Parfums Exclusifs, la collection d'extraits de Maison Laugier
Très étrangement, je n’avais pas encore découvert les quatre extraits de la collection Parfums Exclusifs de la marque lyonnaise Maison Laugier alors que je n’ai qu’à passer à la boutique, saluer Elodie, fondatrice de la marque que j’avais interviewé il y a quelques années. J’ai enfin, trois ans après leur sortie, été emporté par un univers assez différent de la collection des eaux de parfums que je vous avais présentée il y a déjà un certain temps. Je vais essayer de vous donner mes impressions car j’ai eu tout le loisir de sentir ces très jolies créations qui mettent vraiment un ingrédient en valeur. De plus, les créations sont présentées dans un très beau flacon vert épuré avec le beau logo de la marque. Alors, je vous emmène dans cet univers de belles matières et de twists inattendus qui leur donne ce petit supplément d’originalité qui a su me séduire très facilement.
Étienne, qui m’a fait découvrir la collection a commencé l’exploration par « Into The Musk » que la marque décrit ainsi : « Parfum relief éclos d’une couvée d’aurores à l’envolée éclatante et poivrée, l’enfant sauvage n’a rien oublié de ses premiers instants. Sous le frôlement sensuel d’une peau veloutée, se déclare la douceur charnelle d’un cuir élégamment lustré. Les approches de l’hiver allument dans son cœur un feu nouveau d’immortelle, il s’assouplit alors pour révéler la finesse d’un cuir pleine fleur gardant contre lui les marques de la vie. Le temps n’a rien écorché de son abondante crinière d’où s’exhale en fauves parfums toute la chaleur de cet accord fourrure. On pourrait voir dans sa tourmente que l’or de son pelage se teinte de mille couleurs incandescentes. Il est des parfums terribles, ayant l’expansion des choses infinies, comme le musc gris et la résine de benjoin qui chantent les transports de l’esprit et des sens. C’est avec pudeur qu’il confie une noble intrigue patchouli, entre la force et la douceur, entre la sagesse et l’audace. C’est en lui que repose l’éternel parfum du souvenir ». Je dois dire que j’ai été surtout surpris par l’évolution de ce parfum tout en douceur et en chaleur. C’est un parfum musqué, construit autour d’un accord fourrure pas trop animal et relevé de poivre noir. Le fond, baumé, de benjoin, arrondit la fragrance, la rend « confortable ». Pour moi, « Into The Musk » est un retour au source de la belle parfumerie fine qui est, il faut le dire, tout à fait intemporelle. La concentration élevée confère vraiment à cette fragrance, une évolution un peu longue mais toujours harmonieuse. Je l’ai trouvée très réussie et vraiment sa douceur est réconfortant.
Avec « Royal Iris », Maison Laugier revisite un thème cher aux parfumeur. Comme son nom l’indique, il met en valeur le précieux rhizome et nous emmène dans un univers tout en légèreté et en équilibre. Autour de l’iris, on retrouve un accord poudré et presque aquatique et la rondeur de l’ambrette. « Dans son œil gracieux, toute douceur était écrite. Fraîchement éclos, l’iris, fleur d’un instant, se devinait dissimulé dans sa chevelure blonde ambrée. Quand elle souriait, son visage tout entier reflétait une lumière mimosa, semblant venir d’ailleurs, que tous les yeux ne pouvaient s’empêcher d’admirer. Sa grâce de cachemire avait l’air d’un défi ; ses gestes étaient si simples et si justes que mettant sa noblesse en tout, quoi qu’elle fît, ses parures les plus humbles semblaient augustes. Son parfum, ce zéphyr aux nuances douces et enjôleuses, est celui de l’ivresse neuve des étreintes. Cet iris, elle savait le captiver ; elle l’illuminait et il le lui rendait bien. Au vent de ses jupons musqués, les passions se soulevaient. Les graines d’ambrette se laissaient deviner et, de leurs vagues délicates, attendrissaient tous les cœurs. Une sensation, une image, celle du délicat pompon qu’elle trempait dans sa poudre de riz dont les éclats fleuraient ses joues roses, qui lui donnait ce charme suranné. Les hommes du pays s’agenouillaient pour lui plaire, en la voyant venir ils couraient au-devant. Elle riait, sentant la ferveur de leurs prunelles puis passait son chemin, tranquille, légère. Partout où elle déambulait, c’est l’empreinte cédrée de son parfum plume qu’elle laissait. L’on disait au loin, qu’après avoir rencontré son sillage, on lui restait, pour la vie, attaché ». Le mot qui me vient lorsque je pense à cette découverte est « aérien ». Ici, l’iris n’est ni trop floral, ni trop vert, ni trop poudré. Il revêt des accents aquatiques. Étienne, qui me l’a présenté, a parlé d’iris près d’un lac et j’ai trouvé l’image particulièrement juste. Il y a un côté rosée sur les pétales et fraîcheur modérée. La tenue sur peau est très correcte pour un parfum qui semble si léger. Vraiment, « Royal Iris » est l’une des très belles créations autour de ce thème que j’aime.
