Passion Parfums

Il est des maisons de parfumerie indépendantes qui me donnent envie pour plein de raisons. D’abord par la qualité de leurs créations, tant du point de vue des matières premières utilisées que de l’inventivité des parfumeurs qui les composent. Ensuite, il y a la philosophie imprimée par la marque que je trouve tout à fait adéquate et conforme à ce que je pense lorsque la récolte, l’extraction et le traitement des matières premières se font d’une manière éthique. Je ne m’étais sans doute pas posé ce genre de question avant d’entendre, lors d’une soirée créateur à Lyon organisée à l’Atelier Parfumé il y a quelques années, avec Gian Luca Perris qui nous a expliqué comment il travaillait, comment il vivait la recherche de la matière première qu’il souhaitait, comment il travaillait en lien direct avec les locaux partout dans le monde. De cette rencontre à la fois chaleureuse et édifiante est née ma curiosité pour sa marque et mon intérêt n’a fait que grandir au fur et à mesure que je découvrais son travail. Comme quoi, parfois, une rencontre humaine peut-être le point de départ de quelque chose.

 

 

 

Perris Monte Carlo est, l’une des marques de parfumerie indépendante qui me correspond le plus. Il est tout de même rare que je porte, et toujours avec le même plaisir, plusieurs parfums d’une même maison et pourtant c’est le cas. Je vous ai déjà parlé en détail de certaines créations. Je vais y revenir brièvement en citant « Ylang Ylang Nosy Be » qui est vraiment mon parfum et que j’aime énormément. J’ai toujours dit que s’il ne devait en rester qu’un (j’espère que ça n’arrivera pas tout de même) ce serait celui-là. J’ai eu également l’occasion de porter « Cacao Aztèque », le plus ethnique, le plus atypique de la collection. Je lui ai également consacré un article entier car c’est une des créations qui marquent un passionné de parfum. C’est également le cas pour « Patchouli Nosy Be » qui est, sans aucun doute, le parfum qui met cette matière première en avant que je préfère. J’ai beaucoup aimé, il y a deux ans la collection italienne avec « Mandarino di Sicilia », « Bergamotto di Calabria », « Cedro di Diamante » rejointe l’an dernier par « Aranja di Sicilia ». Toujours en 2019, j’ai été très surpris, je l’ai dit par les deux créations de Jean-Claude Ellena pour la collection des Parfums de Grasse. Que de belles choses… Difficile de faire un choix mais pour cet article, j’ai décidé de donner mes impressions sur un parfum de chaque collection.

Je vais commencer par « Ambre Gris » lancé en 2012 et issu de la Gold Collection car il m’a toujours beaucoup plu et je dois dire qu’il m’a énormément surpris. C’est un parfum ambré… sans ambre ! Un coeur d’iris, de géranium et de clou de girofle lui confère une certaine légèreté malgré des notes de fond plus rondes de labdanum, de benjoin, de muscs blancs et de vanille qui conduisent. C’est un parfum qui reste oriental mais garde une certaine légèreté, presque une fraîcheur. Je crois que c’est l’un des rares parfums de cette famille olfactive complètement portable en été. Jamais entêtant, toujours élégant, il est, peut-être mon préféré de la collection aussi parce que je l’ai déjà senti sur quelqu’un lorsqu’il l’a essayé et que j’ai trouvé qu’il lui allait vraiment très bien. Ce n’est pas forcément un parfum pour moi. Je porte difficilement les orientaux vanillés car j’en ai, sans doute été un peu saturé lorsque j’étais plus jeune mais « Ambre Gris » pourrait faire exception à la règle tant il est réussi.

 

 

 

J’aurai pu choisir n’importe lequel des parfums de la Black Collection mais il me faut revenir sur « Cacao Aztèque » lancé en 2017 car, que ce soit en eau de parfum ou en extrait (sur cette fragrance, j’ai une petite préférence pour l’extrait), il est d’une telle originalité, d’une telle créativité que je le trouve vraiment unique. Gian Luca Perris, lorsqu’il a voulu travailler la fève de cacao et la vanille n’est jamais tombé dans l’écueil d’inventer un énième parfum gourmand. Celui-ci est épicé, il a des accents boisés et intenses. Au début, on est complètement surpris par l’envolée de poivres noir et rose et de cardamome qui donnent le ton de ce parfum complètement hors norme et qui vont rester (en tout cas sur ma peau) tout au long de l’évolution tout en s’enrichissant de notes de rhum, d’orchidée et d’une tubéreuse à la fois riche et discrète. Le fond met en valeur la fève de cacao brute adoucie par des muscs blanc et du bois de santal. Je n’aurais peut-être pas choisi « Cacao Aztèque » de prime abord pourtant je suis vraiment content de l’avoir porté car je l’ai adoré. Je ne suis pas le seul apparemment car, autour de moi, il a fait école et je connais plusieurs personnes qui se le sont approprié. C’est un parfum que je reporterai volontiers dans l’avenir. C’est à l’étude.

 

 

 

Difficile pour moi de faire un choix parmi les créations de l’Italy Collection car, si de prime abord, je n’étais pas tellement attiré par les parfums hespéridés, j’avoue qu’elles m’ont réconcilié avec cette famille olfactive tant je les trouve réussis. Entre « Arancia di Sicilia » et « Mandarino di Sicilia » lancé en 2018 mon coeur balance mais je vais plutôt vous parler du second car il a été mon coup de coeur lorsque nous avons découvert la collection. Pour moi, il représente complètement la mandarine dans tous ces états, verte, orange, son jus, son écorce, qu’elle soit fraîche ou confite. Dans les notes de tête, on retrouve même de l’orange amère et du petit grain du Paraguay. Les notes de coeur sont plus surprenantes (jasmin, géranium et fleur d’oranger) et on évolue vers un fond de musc, de cédrat et d’ambre. « Mandarino di Sicilia »  n’est pas un parfum hespéridé classique, c’est une vraie construction olfactive, profonde, nuancée. De plus, la tenue est exceptionnelle pour un parfum de cette famille. C’est, pour moi, un coup de coeur.

 

 

J’ai déjà évoqué les deux créations de Jean-Claude Ellena pour la collection des Parfums de Grasse lancées en 2019 et largement décrit le plaisir que j’ai à sentir « Jasmin de Pays », donc je vais revenir sur « Rose de Mai » dont j’avais déjà parlé mais tant pis. C’est une rose qui garde une certaine fraicheur, avec des notes d’immortelle et de géranium autour d’une très belle rose à la fois profonde et légère. Je trouve que c’est un beau travail vraiment, tout en délicatesse, en finesse comme sait le faire Jean-Claude Ellena. Je crois qu’elle remporte un certain succès et je n’en suis pas étonné car elle est très différente des autres créations autour de la rose que l’on trouve en parfumerie même dans des marques d’auteurs. Si ma préférence va au jasmin car j’ai un faible pour cette fleur, j’aime aussi énormément « Rose de Mai ».

 

 

En résumé, je dirai que j’aurais pu évoquer bien d’autres créations de la marque et vraiment, je salue Gian Luca Perris pour son travail formidable à tous les étages de la création et de la production.