Passion Parfums

 

 

 

Depuis que Jean-Claude Ellena est devenu directeur artistique de la maison Le Couvent (ex Le Couvent des Minimes), de nombreuses et qualitatives sorties ont eu lieu et je dois dire que j’ai un oeil sur cette marque à la fois créative et éthique. J’ai donc découvert la nouvelle collection Parfums Signatures créée dont le créateur assume la paternité et qui compte trois fragrances simples et construites autour d’une belle matière hautement concentrée. Qualité et élégance sont au rendez-vous et je dois dire que je me laisserais bien tenter par l’une d’elle car, chacune porte la patte de Jean-Claude Ellena et de son goût pour les formules épurées et les belles matières.

« Ambra » est le plus oriental des trois. Il est chaud sans être trop sucré, ambré sans être trop simpliste et je le trouve très intéressant. Jean-Claude Ellena a choisi d’interpréter cette matière en clair obscur avec un côté solaire et un autre sombre et boisé. La maison ne communique pas exactement sur la pyramide olfactive mais je sens effectivement des accents cuirés de ciste labdanum et d’autres, plus tendres, d’immortelle. Je ne suis pas très attiré par les parfums dans lesquels la note d’ambre est travaillée en majeur mais il faut dire que cette fragrance à la fois simple et quand même facettée, m’a séduit par son côté très chic et délicat. La marque la décrit ainsi : « Que s’arrête le temps, que continue l’instant… Un voyage à la découverte de ces terres aux horizons lointains et aux senteurs inconnues se prépare : bienvenue aux portes de l’Orient ! Explorons des territoires olfactifs venus d’ailleurs, aussi envoûtants que sensuels. Il est temps de lever le voile sur l’ambre: essence au pouvoir magique qui nous emporte dans un souffle enchanteur et poétique. Mélange de vanille et de labdanum, voilà une fragrance qui invite à la découverte du parfum sous l’angle des émotions; véritable voyage intérieur, hymne à la méditation et à la relaxation. L’ambre, c’est le mystère et le silence comblés par l’odeur. C’est un nuage qui flotte et nous caresse d’odorantes vapeurs. C’est une source d’étoiles en plein jour, empreinte de merveilleux. Allons capturer ces vapeurs au pouvoir magique, ces notes chaudes et sucrées qui laissent sur leur passage une empreinte inoubliable. Hâtons-nous dans cette oasis d’effluves grisants et gorgés de soleil ». Pour ma part, je n’ai pas tellement senti la note de vanille pas plus que le côté un peu spirituel du parfum mais je l’ai plutôt ressenti comme un accessoire d’élégance qui complèterait une tenue du soir par exemple.

 

 

 

« Mimosa » m’a surpris car il est, contre toute attente, assez éloigné de ma zone de confort avec un côté très boisé et finalement très cèdre. « Le soleil brillera toujours au pays du mimosa. Qu’elles sont belles ces fleurs aux boutons d’or qui illuminent le ciel dans la pâleur de l’hiver, et font flotter comme un air de printemps. Que les effluves sucrées de ce pompon citron aux odeurs melon et concombre nous transportent dans des souvenirs délicieux. Que de leur parfum aux essences miellées et amandées fleurissent mille bouquets. Voilà que sa poudre d’or caresse et réchauffe la nature endormie. Insolent de beauté, le mimosa couvre de pollen la nature givrée comme une véritable gourmandise des beaux jours… une explosion de senteurs florales, subtiles et mystérieuses qui nous grisent et nous charment. Saluons ces senteurs poudrées et ces notes suaves qui nous cueillent par le nez. Embarquons pour un voyage des sens au pays de la Provence à la rencontre de cette fleur au doux nom, qui chantonne à notre oreille, comme une brise de mer ou un murmure d’abeille ». Je m’attendais un peu à une déclinaison de « Mimosa Tanneron » que le parfumeur a créé l’an dernier pour Perris Monte Carlo et bien pas du tout. C’est un mimosa très frais, absolument pas poudré mais avec une facette amande très prononcée qui est venu à mes narines. Cette « poussière de pollen » comme le chante Véronique Sanson est à la fois très naturaliste et extrêmement proche de ce que j’ai pu sentir à Mandelieu-La-Napoule à la fin de l’hiver alors que la fleur commençait à éclore il y a quelques années. Je n’aime pas tellement l’odeur du mimosa dans la nature et je lui préfèrerais une interprétation en parfumerie plus stylisée mais je dois admettre que je trouve « Mimosa » très naturaliste et très réussi.

 

 

 

C’est l’année de la tubéreuse, n’en doutons pas, étant donné les sorties que j’ai découvert depuis plusieurs mois et le lancement de « Tuberosa » m’a semblé parfaitement logique. Jean-Claude Ellena en donne une interprétation plutôt fraîche et profonde. Sa dualité avec le côté à la fois lacté et épicé du bois de santal m’a surpris. Les mots du parfumeurs pour en décrire l’inspiration sont les suivants : « Dans l’ombre des jours, il est une fleur qui conte son histoire durant la nuit. Extrêmement sensuelle, c’est dans l’ombre et l’obscurité qu’elle exhale ses plus beaux arômes. À mesure que la nuit s’avance, la tubéreuse nous narre une histoire.

20 h 09 : la reine des fleurs se réveille doucement et irradie dans la nuit noire. Elle nous saisit par ses notes fraîches de pêche qui deviennent musquées et sucrées; effluves hypnotiques et tentatrices qui font tourner la tête et égarent.

22 h 11: le temps est venu pour la tubéreuse de dévoiler toute sa gourmandise, nous enveloppant totalement dans un bouquet épicé, entre clou de girofle et noix de muscade, qui emplissent l’âme d’une sensualité certaine et attise le désir.

23 h 40 : voilà que les effluves épicées s’évanouissent au profit de la vanille et de l’héliotrope. Deux senteurs qui enserrent nos corps, les pénètrent de volupté et invitent au rapprochement dans la nuit déjà engagée. Un bouquet de fragrances qui nous exalte, un concert de senteurs que joue cette souveraine oubliée, une mélopée sensuelle qui révèle le parfum d’une nuit secrète et se termine à minuit. Passant de l’ombre à la lumière, le jour venu, elle rayonne de beauté et baigne notre peau de soleil ! » Pour avoir visité les champs de tubéreuse à Grasse il y a déjà une dizaine d’années, je trouve que le rendu est tout à fait réaliste. « Tuberosa » est la fragrance que je préfère dans la collection parce que je retrouve complètement l’effluve naturelle et même naturaliste de cette fleur aux facettes nombreuses et que l’on peut exploiter de mille manières. Délicieux et dansant, « Tubérosa » éloigne le côté un peu trop « médicinal » de la fleur pour ne garder que l’impression de pétales à différents stades de l’éclosion. C’est, pour l’instant, mon coup de coeur dans la collection.

 

 

J’espère que cette collection aura du succès et que cela donnera à Jean-Claude Ellena l’envie de créer d’autres fragrances. En tout cas, c’est sans surprise mais celle-ci, c’est carton plein. Je trouve les trois parfums réussis, uniques et pleins de promesses. J’ai beaucoup aimé les découvrir et je trouve qu’ils s’harmonisent parfaitement avec un packaging sobre et élégant qui donne ses lettres de noblesse à la maison Le Couvent.