déguisés en parfums de niche et sortis d’une manière faussement confidentielle sont légion et, avec la multiplicité des marques qui naissent (et disparaissent parfois) et l’avènement des collections privées, il est difficile de s’y retrouver. Je ne vais pas m’attirer les foudres de ceux qui les portes et je ne citerai précisément de ce que j’appelle les marques ou les collections arnaques mais vraiment méfions-nous ! Les prix montent de manière très exponentielle depuis quelques années non pas pour répondre à des contraintes de productions mais surtout pour donner une impression grandissante de luxe et susciter l’envie. Très franchement un parfum dont les 100 ml dépassent les 200 euros se doit d’être exceptionnel tant au niveau de la création qu’à celui de la qualité des matières premières voire de la tenue. À mon sens, c’est un prix qui est vraiment très élevé par rapport au coût du flacon donc on peut espérer un jus absolument hors-norme. Pour ma part, je n’ai que très rarement dépassé, quel que soit le conditionnement, les 200 euros lorsque j’ai acheté un parfum. Vous me direz que j’en possède plusieurs et que je peux tourner donc que, finalement, je les fais durer assez longtemps. Je biaise en me portant acquéreur de plus petits formats quand vraiment je suis attiré. Le seul cas de figure où j’ai trouvé le prix vraiment justifié jusqu’à présent est sans aucun doute la collection Portraits de Penhaligon’s car c’est un univers olfactif absolument hors-norme et la qualité des matières premières utilisée est indéniable. De plus, et même si ce n’est pas ce que je regarde en premier, loin de là, je trouve que le packaging est vraiment magique et fait rêver en tant que tel. J’en ai porté deux depuis la sortie de la collection et franchement je ne le regrette pas car vraiment je les ai trouvés magnifiques. En dehors de cela, je n’ai jamais eu envie de franchir la barre psychologique des 200 euros. J’ai même parfois été très surpris par des manques d’originalité et de qualité dans des parfums hors de prix. C’est mon point de vue et je ne demande qu’à être démenti mais, vraiment, je n’ai jamais eu, malgré tout ce que je sens, le goût de dépasser ma limite pour d’autres créations. J’ai donc fait tomber un préjugé car j’ai trouvé des parfums très qualitatifs et qui cochent toutes les cases à des prix plus que raisonnables.

Autre préjugé que j’avais, celui de dire « je ne porterai jamais telle ou telle note ». Une porte que je me fermais tout seul et qui faisait montre d’un manque d’expérience et de largesse de curiosité. Quelle erreur ! Je viens des orientaux que j’ai beaucoup porté et, à part une exception ou deux, je ne les aime pas sur moi et pourtant, les cas de figure existent. J’ai, parmi mes parfums, peu mais plusieurs orientaux quand même et, s’ils ne sont pas overdosés en vanille ou en ambre et encore moins en oud, j’ai plaisir à les porter. Tiens le oud parlons-en ! Quand cette note très particulière, qui peut se révéler très animale a commencé à se répandre en parfumerie, j’ai eu un rejet absolu et immédiat. Pourtant, lorsqu’il est travaillé avec délicatesse ou lorsqu’il s’intègre à une composition qui lui donne une belle place sans qu’il dévore les autres notes, il peut être tout à fait à mon goût. Je pense, en particulière à « Royal Oud » de Creed qui est un parfait exemple car la note est travaillée avec une douceur et une fraîcheur qui me la rendent plus que supportable, vraiment attractive. J’avais aussi une certaine appréhension avec la tubéreuse car le premier parfum que j’ai senti était « Tubéreuse » de Caron qui n’existe plus en extrait et je n’étais pas du tout près à recevoir l’opulence et l’odeur un peu médicinale de cette fleur à l’époque où j’ai découvert cette création. J’ai longtemps cru que j’étais réfractaire à cette fleur assez clivante il faut bien le dire puis sont venus « Fracas » de Robert Piguet que j’ai toujours aimé et surtout « Nuit de Bakélite » que je détestais au premier abord et que j’ai appris à aimer une fois sur ma peau. C’est un parfum que je porte énormément. J’ai encore eu un petit coup de coeur hier pour « Nuit de Tubéreuse » de l’Artisan Parfumeur hier. C’est dire si ma répulsion s’est atténuée jusqu’à disparaitre. Je me dis que j’ai drôlement bien fait d’insister et d’y revenir sans à-priori. Désormais, c’est une note que j’aime beaucoup même si je ne porterai pas tous les parfums où elle est travaillée en majeur bien évidemment. Je ne l’aime ni quand elle est trop médicinale ni quand elle est gourmande par exemple. Enfin j’allais dire pour l’instant car je ne me mets aucune barrière et je ne dis jamais… jamais !

Enfin, et pour finir, il y a en parfumerie, une idée reçue qui a la vie dure, c’est celle du genre et de l’âge d’un parfum. Je dois dire que, moi-même, j’ai été influencé longtemps par ces classifications imposées par un marketing. Il faut dire que je me suis éveillé au parfum quand il n’y avait que des parfums pour les femmes, d’autres pour les hommes et même dans les années 90, des parfums pour les brunes et des parfums pour les blondes. Je répète le mot à dessein pour montrer à quel point je me sentais porté par cela. Aujourd’hui, je trouve ça complètement ridicule et quand on me dit : « oh je n’aime pas les parfums vintage » ou « ce parfum est trop féminin alors que je suis un homme », je me dis que je peux encore réagir comme ça parfois parce que j’ai été tellement conditionné que ça persiste. Je pense par exemple que « Elisabethan Rose » de Penhaligon’s est sans doute l’une des plus belles roses du marché mais j’ai encore tendance à le trouver trop féminin pour moi et je n’oserai pas le porter, même chose pour « la Belle Saison » d’Houbigant qui est, pour moi, un chef-d’oeuvre absolu. Cela prouve que j’ai quand même encore des progrès à faire et c’est tant mieux. S’il ne me restais pas de surprises, je m’ennuierai avec cette passion ! C’est la même chose pour l’âge du parfum si j’ose dire. Par goût, je suis attiré souvent par des parfums contemporains voire très atypiques ce qui ne m’empêche pas d’aimer profondément « Diorama » qui date des années quarante ou encore l’ancienne version de « Narcisse Noir » et de « Narcisse Blanc » de Caron. Parfois, j’ai besoin de me réfugier dans des fragrances qui, si elles étaient sûrement très modernes à l’époque de leur création, peuvent sembler datées mais qui, finalement, restent intemporelles et s’avèrent être des valeurs sûres malgré des reformulations plus ou moins heureuses. Encore une fois, c’est un préjugé auquel je veux absolument tordre le cou. Voilà, je suis comme tout le monde, je ne suis pas « open » tout le temps et sur tout mais j’essaye de progresser un peu et je me fais de nouvelles envies.

J’ai écrit cet article pour répondre à Diane qui m’a envoyé un long mail il y a quelques semaines dans lequel elle me disait qu’elle aimait les parfums « dits » masculins mais que les conseillers en parfumeries, parce qu’elle est très féminine dans son look, ne la dirigeaient jamais vers telle ou telle fragrance. J’ai trouvé intéressant d’inclure ma réponse à un article sur les idées reçues et autres préjugés qui nous empêchent peut-être un peu de faire certains choix qui pourraient nous apporter beaucoup de plaisir. J’en profite pour vous remercier de rester en contact permanent avec moi et de me poser des questions ou de me faire part de vos réflexion. L’interaction est ce qui me motive à travailler beaucoup sur ce blog et j’essayerai de retenter ce genre d’exercice dans l’avenir.