« Il porte en lui les forêts d’avril où se succèdent pluie et soleil sur la sylve en perle. Lumière opale à travers les frondaisons, le rêveur flâne sous un dôme de bois clairs. Ses pas le mènent vers une entrevue merveilleuse, un contact avec sa terre natale de laquelle ses mains ne peuvent s’extraire. Il se tient alors nez à nez avec ces feuilles longilignes, étroites et luisantes, s’élevant sous le vent en d’élancées valseuses, au plus haut des cieux étrangers. Frissons d’ailes, frissons de feuilles, ce vétiver atteint d’un aquilon de baies roses fuyantes est un de ces souffles sages et purs qui laissent à l’esprit une trace indélébile. Saisi par le mariage harmonieux du gingembre, il se love dans ce parfum racine. Dans le creux de sa main habile, il dispose quelques feuilles de basilic dont les vapeurs légères montent dans l’air du soir ; la forêt s’endort ainsi dans les derniers murmures. Comme de longs échos qui au loin se confondent, les muscs blancs se rejoignent dans une ténébreuse et profonde unité. C’est dans ce champ à perte de vue, vaste comme la nuit et comme la clarté, que les parfums, les couleurs et les sons se répondent. Il est des fragrances fraîches et vives comme la chair et douces comme les hautbois ». Quelle bonne idée d’avoir imaginé un vétiver frais, aromatique et même épicé ! Il s’éloigne du côté terreux, voire tourbe qui nous est beaucoup proposé dans les parfums autour du vétiver. Malgré une vraie profondeur, il y a quelques chose de vraiment frais, presque « croquant » dans ce parfum. Il faut dire que le vétiver, un peu racinaire, se pare de notes épicées et acidulées de gingembres et très vives de feuille de basilic. Le résultat, lorsque le parfum a évolué est une promenade en été dans un endroit boisé et frais. J’ai beaucoup aimé ce parfum et pourtant, je ne suis pas trop dans une période vétiver.
« Once Upon A Cardamome », le dernier parfum est aussi un vrai coup de coeur. « Souveraine, feuille épaisse puis finalement graine, elle est venue des grands espaces, portée par des essences éprises de liberté. C’est l’Inde cristallisée dans un sourire de bergamote luminescent. Teintée de thé noir, elle abrite les extraordinaires paysages du Kerala où elle se plait à sentir son corps trembler de la caresse de l’herbe haute. Empreint de sa terre natale, elle n’en est pas moins aventurière. Se laissant volontiers chavirer par la mousson, elle aime prendre sur le chemin quelques graines de cumin et des écorces de cèdre en souvenir. Rêveuse, elle aime à s’entourer de fleurs de jasmin dont elle s’enveloppe toute entière, on lui retrouve alors l’élégance des mouvements d’un sari.Selon le jour, la nuit, elle poursuit ses prodigieuses métamorphoses. C’est au crépuscule, éprise de ce cade envoûtant, qu’elle envoie ses signaux de fumée dont elle contrôle parfaitement la durée et le rythme. C’est ainsi qu’elle se dévoile, sauvage et ondoyante, et se promène aux bras des couples. Elle est femme dans son attirance. Elle est homme dans sa multiplicité ». Imaginez la colonne vertébrale d’un parfum autour d’une très belle variété de cardamome noire avec des notes de bois de cade et de thé noir et vous devinerez que je me retrouve tout près de ce que j’aime toujours. Épicé, frais et pourtant sec et fumé, ce parfum en clair obscur est vraiment « pour moi ». Je le dis sans faux fuyant. Je crois bien d’ailleurs que je pourrais craquer. Il est profond, original, un peu animal mais sans excès, sombre et pourtant éclairé par cette cardamome « fringuante ». Vraiment, je suis très attiré par cette création. Je l’ai essayée sur ma peau et, bien évidemment, le développement me plait beaucoup.
Se rendre rue Thomassin, dans le 2ème arrondissement de Lyon que je connais si bien pour entrer dans la très belle boutique de Maison Laugier est toujours réaliser une très belle expérience olfactive. Tout respire la passion d’Élodie pour cet univers de la parfumerie qu’elle connait si bien. Je voudrais la remercier chaleureusement, ainsi qu’Étienne qui a si bien su faire vivre la collection pour ces découvertes signées et singulières. Quel plaisir ! Quel chance !
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