Passion Parfums

Lorsque l’une d’entre-vous, Diane, très passionnée, m’a proposé de remettre mon nez dans la collection crée par Michel Almairac pour Parle-Moi de Parfum, la marque qu’il a créé avec son fils en 2016, j’admets bien volontiers que j’étais dubitatif. J’en avais découvert quelques uns dans la boutique qui se trouve, il me semble, rue de Sévigné, dans la Marais à Paris. Je crois d’ailleurs qu’il y en a une autre rive gauche, rue du Four. Je n’avais pas été tellement convaincu en dépit de l’excellent accueil qui nous avais été réservé. Je n’avais pas vraiment trouvé de parfum qui me plaisait. Je trouvais que rien ne sortait des sentiers battus et je dois bien dire qu’il m’a fallu un peu me motiver pour faire des essais en vue d’écrire cet article. Et bien, j’avais tort car il y a quelques pépites. Bien sûr, il ne faut pas attendre une identité exceptionnellement marquée mais les jus sont bien réalisés, impeccables et certains se rapprochent pas mal de mes goûts. J’ai donc décidé d’aller au bout et d’en sélectionner quatre sur les 16 existant actuellement que je pourrais parfaitement porter.

Michel Almairac

C’est en 2017 que Michel Almairac crée « Chypre Mojo/45 » qui s’avèrera être celui de cette famille olfactive qui lui parle le plus. Pour ma part, j’aime bien les parfums chyprés et il a été le premier que j’ai posé sur ma peau. « Le Chypre est né en 1917, notre Chypre Mojo en 2017. Un siècle à chercher, explorer, formuler afin d’isoler l’atome séduction du Chypre, synonyme d’un pouvoir d’attraction surnaturel, d’un sex appeal à son apogée. Chypre Mojo est la quintessence provoquant quasi-instantanément une forme d’addiction à cet accord de Bergamote, d’Oeillet, de Mangue et de Patchouli ». Pour moi, c’est certes un parfum appartenant à cette famille olfactive mais d’une manière à la fois plus linéaire et modernisée. En effet, dès le départ, on sent le départ de bergamote mais il est extrêmement fugace puis le coeur floral et fruité avec la présence d’une note de mangue très présente et qui adoucis le côté parfois épicé de la rose et de l’oeillet se fait sentir avant que le parfum ne se pose sur un fond de patchouli un peu solinote et sans mousse de chêne. Je trouve que c’est une jolie création et je pense que je pourrais la porter mais il y a un bémol. Il me semble avoir déjà senti ce genre de parfum. La seule chose qui vraiment me le ferait préférer est ce fond franc de patchouli pas trop boisé qui laisse le coeur s’exprimer.

« Levez-vous de bonne heure un matin de Juin. Cueillez quelques bourgeons de Jasmin, laissez-les éclore avant d’en extraire leur Absolu ; Admirez les champs de Tubéreuses durant l’Été et attendez l’épanouissement total de cette fleur d’exception au début de l’Automne ; Vous y êtes presque! Distillez quelques morceaux de Santal jusqu’à ce que la première goutte de son essence vous transporte instantanément dans son univers boisé et onctueux ». Parmi les bests de la marque, il y a « Gardens of India/79 » que Michel Almairac a créé en 2019 et qui est, il faut le dire, une ode au jasmin sambac. Le parfumeur mentionne qu’il lui a fallu plus d’une vingtaine d’années de recherches de la matière première idéale et d’essais pour créer ce parfum qu’il considère comme idéal. Sur ma peau, il faut le dire, le jasmin et la tubéreuse se répondent vraiment beaucoup et, durant une partie de l’évolution, il n’est pas sans me plaire et me faire de l’oeil mais, au bout de quelques temps, le santal devient vraiment prégnant et c’est sa facette lactée, presque crémeuse, qui se développe. Ce n’est pas ce que je préfère et je dois dire que ça me gâche un peu le plaisir. À la question de Diane qui me demande si je pourrais le porter, je répondrai non ou sur un temps court car il a un peu tendance à m’entêter sur la fin.

La racine d’iris et son côté à la fois terreux et poudré en solinote, il fallait oser. Michel Almairac a créé « Orris Tattoo/79 » en 2018 et je le trouve vraiment intéressant. « Un vrai retour à la belle parfumerie, un hommage à l’une de ses matières premières naturelles les plus rares, l’Iris. Les fleuristes raffolent de ses fleurs, nous de ses racines. Trois ans en terre, trois ans à sécher, puis broyées et distillées pour au final obtenir non pas une essence, mais du beurre d’Iris. Sans aucun doute le plus cher au monde ! Orris Tattoo est une marque olfactive indélébile, un symbole de reconnaissance universel, un moyen d’expression à part entière comme des tatouages sur un corps humain ». Linéaire, brut, très intéressant sur la peau, ce parfum m’a quand même séduit. En revanche, le parfumeur l’a voulu très enveloppant mais, sur moi, il a tendance à devenir vraiment léger au bout d’une demi-heure. Je sais, ma peau n’est pas forcément une référence mais j’ai été un peu déçu par la tenue. La marque ne communique pas sur la pyramide olfactive qui existe forcément, se concentrant sur l’iris comme matière première quasi-unique. C’est un très beau parfum, probablement celui que j’ai préféré dans cette maison mais je regrette qu’il ne matche pas très bien avec ma peau. C’est le jeu. Ça arrive.

Contre toute attente, le parfum qui m’a le plus donné envie est « Papyrus Oud/71 » que Michel Almairac a créé en 2018 et que la marque décrit décrit ainsi : « Réminiscence du passé ? Plutôt de l’avenir. Papyrus Oud / 71, c’est un point de rencontre entre deux espaces-temps. Souvenir d’un succès incontournable de notre parfumeur lancé en 2003, Papyrus Oud / 71 est le futur de cet accord, le passé modernisé, l’élève dépassant le maître, du néo-rétro inimitable par nul autre que Michel Almairac. Géographiquement, disons culturellement, cette note est le point de rencontre idéal entre Moyen-Orient et Occident. La tradition spirituelle des encens et bois précieux dont le Papyrus, emblème de la basse Egypte et de la Renaissance, est le point d’orgue, travaillée avec la subtile délicatesse des accords occidentaux. Une balade sur le Nil avec vue sur la Tour Eiffel. Un Palais oriental en plein cœur de Hyde Park. Laissez votre esprit vous transporter au cœur de ce voyage inédit ». Complexe, déroutant, il me laisse penser que j’aime la note de papyrus surtout lorsqu’elle est traité au sein d’une composition complexe et contemporaine. C’est le cas ici. Sur ma peau, le parfum se fait tout à tour végétal, aromatique avec des notes de lavande et d’armoise soutenues par le basilic, boisée et mentholée par le géranium au coeur puis franchement cuiré dans le fond. Serait-ce un oud sans oud ? Le patchouli remplace avantageusement cette matière. Vraiment, il m’a beaucoup plu et je le réessayerai en hiver.

Je n’ai pas senti « Wake Up World », la nouveauté car elle ne faisait pas partie du kit mais j’irai y mettre mon nez lorsque je retournerai à Paris. En tout cas, je remercie Diane chaleureusement de m’avoir envoyé ce set d’échantillons que je vais lui rendre bien vite et je comprends son coup de coeur pour « Chypre Mojo/45 ». C’est une jolie création, très contemporaine. Ceci dit, le parfum que je préfère de tous les temps de Michel Almairac reste, il faut le dire, « Minotaure » qu’il avait créé pour Paloma Picasso et dont je suis un peu nostalgique.