"Pasha", "Déclaration" et "L'Envol", trois parfums emblématiques de la maison Cartier
La maison Cartier est surtout connue pour sa joaillerie et son horlogerie mais, depuis 1981, elle compte aussi dans le monde de la parfumerie. Depuis lors, elle a lancé 110 parfums et a recruté un nez qui compose désormais toutes ses fragrances. J’ai nommé Mathilde Laurent. Si j’ai une vraie attirance pour « Le Baiser du Dragon » qui a eu, un temps, les honneurs du rayon féminin des parfumeries et dont j’ai déjà parlé dans mon article sur le vétiver, ce sont trois masculins iconiques et emblématiques de la marque que j’ai redécouvert ces derniers temps et je me suis dit que ça valait bien un article. Il s’agit tout d’abord de « Pasha » puis de « Déclaration » et enfin de « L’Envol » dans leur forme originelle car ils ont été, depuis déclinés de nombreuses fois mais nous y reviendrons. Retourner aux origines a été, pour moi, un petit plaisir que je ne vais pas bouder. Allez, je vous emmène au rayon masculin pour redécouvrir trois jus légendaires de la maison Cartier.
« Pasha » a été lancé en 1992 et il est l’oeuvre de Jacques Cavallier décrit par la maison Cartier de la façon suivante : « Un accord "fougère" classique qui souligne la majesté de la lavande, fraîche et lumineuse, contrastée par la profondeur boisée du patchouli ». Le départ de lavande et de menthe est épicé d’anis et d’une touche très fruitée de cavi et héspéridé de mandarine, le coeur de palissandre du brésil est posé sur un fond de bois de santal, de siste, de mousse de chêne et de patchouli. Il compte, à ce jour, six déclinaison dont une version parfum réinventée par Mathilde Laurent en cette année 2020. Très audacieux, avec une concentration eau de toilette tout à fait suffisante pour moi tant en terme de sillage que de tenue, il a presque un côté fruité et profond. Atypique certes, je pense qu’il aurait eu un franc succès dans une marque moins conventionnelle tant il était, au début des années 90 où les orientaux revenaient à la mode y compris dans la parfumerie masculine avec le succès de « Égoïste » de Chanel. C’est un aromatique boisé, épicé, puissant. Son développement sur ma peau est assez étonnant et d’une impressionnante modernité. Il a des accents à la fois boisés, lavandés et poudrés. Si je l’avais senti uniquement sur une touche en carton, je n’aurais pas remarqué à quel point il est facetté et étonnant dans son évolution. J’avoue que j’avais été attiré plus d’une fois par son flacon que je trouve particulièrement réussi mais que je ne l’avais jamais vraiment essayé, un peu rebuté par les notes de tête. Sur ma peau, j’aime beaucoup la facette poudrée. Pour moi, par rapport à « Déclaration » dont je parlerai dans la seconde partie de cet article, il est plus difficile d’accès et beaucoup moins « classique » si j’ose dire. Je pense qu’aujourd’hui, « Pasha » est toujours autant dans l’air du temps et je ne suis pas surpris que la marque ait décidé de le sortir en concentration parfum dans une version modernisée. J’ai moins aimé que l’original mais c’est tout de même un beau parfum.
Créé par Jean-Claude Ellena et lancé en 1998, « Déclaration » est sans doute l’un des parfums vendus en chaîne qui a su conserver plus de vingt ans après, le plus de fidèles. La marque le décrit ainsi : « Un parfum de vérité, pour dire les choses qui comptent… Un parfum pour un homme sûr de ses choix, sûr de ses sentiments. Un parfum d'émotions, que l'on n'oublie pas ». Dans la formule de ce jus, Jean-Claude Ellena a décidé renouveler le style chypré avec une création très moderne (et qui l’est restée), élégante et complexe. Le départ de bigarade et de bergamote est presque cuiré avec une note de bouleau et épicé de carvi et de coriandre, le coeur, construit autour de l’iris et sa racine intense est rehaussé de notes de cardamome, de poivre, de gingembre, de genièvre et de cannelle et adouci d’un accent de jasmin. Le fond de mousse de chêne, thé noir et vétiver est légèrement cuiré et légèrement ambré. « Déclaration » est assez difficile à définir. Pour moi, c’est vraiment une construction chyprée et un peu cuirée autour d’une note d’iris omniprésente et chic. Pour moi, il est un peu le pendant masculin de « First » que Jean-Claude Ellena avait créé pour Van Cleef & Arpels des années auparavant dans le sens où il est intemporel, fédérateur et qu’il va plaire à des hommes pour qui l’élégance n’est pas un vain mot. Son succès est indéniable et s’il a compté pas moins de onze flankers depuis sa création, il demeure seul avec « Déclaration d’Un Soir » lancé en 2011 et créé par Mathilde Laurent qui en a donné une variante très chic également mais, pour moi, c’est un parfum à part entière assez différent de l’original et je ne vais pas développer mes impressions ici car je serai un peu hors sujet. Pour en revenir à « Déclaration » l’original, je l’imagine très bien porté avec un costume chic et une écharpe en soie autant qu’avec un pull à col v et un jean. C’est un parfum très facile à s’approprier mais qui garde une belle identité. Il a également une bonne tenue et un sillage un peu modéré. En tout cas, je suis très heureux de l’avoir redécouvert.
Créé par Mathilde Laurent en 2016, « L’Envol » est un masculin qui sortira, une fois n’est pas coutume, d’abord en eau de parfum avant d’être décliné l’année suivante en eau de toilette. La marque le décrit ainsi : « S’affranchir des sensations connues, c’est là tout le pouvoir du parfum masculin L’Envol de Cartier. Une fragrance telle une substance active pour prendre son envol ». Je le trouve assez indéfinissable. C’est comme s’il était la synthèse des deux précédents avec un twist très différent. L’envolée est très aromatique avec des notes de lavande, de sauge sclarée et d’armoise, un coeur de feuille de violette poivrée et un fond d’iris, de patchouli et de vétiver avec un petit côté miellé et musqué. J’ai beaucoup aimé son évolution sur ma peau. C’est un très joli duo d’iris et de violette travaillé de manière à la fois boisée et très profonde. Plus moderne que « Déclaration », plus facile à porter que « Pasha », l’eau de parfum est très réussie et nous emmène dans un univers olfactif un peu hybride qui m’a beaucoup étonné pour un parfum vendu en enseignes. Je pense qu’il gagne à être essayé.
Il existe bien évidemment d’autres masculins et nombre de féminins chez Cartier mais je me disais que revenir aux fondamentaux de la première « cible » était assez intéressant et j’ai pris beaucoup de plaisir à découvrir (car ce n’est pas vraiment une redécouverte) et surtout à porter ces deux créations aussi différentes puissent-elles être. Je pense que si je devais en porter une, ce serait tout de même « Déclaration » qui est plus proche de ma zone de confort olfactif. En tout cas, je me suis attaché à faire consciencieusement un essai et j’ai bien aimé. Je pense que Cartier est l’une des marques mainstream à sentir et à découvrir (ou redécouvrir) mais il vaut mieux essayer, comme toujours, les parfums sur soi que de les sentir vite fait sur une touche au milieu d’autres choses.
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